CamilleG

Bébé dort partout, tout le temps ?

Mais qui est le gros mytho (ou la grosse mytho) qui a pondu une telle légende urbaine ? Si c’est le cas de votre chérubin, passé les trois premiers mois, grand bien vous fasse, mais si c’est pour dormir uniquement dix, quinze minutes, il n’y a pas de quoi se vanter, franchement pas. Les vraies siestes, les spécialistes du sommeil formés vous le diront, durent entre quarante minutes et deux heures, et d’une traite s’il vous plait. Sinon cela ne rime à rien et ce n’est pas moi qui le dis.

Cette légende, j’y croyais plus fort qu’à celle du prince charmant, bébé allait s’endormir en toutes circonstances, n’importe où, n’importe quand et même n’importe comment. Que ce soit en saut en parachute, en métro, en boite de nuit…Moi qui imaginais qu’un bébé s’assoupissait en un rien de temps pour une durée indéterminée, j’étais finalement bien loin de la réalité. Alors oui c’est le cas, à zéro mois ! Ou alors, cela arrive aux progénitures insensibles au bruit (sans pour autant être malentendants ?).

Par pitié, laissez tomber les « il faut les habituer aux bruits, les bébés ça dort partout ». NON. C’est FAUX. ARCHI FAUX.

Bon d’accord, je le reconnais, certains arrivent à roupiller n’importe où sans conditions, cela s’inscrit sûrement dans leur nature. Mais quel pourcentage représentent-ils ? 2% ? Mais d’autres non et c’est clairement ce qui se passe chez nous. Qu’est-ce que j’en ai marre des sous-entendus qui laissent transparaitre que j’ai mal fait, ou loupé quelque chose. J’ai fait de mon mieux et j’ai suivi le rythme de bébé et mon rythme aussi, faut pas se mentir.

Notre bébé, je l’ai portée, en porte-bébé, en écharpe et j’en passe durant ses six premiers mois, pour TOUTES ses siestes. Plus de trois heures par jour, contre moi, en pleine lumière, au début, dehors ou dans toutes les pièces de l’appartement, sauf les toilettes bien entendu, et même avec de la musique, la machine à laver en route, la télé allumée avec Netflix en fond sonore, bref j’ai vraiment tout testé. Puis, aux alentours des deux, trois mois, elle devenait plus compliquée à endormir lorsque le jour pénétrait dans la demeure. Bizarre. Du jour au lendemain, comme ça, d’un coup, sans signes avant-coureurs.

Les siestes en porte-bébé se sont alors transformées en enfer. Il fallait du noir total et aucun bruit. Une petite musique ça passait mais terminé la luminosité de la télé, les tapotements sur le clavier de l’ordinateur et toutes autres distractions. En plus de ça, impossible de rester immobile, il fallait que je sois en mouvement perpétuel, debout ou sur une chaise qui tourne et que je fasse ce que j’appelle ma gymnastique. Tout ça, pendant trois à quatre HEURES par jour. Mes cuisses, mon dos, ont pris cher.

Dormir dans une poussette ou dans la voiture ? Oui les trois premiers mois, et encore pas tout le temps, ça pouvait fonctionner. Maintenant, Madame souhaite ce qu’il y a de meilleur : MAMAN mais dans la pénombre.

Résultats ? Dépression. Pas la post-partum, non celle où tu as l’impression que tu ne fais rien de ta vie et que tu es une grosse merde. Cloitrée chez moi, dans le noir, à ne rien faire à part surveiller l’heure et prier pour que les voisins ne tombent pas de leur chaise, j’étais chaque jour, un peu plus triste. Stress, appétit coupé, je devenais plus mince qu’avant de tomber enceinte. Incroyable.

Puis j’ai craqué et je me suis dit qu’il était temps de faire évoluer les siestes.

Que cela ne pouvait plus durer. Je n’avais plus un tout petit bébé qui avait besoin d’être collée H24 à moi. Aidée par mon mari et la coach de sommeil pour enfant, Fée Dodo, j’ai mis en place une toute nouvelle stratégie de siestes aux six mois de notre petit ange. Quinze jours plus tard, elle dormait dans un lit, notre lit mais c’était un bon début, même s’il fallait chanter et tapoter son dos pendant dix à quarante minutes. Deux mois plus tard, elle pionce dans son lit à barreaux, dans notre chambre et s’endort presque de façon autonome. En cinq minutes, c’est réglé. Je revis.

Je ne vous cache qu’au début elle dormait beaucoup moins qu’en porte-bébé, elle ne faisait que des siestes de quarante minutes, putain de nombre maudit. Genre QUARANTES minutes, pas une minute de plus, ni de moins. C’est la conséquence d’un endormissement non autonome vous expliqueront les spécialistes du sommeil pour bébé. Sauf que pour atteindre au moins trois heures de siestes par jour, il faut, dans ce cas, au moins quatre siestes ! QUATRE bordel !

Et que ça baille sans arrêt car elle n’est pas assez reposée après si peu de temps. Et qu’une heure plus tard elle crie de fatigue. L’angoisse. Je passais mes journées à tout chronométrer et à surveiller l’horloge. Je devins une psychopathe des horaires et calculs mentaux pour savoir à combien de minutes précises elle en était. Je suis certaine que si j’ai un contrôle en math, je me taperai des 20/20.

Bébé ne dormant nulle part ailleurs que dans un lit, enfin je n’ai pas tout testé non plus mais cela me parait logique, ça limite les sorties.

Il aura fallu attendre plus de sept mois et essayer de nouvelles techniques pour que notre fille dépasse les fameuses et diaboliques quarante minutes. Et ça a changé notre vie, surtout la mienne.

Quand j’entends « regarde le bébé là, il dort dans sa poussette, dehors, en plein jour ».

Oui je vois, merci, j’ai des yeux et un cerveau qui sait analyser. Mais pouvons-nous aller au-delà des apparences ? A-t-il seulement dormi avant ? N’est-il pas en manque de sommeil ? Ma fille aussi finit par s’endormir d’épuisement dans une poussette si elle n’a pas eu le quota de sommeil depuis le début de la journée. Dois-je pour autant me vanter de la voir tomber de fatigue dans sa voiturette ? Non. Le lit permet un sommeil récupérateur, plus profond et c’est le mieux pour un bébé, si j’en crois les coachs sommeil.

Certes, chacun fait comme il peut et veut. Regardez, j’ai passé six mois à la faire dormir la journée en porte-bébé, n’arrivant pas à la coucher dans un lit.

« Tu n’as qu’à le ou la laisser pleurer dans son lit (ou autre part) »

Hello les gens chelou qui ne sont pas au courant des avancées des neuroscience au sujet des pleurs et de leurs conséquences, graves, sur le cerveau mais pas que. Je ne rentrerai pas dans ce débat, chacun ses valeurs, chacun ses techniques et chacun ses envies MAIS SURTOUT chacun son ouverture d’esprit. Au 21e siècle, entendre pareille connerie, cela ne m’étonne pas que des assistantes maternelles finissent par filer du Destop aux bébés. Faudrait penser à former les gens, leur donner des livres à étudier et à les faire s’intéresser aux études scientifiques concernant ces petits êtres.

Alors oui, j’ai laissé pleurer deux fois, de trop, pendant quelques minutes, bébé dans le lit. J’ai cru mourir de chagrin et j’étais hyper énervée ce jour-là de ne pas réussir à l’endormir alors je me suis dit que ce n’était peut-être pas un conseil si con. Bah si ça l’était.

Que les parents qui se vantent avec leur « je laisse bébé pleurer à chaque fois et maintenant tout roule il s’endort seul et sans rien dire ». LOL. Oui bébé refoule ses émotions et sa confiance en ses parents diminue. Bravo, y’a de quoi être fier. Tout ça pour « éviter de gérer » bébé. Dans ce cas, je ne dirai pas « toujours plus » mais bien « TOUJOURS MOINS ». Ce n’est pas à bébé de s’adapter à notre mode de vie, mais clairement l’inverse, les premiers mois de sa vie. Cela dit en passant, adopter un poisson rouge leur aurait été peut-être plus convenable. Ils auraient ainsi pu être libres de mener leur vie « comme avant ».

Faire des concessions pour son mari, son boulot mais pas pour son bébé ? Ou alors uniquement sur certains points. Hors de question pour moi, c’est tout ou rien. Je suis de ces gens qui voient blanc ou noir mais jamais gris. Suis-je excessive ? Effectivement. Et je sais bien que cela n’est pas facile à vivre pour mon entourage.

J’ai souvent lu, qu’avec le développement de la motricité et autres acquisitions, bébé arrivait à dormir mieux et plus facilement. Sauf durant les phases de « régression de sommeil ». Quelle expression péjorative qui signifie que bébé arrive à ramper, à marcher etc. Bébé ne régresse pas, il évolue, positivement et a tellement hâte de continuer à tester toutes ces nouveautés, que son sommeil s’en retrouve perturbé. Et nous alors ? La veille d’un départ en vacances, d’un événement stressant comme un examen ? Excité ou anxieux, notre sommeil connait les mêmes ennuis.

Désolée mais ils n’ont pas encore inventé un somnifère pour enfant. En attendant, il va falloir prendre son mal en patience. Après tout, les siestes n’ont pas la vie éternelle. Et nous non plus d’ailleurs.

Finalement, ce qui est important c’est l’équilibre de l’enfant, pas les avis des uns et des autres sur les manières de faire avec sa descendance…

(mais je maintiens qu’un lit reste le meilleur endroit pour dormir, une fois les première semaines passées héhé et SANS LE LAISSER PLEURER).

Et puis zut, on ne laisse pas bébé dans un coin !