Ce n’est pas un secret, autrefois je posais devant l’objectif, même si cela m’arrive encore pour créer du contenu pour mon blog ou mon Instagram. Honnêtement j’y prends de moins en moins de plaisir, je préfère me retrouver de l’autre côté. Avec mon activité professionnelle je suis amenée à gérer de A à Z des shootings photos. Cela veut dire que je dois entre autres trouver : le studio, le photographe, la ou le mannequin, la maquilleuse, le coiffeur, et m’occuper du stylisme, une mission que j’adore depuis peu. J’ai eu l’opportunité, lorsque je travaillais comme agent de photographes à Paris, de participer à d’importes productions photos et vidéos pour des marques de voitures ou encore de cosmétiques.
Ces derniers mois je me suis concentrée sur une marque française de prêt-à-porter pour femmes mais aussi sur celle d’une cigarette électronique. Mais attention, pas n’importe laquelle, il s’agit d’un produit aux e-liquides bio et 100% naturels. Je ne suis pas fumeuse mais cela pourra intéresser celles et ceux qui tentent d’arrêter ou qui veulent éviter les pépins de santé liés aux ingrédients néfastes. Si cela vous intéresse, je vous en parlerai quand le produit sera sorti (fin d’année 2020 si tout va bien).
Dans cet article, je vais tâcher de présenter les principales étapes de la mise en place d’un shooting. Sans oublier de raconter quelques anecdotes, pas toujours marrantes.
Le choix du photographe
La première question à se poser, et elle vaut également pour toutes les étapes, est celle du budget. Malgré ce que l’on peut penser, de bons photographes restent abordables, c’est-à-dire qu’on peut en trouver à 2 000 euros la journée (mais moins cher aussi). Certains atteignent les 4 000, voire 5K parce qu’ils s’entourent d’assistants. Un assistant lumière, celui qui place les lampes et les flashs (ils sont parfois deux), un assistant ordinateur, il contrôle que les photos ne sont pas floues par exemple. Plus l’équipe est développée plus la facture le sera aussi. Logique.
Une fois, pour une jaquette d’album CD, j’ai bossé en tant que mannequin avec un très célèbre photographe, il avait au moins trois assistants sur le plateau. Je trouvais vraiment étrange qu’il arrive une fois que tout était mis en place et qu’il n’ait plus qu’à appuyer sur le bouton. Enfin j’exagère, il contrôlait tout de même le travail avant de se lancer dans le shooting. C’est dommage que ces grands noms ne créent pas de liens avec les mannequins. C’est presque gênant de se retrouver face à un inconnu qui arrive à la dernière minute. Peut-être que cela dépend des shootings…
Pour les derniers shoots que j’ai gérés, je suis passée par un photographe avec qui je suis devenue amie, sept ans que nous travaillons ensemble ! Il me fait même des prix : une journée à moins de 1 000 euros.
Certains professionnels voudront faire payer à la photo, c’est le cas pour les visuels d’eshop. Si vous shootez 100 looks avec 3 photos par tenue, l’addition risque d’être rapidement salée.
Le prix du photographe varie en fonction des droits d’utilisation, de s’il doit gérer la post-production ou non, à savoir la retouche des images, le nombre de jours de shooting. Si vous shootez un catalogue ou une campagne pub, le montant sera bien évidemment différent. Plus la diffusion est large, plus le prix le devient.
Ce qui me conduit aux mannequins.
Certainement l’étape la plus délicate et compliquée dans l’histoire de prise de vue.
Les marques peu connues ne deviendront pas les chouchous des bookeurs des agences de mannequins. Ah les bookeurs, voyez-les comme des agents de modèles. Lorsque l’on démarche une agence, ils proposent une sélection de filles, ou d’hommes, en fonction du budget, de l’objet du shooting. Certains se montreront professionnels et joueront le jeu même si vous ne vous appelez pas Christian Dior, d’autres ne prendront pas la peine de faire le job correctement.
Lorsque j’étais mannequin, j’étais inscrite dans 4-5 agences. Je me souviens d’une en particulier qui semblait n’avoir qu’un but en tête : envoyer le plus de mannequins possible sur des castings. Résultat je me retrouvais à montrer mon book à des personnes qui cherchaient des filles brunes… Gênant. Surtout après avoir attendu au moins quarante minutes que ça ne soit mon tour.
Dernièrement, j’avais démarché plusieurs agences parisiennes dans le but de dénicher une mannequin. Une des agences devait faire passer cinq filles, nous en avons vu que deux. J’ai relancé et pas de nouvelles. Peut-être que les trois autres avaient malheureusement attrapé la Covid-19 qui sait !
En parallèle, j’avais posé une annonce et démarché des filles hors agence, qui travaillent en freelance. Certaines bossent en agence mais ont le droit de répondre en direct aux castings des marques. Tout dépend si elles ont une clause d’exclusivité ou non dans leur contrat.
Le prix des mannequins en direct peut être divisé par deux voire parfois trois.
Généralement, pour une journée de shooting entière, les bookeurs demandent au minimum 1 500 euros HT et ce prix comprend en terme de droit d’image : Internet hors publicités commerciales ou contenus sponsorisés, papier (type catalogue) hors presse. Une freelance tournera entre 600 et 800 euros HT également et sera moins à cheval sur l’utilisation de son image.
Il faut savoir qu’une agence prendre environ 60% du cachet de la mannequin : les charges du salaire et sa commission.
Revenons-en à nos moutons, l’étape du casting. Pour une marque de vêtement, on peut voir jusqu’à au moins 15 filles. Elles passent au showroom faire les essayages et laissent ce qu’on appelle un composite. C’est leur CV. Il s’agit d’un recto-verso format A5 (ou autre). Au recto une photo plein page avec le prénom et les mensurations (taille, tour de poitrine, de taille et de hanche, et pointure). Et au verso, quatre photos ainsi que le contact de l’agence de mannequins.
Je me souviens ces heures d’attente pendant les castings, collée à d’autres filles qui attendent leur tour. Toutes à se scruter, à se juger sur le physique… Une grosse ambiance de merde. Mais le pire, c’est une fois son tour arrivé, on se pointe face à un directeur artistique et son équipe. Les mecs prennent ton book et se mettent à parler de toi entre eux alors que tu es juste sous les yeux. Pour un magazine féminin, le responsable avait sorti en regardant mes photos « elle fait un peu extra-terrestre » (lol) et une nana avait surenchéri oklm, « oui regarde son nez ». Bon fort heureusement tous les castings ne se déroulent pas ainsi. L’attente peut durer facilement une heure et le client ne nous parle même pas une minute.
Il arrive que l’on choisisse la mannequin sans casting, juste sur photos, quand l’enjeu n’est pas très important. Pour la marque d’e-cigarette, je n’avais vu la mannequin que sur Internet. Ouf elle était encore mieux en vrai. Et le mannequin homme je le connaissais déjà. Pas de mauvaises surprises. Mais il vaut mieux rencontrer les modèles avant, surtout si vous êtes une marque de prêt-à-porter. Il faut vérifier qu’ils rentrent convenablement dans les fringues !
Et petite parenthèse : l’attitude conciliante (ou non) d’un mannequin est importante à vérifier en amont. Lors d’un casting, ça donne un aperçu. Les nanas relou, j’ai vu et testé, non merci, plus jamais.
Les artistes maquilleurs et coiffeurs
Soit j’écoute les recommandations, vive le bouche à oreille, soit je fais appel à mon réseau. Tout dépend du client et de son budget. Pour un maquillage, on peut avoir des maquilleuses en direct (elles sont plus chères en agence) à 200 euros la journée jusqu’à 500, voire parfois plus quand elles ont de la bouteille. Je pourrai copié-collé ce paragraphe pour le coiffeur. Le truc chouette c’est que des maquilleuses à 300 euros la journée vous proposent également des services de coiffage ! Certaines ont les bases, c’est pratique et ça fait des économies. Là encore, tout dépend du budget imparti. Il faut savoir d’adapter et trouver des solutions.
Je pourrai également évoquer les manucures. Je n’en vois que très rarement sur des shootings puisque je ne gère pas trop de productions « beauté ». Les mannequins font attention à leurs mains, et à leurs pieds, et ont les ongles généralement manucurés de façon nude (couleur peau). C’est discret, élégant, propre et passe-partout.
La ou le styliste
Je n’ai que très peu de contacts aux factures abordables ! Les prix s’envolent rapidement pour ce poste qui parfois dépasse même ceux des mannequins. Pour une question d’économie, encore, je me retrouve donc à m’occuper du stylisme. Cela ne me dérange absolument pas et j’adore ça. Je récupère des pièces à droite et à gauche, je pioche dans les miennes, bref j’arrive à me débrouiller.
Une styliste coute au minimum 500 euros la journée et encore là, il s’agit d’un prix d’ami.
On ne se rend pas compte mais cela demande vraiment des heures d’investissement pour préparer un shooting avant le jour J. Et le après on l’oublie aussi ! Il faut rendre les fringues, préparer les colis et j’en passe. Sans parler de la journée de prise de vue où il faut repasser tous les vêtements, les plis sont interdits.
Pour les shootings e-shop, je suis toute la journée debout à steamer, habiller, préparer les looks et je ne vois pas du tout la journée passer.
Je préfère tellement être de l’autre côté de l’objectif. Je trouve cela plus responsabilisant et diversifié. Je me rappelle très bien ce sentiment d’ennui que j’avais lorsque j’étais mannequin. Les heures passaient tellement lentement. J’en avais marre de me faire crêper les cheveux, pas le chignon hein, ou que l’on me touche le visage avec des pinceaux pas forcément bien nettoyés. Un truc à choper l’herpès d’une autre fille. Petite pensée à ces stylistes qui ramenaient des talons en taille 37 alors que je fais 40… Je vous déteste encore aujourd’hui ! Et mes pieds encore plus.
Les backstage
Quand j’ai le temps, je prends l’appareil photo pour immortaliser des moments et ainsi avoir du contenu pour les réseaux sociaux que j’anime. Depuis peu, je me suis mise à la vidéo et je me suis découvert une passion, avec mon mec, pour les montages vidéos. C’est important pour une marque d’avoir du contenu qui montre les dessous de ce qui se passe chez elle, mais aussi des vidéos qui mettent en scène les produits.
Vous l’aurez compris, le milieu de la photo me plait énormément, je suis désormais équipée comme une professionnelle niveau matériel.
J’ai d’ailleurs une annonce à faire !
Roulement de tambour !
Pour un projet personnel, je cherche des nanas entre 18 et 35 ans pour faire des photos. Le shooting serait en Île-de-France, Paris certainement ou proche Paris. Je réfléchis ! Mais en attendant, si ça vous tente de participer, envoyez-moi un message (ou un commentaire). Je vous donnerai plus d’infos, rassurez-vous je ne fais pas de nu, c’est habillé et il y a même un cadeau à la clé (un vrai truc cool, pas un tube de dentifrice hein) pour remercier les participantes.