CamilleG

Faut-il être féminine ?

Talons aiguilles, yeux maquillés, robes courtes, bouche rouge, cheveux volumineux, épilation parfaite… Les attentes auprès de la gent féminine ne cessent de croître malgré les actions éparpillées du body positivisme. Assumer son corps est devenu un combat et se montrer en public relève parfois d’une mission… IMPOSSIBLE. Surtout l’été quand il s’agit de s’habiller léger.

J’aurais voulu écrire qu’il est simple de vivre sa vie comme on l’entend, sans se soucier du regard des autres. Mais encore aujourd’hui je n’arrive pas à y croire totalement. Le regard et le jugement d’autrui, parfois, m’ôtent toute confiance en moi. Par peur de ne pas être à LEUR hauteur ou de ne pas être assez respectable à leur yeux, j’en oublierai presque les bases que je me suis pourtant fixée : écouter ses envies, pas celles des autres.

Cette pression de « paraître » et tous ces faux-semblant touchent également, à des degrés inférieurs certes, les hommes. On leur recommande de miser sur leurs abdos et sur une barbe impeccable, sans oublier de soigner leur teint et leur tenue vestimentaire (quasiment devenue similaire à la nôtre et c’est bien dommage).

Dans la vie de tous les jours je soigne mon look en respectant les codes implicites de notre chère société, et je n’applique seulement du mascara sur mon visage. Par flemme ou par manque de temps selon certains, par envie de rester naturelle selon moi. Je fais tout mon possible pour m’afficher avec une crinière propre et pas en mode paille en suivant une routine similaire à celle proposée par Schwarzkopf, une épilation contrôlée (à quand l’épilation définitive au laser pour les blondes ?) et un regard de biche  Au passage je teste actuellement le dernier mascara Hypnose de Lancôme et je le recommande vivement.

Mais honnêtement j’en ai marre de cette surconsommation vestimentaire comme cosmétique (sans parler de celle technologique) dans laquelle nous nous enfermons. Sans le vouloir vraiment, nous détruisons ce qu’il y a de plus cher : la planète. Mais bref, ceci est un autre débat.

Et puis il y a ces femmes qui assument à 100% leur personnalité et qui clairement emmerdent celles et ceux qui les regardent de travers, pire, elles les ignorent. Sara Zinger, Dj, productrice et chanteuse française trentenaire, en fait partie. Le girly ? Très peu pour elle.

J’ai découvert cette pépite du milieu de la nuit lors d’une soirée SKOLL où elle faisait vibrer et danser sur le dance floor les fêtards parisiens de la Gaîté Lyrique.


Salut Sara. Ravie de t’accueillir ici ! Cela fait du bien de croiser le chemin d’une personnalité forte et atypique ! Dans ta musique, comme dans la vie tu sembles passer outre les diktats de la société… État d’esprit ou acte rebelle ?

Ni l’un, ni l’autre. Ou les deux à la fois en fait, à vrai dire je ne réfléchis pas je suis juste comme j’ai envie d’être et puis de quelle société parle-t-on ? J’ai vécu dans tellement de villes et de pays différents où les codes ne sont pas les mêmes ! Je suis surement devenue un résultat hybride de toutes ces expériences de vie. En ce qui concerne ma musique surtout, je suis incapable de nommer mon style musical précisément tant il est imprégné de chaque influence ancrée en moi depuis mon enfance. Je n’ai jamais cherché à suivre un courant et je trouve cela ennuyeux à mort tous ces artistes qui sont juste des copies conformes les uns des autres. Quitte à être artiste, soyons créatifs pour de vrai.

Depuis quand es-tu devenue cette jeune femme au look « décalé », street (et j’imagine surtout très confortable) ?

J’ai grandi dans une toute petite ville du nord de la France et dans mes plus vieux souvenirs on me qualifiait d’Ovni ou d’excentrique. Je pense qu’on ne “devient” pas les choses, elles sont juste comme elles sont.

Mention spéciale à ton joli crâne rasé, on peut dire que tu vas jusqu’au bout de ce que tu entreprends ! Ça en jette ! Quand as-tu passé ce cap et qu’est-ce qui t’a motivé à le faire ?

Un coup de tête ! J’étais partie me couper la frange chez un ami coiffeur et en lui racontant que la veille un pote avait failli me raser la tête, il a pris une paire de ciseaux d’un côté, une tondeuse de l’autre, et sous mes yeux ébahis il a mis la tondeuse allumée dans ma main et m’a lancé un : “t’es pas cap de le faire”. Faut pas me lancer là-dessus 😉 10 secondes d’hésitation et j’ai envoyé un coup de tondeuse sur toute la longueur de mon crâne. Plus de retours en arrière possible.

Est-ce que déjà enfant tu ressentais un décalage avec les filles et leur univers ? D’ailleurs tu t’intéressais plutôt aux jeux des mecs ou bien je viens de m’afficher à sortir un vieux cliché ?

Effectivement mon truc à moi c’était le foot, je suis même allée jusqu’aux sélections pour l’équipe de France. Mais un problème de rotule a mis terme à tout cela. La musique est ainsi devenue primordiale dans ma vie.

Pour toi, c’est quoi être féminine ?

Si je réponds avoir le crâne rasé ça va passer pour de la provocation mais je ne me suis jamais sentie aussi féminine que depuis que je l’ai fait. Je pense qu’être féminine c’est assumer ses choix et avoir confiance en soi. En tout cas à titre personnel, c’est ce qui me plait chez une femme.

Es-tu passée, ado ou plus jeune, par l’étape « fi-fille » ? Tu sais, les fameux moments de sa vie que l’on regrette où on testait le maquillage à outrance, et où l’on voulait absolument sortir son artillerie d’accessoires (bijoux and co) et ses jupes roses ?

Enfant j’évoluais dans un milieu assez modeste. On récupérait les vêtements de ma voisine quand ils étaient devenus trop petits pour elle. Donc niveau artifices c’était plutôt réduit au minimum. Et puis encore une fois tout ce qui m’importait c’était d’aller jouer dehors avec mon ballon, un short et des vieilles baskets, j’étais la plus heureuse.

Quel regard sens-tu se poser sur toi lorsque tu es dans des milieux publics ? D’ailleurs cela doit changer selon le pays où tu vis ! Tu as pas mal voyagé !

Je ne sais pas, je ne fais pas attention aux gens. J’ai zéro problème avec quoi que ce soit. Généralement on a plutôt envie de venir me parler donc tout va bien.

Classer les gens dans des cases est devenu une activité à plein temps pour certains. Tu as certainement déjà entendu et subi le fameux « garçon manqué » ? Comment réagis-tu aujourd’hui ?

Oui plus jeune j’ai eu une période cheveux un peu courts et bouclés et à ce moment-là ça arrivait qu’on me prenne pour un garçon et j’avoue que ça me blessait. Aujourd’hui on ne me parle plus du tout de garçon manqué ou juste pour évoquer mon colocataire (c’est son pseudo de dj 😉 ). Mes talons, mon rouge à lèvre et mes bagues je ne qualifierai pas du tout cela de garçon manqué, malgré la non-existence des cheveux sur ma tête si c’est à cela qu’on fait référence en parlant de case.

As-tu déjà un jour failli remodeler ton apparence pour coller à celle « imposée » par la mode ?

Non. AH si peut-être ! Juste une petite période Tecktonik avec les talons roses et le jean fluo.

Quelle image aimerais-tu que les gens aient de toi ?

La vraie.

Aurais-tu un message à faire passer à celles (et ceux) qui n’osent pas exprimer leur vrai moi intérieur ?

Quittez votre bled.

Merci pour avoir pris la peine de répondre à mes questions chères Sara !

Quelles sont tes prochaines actualités musicales ?

Album Electro Synth-Pop en préparation.
Premier single en septembre (tu l’as ailleurs entendu en live à la Gaîté Lyrique)
J’ai 2 remix électro en sortie d’ici la fin de l’été également.
Et pas mal de grosses dates prévues jusqu’à la fin de l’année 2018.
Toutes les infos sont postées au fur et à mesure sur mon Instagram.

Pour découvrir sa musique c’est ici : soundcloud.com/sarazinger et là facebook.com/sara.zinger.5/
Et son Instagram c’est par là : instagram.com/sarazinger_music/