CamilleG

Hôtel Sedaine : comment j’ai abandonné en plein escape game

« C’est la meilleure escape game du monde les gars » dixit un Youtubeur en sortant tout juste de ce sombre hôtel parisien.

Fan d’horreur, de dame blanche et d’urbex, cette escape game est conçue pour vous ! Je pensais que c’était mon cas mais finalement j’ai passé mon tour, lâchement, mais pas trop rapidement non plus.

Promis je ne vais pas vous spoiler dans cet article.

Cela faisait longtemps, presque dix mois, que je n’avais pas résolu d’énigmes. Suis-je rouillée ? Absolument pas. Est-ce que je continue de féminiser le mot escape game ? Carrément !

Fraîchement ouvert depuis le 11 juillet 2020 par les créateurs de la salle « Le cannibale de Paris » que j’avais adorée au passage, j’attendais avec impatience de pouvoir pénétrer dans cet établissement hôtelier.

Le rendez-vous est pris. Jeudi 22 juillet à 19h, je vais affronter de vieux démons, équipée de mon masque chirurgical.

Une devanture sombre, des vitres fumées, pas de doute, du très lourd s’annonce derrière la porte. Pas sûr que je sois prête pour ça, enfin que nous soyons prêts à y mettre les pieds.

Are you ready ? Moi pas trop

Construit en 1879, le bâtiment dans lequel fut implanté l’hôtel de la rue Sedaine est très ancien et chargé d’histoire. Plusieurs fois rénovés, les lieux ont peu à peu pris une allure de manoir. Les bâtiments sont abandonnés depuis 1985 et ont été laissés en état par les précédents propriétaires.

Ce lieu tenu secret est connu dans le milieu des explorateurs urbains… Il se dit que l’endroit serait hanté.

Rien que le site Internet en dit long. Ah si seulement j’y avais fait un tour…

Dès notre entrée, chose rare, nous sommes immédiatement plongés à 100% dans l’ambiance grâce à notre excellent game master. Le jeu débute dès maintenant. Pas de consignes et de brief donnés. On nous verse du gel hydroalcoolique sur les mains et nous voilà partis dans les pénombres.

Prise de cours, j’ai à peine le temps de poser mon sac que je me retrouve en train de descendre un escalier en carrelage dans le noir presque total. « Nous avons des problèmes d’électricité depuis que le bâtiment est endommagé ». Charmant, déjà que je n’y vois pas grand-chose entre le combo masque et lunettes de vue pleine de buée. Guidée par une lampe torche et une douce musique, intérieurement je priais pour ne pas dégringoler et tomber sur le game master.

Quelques secondes plus tard, nous nous retrouvons enfermés dans la première pièce, une chambre d’hôtel aux airs princiers et au style baroque. Magnifique. J’aurais pu y rester dormir. Seulement… C’est impossible, mais pour comprendre pourquoi il faut s’y rendre.

Dès les premières minutes j’ai été remplie de panique. Mon dieu, qu’est-ce que je fiche ici ? Pourquoi ne suis-je pas chez moi devant ma série du moment, Dawson. Il faut croire que j’ai préféré me mettre à  hurler pour un oui ou pour un non, au point de plus savoir pourquoi je suis ici : résoudre des énigmes bordel et pas jouer à la Castafiore du dimanche.

Parlons-en d’ailleurs de ces mécanismes. L’histoire est bien ficelée, les énigmes sortent de l’ordinaire et encore une fois je m’en veux de ne pas les avoir toutes faites. Je suis certaine que nous sommes passés à côté de moments inoubliables.

En revanche j’ai trouvé, comme pour le Cannibale, la présence du game master un peu forte. Il donne beaucoup d’instructions, mais avec du recul je le comprends. Pétrifiés à force de guetter les portes et les faits et gestes, nous perdions le fil de l’aventure et gâchions notre temps, trop obsédés par certains détails.

Trop d’immersion pour moi

Les décors sont incroyablement immersifs et sublimes, tout comme les costumes. Rien n’est laissé au hasard. Je suis subjuguée par tant d’efforts.

Je suis vraiment triste de n’avoir pu contempler que deux des pièces, car apparemment de nombreuses autres nous attendaient.

J’ai l’impression d’avoir plongé dans mon jeu vidéo préféré, Resident Evil. Malheureusement mon stress a connu ses limites et je n’ai pas pu affronter mes peurs. Cela parait flou lu comme ça mais je ne veux pas trop en raconter vis-à-vis de celles et ceux qui voudraient tenter cette escape game.

Sachez que malgré vos cris, vos plaintes et vos prières, l’équipe n’aura aucune pitié. Et c’est là justement le problème. C’est qu’à cause de cela, nous avons décidé d’arrêter. Le coup de la mission commando dans un lieu non éclairé à tenter de fuir le diable a été la goutte d’eau.

Une fois arrivés dans une nouvelle pièce, après quelques nouvelles frayeurs nous avons insisté pour demander à quitter la partie. La salle s’est alors rallumée. Fin du game. Nous avons tenu 40 minutes.

Âmes sensibles s’abstenir, prend désormais tout sens.

A l’heure où j’écris cet article, je suis posée dans mon canapé, je viens de rentrer de cette aventure et je n’arrive toujours pas à m’en remettre. Pour la première fois, j’ai dû quitter en plein jeu une salle. Je suis en colère, je n’arrive pas à stopper cette frustration qui ne cesse de me ronger, je suis énervée de m’être laissée autant envahir par mes émotions. Les frissons ont dépassé ma pensée si vous voyez ce que je veux dire. J’adore avoir peur mais ma sensibilité n’a pas supporté autant de stress. D’autant plus énervant que nous sommes les premiers à avoir laissé tomber. En même temps, la salle a moins de 15 jours, on en reparle dans 3 mois !

Quant à mon acolyte, agacé par le côté glauque-horreur de l’escape, dès les premières minutes du jeu n’avait qu’une envie, retourner à sa voiture. Il n’avait pas particulièrement apprécié l’expérience du Cannibale même s’il avait adoré les décors et les énigmes. Mais devoir se concentrer alors que l’on se retrouve dans un univers digne d’un film d’honneur interdit aux moins de 18 ans, nous était tout bonnement impossible.

Mais vous savez quoi ? Je suis certaine qu’on y retournera, un jour !

Plus d’infos :
34, rue Sedaine – 75011 Paris
1 à 6 joueurs
https://hell-out.fr/