CamilleG

Instagram : bientôt la fin du compteur des likes ?

Puis-je vous confier mon dégoût croissant pour Instagram ? A titre personnel je l’utilise de moins en moins, j’y trouve peu d’intérêt à publier des photos hors de mes voyages. Montrer mes fringues dans la rue c’est sympa mais cela ne fait pas avancer le monde. Je préfère essayer de faire s’évader quelqu’un plutôt que de le gonfler avec une énième photo « mode ».

Soyons honnêtes, tous les comptes se ressemblent quasiment tous, la spontanéité a fichu le camp et de plus en plus d’utilisateurs se tournent vers d’autres applications (pas forcément mieux, je pense notamment à 21 buttons, l’endroit qui te pousse à la surconsommation vestimentaire).

A titre professionnel j’utilise quotidiennement Instagram et je prends plaisir à créer des contenus originaux mais également à travailler avec certaines influenceuses (enfin pas toutes, pas celles qui se prennent pour des princesses égocentriques, c’est insupportable, sinon les autres sont vraiment adorables, on devient même copines).

Après cette introduction piquante, je vais revenir sur l’actualité surprenante d’Instagram : le compteur à likes (le nombre de likes affichés sous les photos, c’est à dire le nombre de personnes ayant tapoté deux fois sur le visuel pour montrer qu’elles l’apprécient) va tendre à disparaître. Info ou intox ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Les likes, les fondements des réseaux sociaux

Que seraient les plateformes sociales sans leur pouce bleu ou leur cœur rouge ? Ces derniers ont pris avec le temps une place prépondérante dans notre manière de consommer le contenu. Instrument de mesure, de popularité et même de comparaison, ces indicateurs d’engagement prouvaient ainsi aux utilisateurs qui étaient « influents » ou non, surtout sur Instagram. Et malheureusement, même si la photo était pourrie, si la personne est influente, tout le monde la likait. C’est ce qu’on appelle l’effet de troupeau dans le jargon du social media.

Les influenceurs et les marques commerciales ne jurent que par les chiffres, à tel point que certains finissent même par faire gérer leur compte à des robots qui likent et commentent les photos des autres comptes, pour ensuite récolter des likes en retour.  Pervers, n ‘est-ce pas ? D’autres ont choisi la solution de facilité : acheter des likes et des followers. Des plateformes russes proposent des prix défiants toute concurrence : moins d’un euros pour obtenir 400 likes, par exemple. Sur des sites français, il faut compte 5 euros pour 400 likes. Et puis certains persistent à rester dans des groupes de discussion réservés aux influenceurs : à chaque nouvelle photo ils se laissent des commentaires. J’ai été ajoutée dans un groupe de 200 personnes, ce fut un sketch, j’en suis rapidement partie. C’est de l’hypocrisie à l’état pur.

Une hackeuse qui veut révolutionner le monde social

Une experte et hackeuse a découvert dans le code d’Instagram que l’on pouvait masquer le nombre de likes des photos. Ainsi, le détenteur du compte peut voir le nombre de likes sur ses visuels mais plus sur les comptes des autres. Vous pouvez continuer de tapoter 2 fois sur le visuel pour le liker mais vous ne verrez plus le total de likes attribués. C’est actuellement devenu un test interne chez Instagram, développé uniquement sur certains comptes.

Réduire la pression sociale & mentale

Instagram a récemment pris la parole pour expliquer qu’il se souciait (lol) du bien-être de ses utilisateurs (lol bis). On parle même de dépressions et d’anxiété liées à ces histoires de likes et de pression de chiffres. Instagram serait nuisible au psychisme de l’utilisateur, en plus de créer une addiction ? Certainement. Des enquêtes l’ont également prouvé, vous les trouverez facilement sur Internet.

Conscient du souci posé par ces histoires de likes et de ressenti face à la popularité ou à l’impopularité, les équipes d’Instagram ont décidé de repenser l’application et se recentrer sur la qualité des photos publiées. Ainsi elles espèrent que les commentaires grimperont (parce que les likes n’apportent finalement rien, zéro échange entre les utilisateurs). Les commentaires sont des gages de meilleure qualité. A trop courir après les likes, on oublie parfois de se concentrer sur la qualité de notre photo.

Qui, parmi mes lecteurs, n’a jamais supprimé un post Insta (ou Facebook) parce que les likes ne décollaient pas ? Perso je l’ai fait plus d’une fois. Je me sentais limite honteuse de ne pas avoir de l’engagement. Je n’imagine même pas comment peuvent gérer ce genre de stress les plus jeunes.

L’objectif d’Instagram : poster des photos pour avoir des likes, vous en doutiez ? Sauf pour les stories, là les nombres de vues ne sont pas montrés aux spectateurs. Le compteur de likes n’existe pas dans ce cas là.

Les partenariats sur les réseaux sociaux : un manque à gagner pour Facebook et Instagram ?

On estime les investissements dans le « marketing d’influence » entre 2 à 5 milliards de dollars annuel, soit un sacré manque à gagner pour Facebook et Instagram. Bien entendu le marketing d’influence a toujours existé. Les stars qui posent pour des dentifrices ou des parfums… Sauf qu’aujourd’hui il a pris une tout autre tournure. Monsieur et Madame tout le monde, à condition d’avoir un nombre intéressant d’individus suivant leur compte, peuvent prétendre eux aussi à recevoir des produits des marques et à les mettre en avant, voire même à être rémunérés. 

Or, lorsqu’une marque choisi de travailler avec un influenceur, l’argent qu’elle mettra là, elle ne le mettra pas dans les contenus sponsorisés dont l’argent revient directement à Facebook ou Instagram. Vous me suivez ? Est-ce que cette histoire de suppression de likes, et donc de moyen de mesures de l’engagement d’un influenceur, ne serait pas une façon de forcer les marques à changer leur fusil d’épaule et à se tourner à 100% vers la sponsorisation des contenus ?

En supprimant les likes, Instagram va donner moins données chiffrées aux marques concernant les influenceurs, et donc les marques vont forcément moins investir en influence marketing. Les influenceurs vont trembler en apprenant tout cela !

Et l’algorithme dans tout ça ?

J’en ai déjà parlé, mais pour celles et ceux qui n’aurait pas suivi ces histoires de mise en avant de comptes sur Instagram, voici les grandes lignes : plus un compte est liké et apprécié, plus il sera mis en avant. Les utilisateurs verront davantage tel ou tel compte plutôt qu’un compte mis de côté par l’algorithme. On ne sait pas comment Instagram gère son algorithme mais beaucoup se plaignent de perdre en visibilité auprès de ceux qui sont abonnés à eux (et ils perdent forcément des likes, et donc de l’engagement de leur contenu, CQFD). Malgré les likes masqués, l’algorithme lui continuera de sévir. SUPER. La bête noir d’Instagram sera encore et toujours là. Rien que pour cela je commence à me lasser sérieusement de cette appli. J’en ai marre de voir toujours les mêmes photos, les même fringues et les mêmes produits (coucou les rouges à lèvre banana machin).

En Angleterre, il est question de supprimer de bouton « j’aime » sur Facebook pour les utilisateurs de moins de 18 ans (car les marques collectent des habitudes de consommation et d’intérêts des mineurs et cela pose souci). Les choses commencent à bouger ! Surtout avec toutes ces histoires de RGPD.

J’espère sincèrement que les applications iront jusqu’au bout de leurs réflexions et mettront en place des mesures qualitatives. Affaire à suivre.