CamilleG

Instagram, et après ?

Instagram a le vent en poupe, mais jusqu’à quand ?

J’aurais également pu citer les autres réseaux sociaux comme Snap ou Facebook, même si leurs statistiques ont pris un coup depuis la forte évolution d’Insta. Stories, posts photos, messagerie privée, et maintenant chaîne vidéo verticale avec le module IGTV, Instagram est devenue l’application multi-service pour capter et garder ses utilisateurs dans ses filets.

Vous l’aurez remarqué (faîtes pas genre) Instagram attire autant qu’il repousse. Les articles critiquant l’appli ne cessent de voir le jour. On lui reproche ses changements réguliers d’algorithme, de faire déprimer celles et ceux qui s’identifient à la vie rêvée (et faussée) de certains comptes, et surtout d’être devenu un réseau social où tout est calculé. Terminé la spontanéité des clichés, bonjour les retouches. Pourtant on s’y rend régulièrement pour checker les nouveautés (ou espionner la vie des autres ahah).


J’ai d’ailleurs écrit de nombreux articles sur Instagram, vous connaissez désormais ma position. Pour celles et ceux qui débarquent, Instagram c’est du joli vent et beaucoup de paillettes. Il ne faut pas se leurrer, ce qui se passe sur Insta n’est aucunement le reflet de notre vie. Qui serait assez fou pour étaler son intimité ? On n’y montre que les belles choses, les « beaux » gens (façon de parler) et les beaux endroits. Pas nos moments de gros doutes et de peines. Insta est avant tout un média de mode où les marquent tentent tant bien que mal de se faire une place pour appâter le consommateur potentiel. Soyons réalistes.

Mais Instagram, parce qu’il n’y pas que du négatif, c’est aussi un moyen pour faire de belles découvertes (je pense notamment aux comptes de Marcel_travelposters, Kevinruss, Bestjobers, Ladyelaineofshalott et tous les autres que je suis de près) et de chouettes rencontres (ils sont trop nombreux pour les citer et je ne veux pas faire de jaloux ahah). Mais voilà…

Puis un jour est apparu le concept tant en vogue et si critiqué : celui des Influenceurs / Influenceuses.

Je ne m’étendrai pas sur le sujet car ce n’est pas l’objectif de cet article. D’autres le font mieux que moi (ils font même des print écran de courbe d’évolution de followers, oui ça va très loin la jalousie). Sans oublier ces comptes Instagram créés pour dénoncer celles et ceux qui que seraient des « faux influenceurs ». Ces comptes dénigrants et méchants, heureusement, ont été fermés. Sérieusement c’est quoi cette bande de collabo venue dénoncer tout et n’importe quoi ? Qu’elle se trouve d’autres causes plus intelligentes à défendre sans déconner.

Honnêtement je trouve l’appellation « Influen » truc machin HYPER négative. Et comme dirait mon père « les influenceurs n’influencent que des gens influençables ». Ce mot, à mes yeux, renvoient à des notions marketing et surtout commerciales. Alors qu’un « influenceur » vaut tellement mieux que cette casquette de placement de produits. C’est un « artiste », un communiquant, un créateur de contenus et surtout un individu qui véhicule des valeurs et sa vision de la vie. Une sorte de blogueur comme on les a connus dans les années 2000 : proche de ceux qui le suivent, à l’écoute, bienveillant et surtout impliqué pour de BONNES raisons. Ses followers apprécient son univers, écoutent sa parole sans pour autant la boire.

Adhérer à un style de vie d’un « inconnu » ou d’un personnage public ne fait pas de nous une personne influençable, sérieusement ! S’inspirer de d’individus inspirants, quel est le problème ?

Mais voilà que le système a perdu de son sens et de sa qualité.

De nombreux utilisateurs séduits par l’idée de gagner des produits gratuitement ou quelques centaines d’euros se sont rapidement jetés sur le marché, pourrissant ainsi l’image de celles et ceux qui publient avec passion. Achats de faux followers, achat de likes, les stratégies proposées pour sortir du lot ne cessent d’augmenter. Ce marché du rêve s’est forcément retrouvé pollué par les vautours aux solutions payantes (et soit-disant miraculeuses) pour développer sa popularité. Un engouement sans fin, une quête au succès, oui mais pourquoi, et surtout dans quel but ?

Bref, après cette longueee introduction sur l’application voici le moment de réflexion.

Que va devenir Instagram ?

Ah parce que vous imaginiez que cette application ne serait jamais détrônée ? Ahah…  Vu comment la société évolue (bizarrement si je puis dire), comment les gens finissent par se lasser des choses, et combien les stories (les vidéos publiées qui durent 24h), voire les live (vidéo en direct) plaisent, je parie que l’application (ou le concept car pas sûr que cela soit proposé sur un mobile) qui cartonnera demain sera un point de non retour. Je parie que l’on regrettera toutes et tous les avancées de la technologie (coucou l’intelligence artificielle).

Demain naîtra une sorte de puce intégrée dans des lentilles de contact ou dans les montures de lunettes. Je m’explique. Une fois les lentilles mises sur les yeux (ou les lunettes), cette puce de malheur transférera l’image et le son, en direct, de ce que nous vivons,  à tous nos followers.

J’espère simplement que les moments passés dans la douche, ou tout autre action intime seront bloqués ! Vous imaginez la scène ?

Aujourd’hui on rigole quand on observe les gens se mettre en scène dans leurs stories ou dans leur live. Nous avons au moins tous testé la prise de parole face caméra. Bon, j’avoue je n’ai toujours pas osé tenter le discours en mode je vous raconte my life. Ce n’est pas une question de confiance en soi mais j’ai dû mal avec cette idée de se mettre en vidéo et de papoter. Et puis je me demande qui est-ce que cela va intéresser de savoir que j’ai chaud, soif ou faim ? Déjà que je suis déjà en photo à 85% sur mon compte (et que je trouve que cela fait un peu égocentrique hein mais bon qu’on se le dise les photos de nature morte : tout le monde s’en fout un peu !), alors imposer ma tronche dans les vidéos en train de vous faire un monologue… J’épargne cela à mes followers. Et étant une grande bavarde, je vais vite les gonfler !

Mais ces histoires ne me choquent pas, ou plus. Nous sommes dans un monde dynamisé par l’effet Big Brother où les émissions de télé-réalité cartonnent, où certains jeunes en pleine crise identitaire s’identifient et finissent par trouver normal de s’exposer sur Internet. On montre tout et on finit par ne plus rien contrôler. Et on n’oublie, parfois, de faire la différence entre le bien et l’idiotie.

Nous vivons nos vies par procuration en fouillant dans celles des autres. Nous expérimentons à travers les expériences des autres.

Cela me rappelle d’ailleurs un film que vous connaissez certainement : The Circle.  Aux États-Unis, dans un futur proche est mise en place une expérience révolutionnaire qui bouscule les limites de la vie privée, de l’éthique et des libertés individuelles. Des milliers d’abonnés s’initient dans votre vie et surveillent vis faits et gestes h24. Je suis persuadée que nous tendons à arriver à ce type de projet. Même ressenti avec le film Nerve. En participant à Nerve, un jeu qui diffuse en direct sur Internet des défis filmés, deux jeunes décident de s’associer pour relever des challenges de plus en plus risqués et gagner toujours plus d’argent. Mais bientôt les deux « Joueurs » s’aperçoivent que leurs moindres mouvements sont manipulés par une communauté anonyme de « Voyeurs ». Le jeu vire au cauchemar.

Tôt ou tard nous évoluerons dans une société hyper-connectée, nous nous noterons les uns et les autres (cela existe déjà en Asie, l’horreur). Nous pourrons même émettre des commentaires publics sans risquer d’être accusé de diffamation sur cette boulangère qui ne dit pas bonjour, sur ce collègue qui nous harcèle, ou sur ce docteur qui est un sale pervers.

En attendant de découvrir l’Instagram du futur, je me fais cette réflexion : vous imaginez devoir reconstruire votre « communauté » sur une nouvelle application ?  Repartir de zéro ? Oh l’angoisse, c’est sans fin ! A ce moment là, je rendrais certainement mon tablier !

Et vous, vous en pensez quoi de tout ça ? Votre avis m’intéresse !