Lorsque j’ai déménagé, j’ai réalisé ô combien j’avais déconné. Déconné d’acheter TROP de fringues de mes 21 à 27 ans, déconné de garder un tas d’objets en m’assurant que « j’allais un jour certainement les utiliser », déconné en attachant trop de valeurs à n’importe quoi (surtout à des papiers A4 qui ne servent à rien).
La conséquence ? Les cartons qui s’empilent et qui n’en finissent plus. L’angoisse, surtout lorsqu’il faut les défaire dans le nouvel appartement. C’est sans fin, usant et carrément déprimant.
Même si j’ai rempli des sacs poubelles de fringues à donner, il restait des objets neufs, ou pas, qui ne sortent JAMAIS des placards. Des ustensiles qui en plus ont de la valeur.
J’aurais effectivement pu me poser à un stand sur une brocante et prendre ma voix de charcutière pour héler le passant. J’imagine déjà la scène, à faire fuir les chineurs. Mais je suis plutôt du genre à être « dans l’ombre ».
Sur ce blog j’ai narré plus d’une fois mes aventures sur mes tentatives de vente LeBonCoin et bien il est temps de me renouveler pour ne pas lasser le lecteur. J’ai testé un nouveau canal de vente.
J’ai trouvé mieux que ce bon vieux LeBonCoin, Enfin tout est relatif, plus rapide et surtout plus puissant en terme de frappe, j’ai nommé : le Marketplace de Facebook.
En effet, depuis août 2017, Facebook déploie en France et en Europe son interface Marketplace. Vendeurs et acheteurs s’y retrouvent autour de petites annonces de vente en ligne dans leur région. J’ai un train de retard, même deux, je sais.
Alors qu’est-ce que ça donne ce Marketplace ?
Je ne l’aurais pas cru un instant mais ça donne grave de l’oseille ! A condition de vendre beaucoup et à des prix raisonnables. Ah j’oubliais le plus important, s’armer de patience ET mettre en sourdine les notifications Messenger dans le cas où vous jouez au vendeur. Et ne pas être allergique aux fautes d’orthographe, sinon c’est direct la corde.
Avant de revenir sur mon expérience « vendeur », parlons de l’utilisation « acheteur ».
J’ai navigué et interrogé des vendeurs sur des objets, histoire de prendre la température.
Je passe les annonces mensongères qui proposent des produits à un euro pour que finalement le filou balance « bah non c’est pas possible à un euro, c’est quatre-vingt dix euros ». Je ne m’arrête pas sur les contrefaçons, on en croise beaucoup, ni sur les énormes arnaques.
Certes, nous sommes censés avoir un minimum de jugeote et sentir les voleurs, mais quand même… Certaines personnes sont très naïves et beaucoup peuvent en profiter ! Je me demande alors comment les modérateurs de Facebook peuvent un minimum préserver l’acheteur. J’ai de grands doutes sur cette problématique. On dirait que c’est la loi de la jungle qui sévit ici…
Je vous conseille alors de vendre plus que d’acheter.
Quand on met une annonce en ligne
Selon l’objet, on se retrouve rapidement spammé. Ceux en rapport avec la technologie engendrent dix messages à la minute pendant au moins trente minutes, ceux en lien avec la cuisine, même constat. Les objets de la vie courante se vendent facilement (blender, enceinte, parfums, etc…). En moins de trois heures on trouve aisément un acquéreur. En revanche j’ai dépassé les cinq jours pour vendre un banc de musculation et un meuble.
1102 vues pour ce mixer. En à peine quelques jours… Le matériel de cuisine se vend comme des petits pains !
Ceux qui on cru que j’étais polyglotte
Je ne suis pas choquée par les messages reçus en anglais #CamilleInternationale mais alors ceux en polonais, en arabe, en signe hiéroglyphe et j’en passe… Sans déconner ! A quel moment les mecs ont pensé une seule seconde que j’allais comprendre alors qu’en plus mon annonce est entièrement rédigée en français.
Ou ceux qui sont à côté de la plaque, les WTF
Ce matin encore, une nana m’indique qu’elle préfère échanger par téléphone car elle ne semble pas à l’aise à l’écrit. Je lui passe un coup de fil au sujet des radiateurs électriques en vente.
Si j’avais pu enregistrer cette conversation…
« Oui j’ai hyper mal dormi il fait trop chaud là. Du coup ça m’intéresse votre clim. »
« Pardon ? Il s’agit de radiateurs électriques pour chauffer en fait. »
« Ah bah non, nous on a le chauffage au sol. »
… Et j’abrège la partie où elle me raconte la vie de sa carte bancaire bloquée.
Ceux qui se croient chez le marchand de tapis
Je m’efforce de faire des prix honnêtes. Je ne suis pas là pour me faire de l’argent sur des gens qui sont dans le besoin ou qui galèrent. Oui parce que soyons honnêtes, ce n’est pas Jean-Charles du 16e arrondissement de Paris que je rencontre lors des échanges. Cela doit certainement dépendre aussi des produits.
Je ne supporte pas ceux et celles qui viennent gratter cinq euros sur un objet à dix euros.
Et ceux qui prennent la confiance
Genre il faut se montrer à la disposition et attendre patiemment que les gens daignent donner une heure de rendez-vous. Inutile de préciser que j’ai finalement vendu le bien à une autre personne. Zéro patience. Pas le temps.
Ah le tutoiement. Il faut croire que j’ai des principes mais quand je ne connais pas quelqu’un, je ne permets pas de le, ou la, tutoyer.
Et là ci-dessous, le cas d’une jeune fille dans la vingtaine qui s’agace parce que je ne souhaite pas lui livrer à domicile un bureau qui pèse lourd.
Le moment de la vente
Jusqu’à maintenant, et je touche ma table basse en manguier, je n’ai pas connu de désagréments avec les acheteurs. Je ne suis tombée que sur des personnes chouettes, bien élevées et honnêtes (puis un mois plus tard mon discours a finalement changé). Un était tellement sympa que j’ai baissé de cinq euros le prix sans qu’il ne me le demande.
Cependant, certains se pointent sans avoir anticipé quoique ce soit. Une, devait récupérer trois tables basse de taille petite et moyenne, elle a débarqué avec sa poussette et son gosse de deux ans dedans. Elle a fait tenir comme elle pouvait les tables sur sa poussette et a forcé son môme à marcher.
Une autre, à qui j’avais donné un point de rendez-vous dans ma rue, a envoyé son fils de treize ans m’attendre à la gare la plus proche. Abusé. L’ado ne répondait même pas à son tél et, soit-disant, m’attendait sur le quai de la gare, bla bla. Même pas en rêve je me déplace ! Je ne me suis pas gênée de lui faire la réflexion que c’est à elle de se bouger et à ne pas utiliser son enfant ainsi !
Bien évidemment elle n’est jamais venue.
Ceux qui ne se pointent pas lors de la vente
Sur une vingtaine de ventes en dix jours, seules trois personnes m’ont posé un lapin. Heureusement que je donne rendez-vous dans une rue proche de chez moi et non à une gare, j’aurai les nerfs ! J’ai osé d’ailleurs leur faire la réflexion comme quoi ce n’était pas respectueux à ces personnes mal-élevées. Certains ignorent, d’autres m’agressent verbalement.
Je retiens celle avec qui nous devions nous retrouver à la sortie d’un métro pas loin de mon boulot. Deux avant, encore, elle confirmait. Elle m’avait même demandé de baisser de cinq euros le prix, chose que j’ai acceptée. Mais ensuite elle n’a pas honoré le rdv et n’a jamais répondu à mes messages. #GrosseConne
Ceux qui deviennent tes « potes »
Petite pensée pour Zak. A qui j’ai bradé pas mal de produits. La première fois il avait pris des parfums, et nous avions papoté une dizaine de minutes. Il m’expliquait qu’il partait voir sa famille au Maroc, qu’il devait faire des cadeaux. On a parlé de sa femme, de ses sœurs, de son boulot, des vacances, etc. La seconde fois, il est revenu chercher des fringues, des pompes et un casque bluetooth. Je lui ai fait le lot à vingt euros. Il m’a même offert des spécialités culinaires de chez lui, proposé de me ramener une robe marocaine et une paire de chaussures pour mon copain. SUPER SYMPA comme geste. Bon je n’ai pas accepté.
David le gros pervers
Est-ce le produit qui attire les dingues ? Peut-être. Sur une centaine de messages reçus de la part de potentiels acheteurs, seulement un émanait d’un tordu. Franchement je l’ai venu venir et je l’ai rapidement remis en place.
J’ai finalement vendu mes soutifs neufs à une sympathique nana.
Cette mésaventure m’a donné une (drôle) d’idée.
Il m’arrive, rarement, de recevoir via mon blog, des emails de fétichistes qui souhaitent que je leur vende mes chaussures. Jusqu’ici j’ai toujours refusé. Généralement ces individus ne résident pas en France, le dernier en date venait du Koweït. Il m’envoyait carrément mes photos, prises sur mon blog, où je portais les baskets qu’il semblait adorer. J’ai fini par lui répondre d’aller demander des pompes à sa mère, je crois que ça l’a bien calmé. J’ai donc testé la mise en vente d’une paire de Stan Smith bien usée sur Marketplace.
Verdict ? Hormis la honte que j’avais parce que les annonces sont postées à son nom (j’espère qu’aucun collègue n’est tombé dessus), et bien personne ne m’a envoyé de message alors que l’annonce a été vue par plus de cinquante individus.
Ceux qui doivent venir chez TOI car tu vends du mobilier
Vu que je ne suis pas la fille d’Hulk, difficile pour moi de déplacer une grande table ou un buffet pour les présenter aux potentiels clients. A contre-cœur, vraiment, j’ai dû faire rentrer dans mon appartement des inconnus.
La première fois, j’étais seule et le couple souhaitait voir la table de près. D’accord je comprends, j’aurais d’ailleurs fait de même. Je ne vais pas vous le cacher, je me suis fait une tonne de films quant à ce moment. Viennent-ils faire du repérage ? Vont-ils me bâillonner puis me tuer, ou me kidnapper ? Vont-ils prendre la table et partir en courant avec ? Après tout, je ne savais pas à qui j’avais à faire derrière mon téléphone. On ne peut jamais le savoir.
Donc je les accueille, je leur sers une bière, on prend l’apéro tranquille. LOL non jamais de la vie. Donc ils rentrent, ils se dirigent vers la table et en font le tour. Ils l’adorent. Cool. Et là le mec essaie de voir comment il va pouvoir la démonter pour la transporter. Il forçait sur les pieds en tirant de toutes ses forces. Punaise il va me défoncer la parquet en chêne massif, c’est pas possible il s’est cru oùùùùùùùùùùùùùù. Moment de panique. Je voyais déjà la réaction de mon mec face à un parquet anéanti à cause d’un inconnu. Heureusement pour le sol, sa femme lui a alors ordonné d’arrêter de s’énerver sur le pied de la table. Il se relève et me sort, sorti de nul part :
Bon on va parler prix maintenant.
Ah mais non mon coco on va parler de rien du tout. Le prix tout le monde le connait hein. Ici c’est pas la bourse, il n’a ni augmenté, ni baissé. Et malheureusement pour l’acheteur, quand il s’agit de négociation, je me transforme en une personne démoniaque. Je ne lâche rien. J’arrive très très très très souvent à mes fins. On me qualifie de « dure » mais bon, business is business. Tu te pointes chez moi, tu me sors ça, c’est mort pour toi. Je ne suis pas marchande de tapis, c’est bon là ! Fallait parler du prix avant, je t’aurais immédiatement répondu de passer ton chemin. Pas le temps.
« On la prend à 70 ».
Elle est à 80. Elle est franchement nickel, je l’ai mise à un bon prix vu les merdes en vente.
« C’est 80. » Point. Genre POINT FINAL.
« Ce n’est rien 10 euros, vous pouvez baisser. »
« Si ce n’est rien vous pouvez les mettre alors. » avec le sourire. Non parce qu’allez pas croire que je me prends pour la pétasse du quartier. Je suis souriante, toujours, mais ferme.
Bon bah ils l’ont prise à 80. Fin de l’histoire.
Autre épisode. Je vendais mon magnifique buffet que j’aime tant, mais que j’ai trahi au bout de 6 années de bons et loyaux services. Pour le nouvel appartement j’avais repéré une belle pièce italienne. Même chose, le couple qui vient, sympa rien à redire, mais même sketch dès qu’il s’agit de parler prix. Avec en bonus le mec qui parlait à sa femme dans une langue que je ne maîtrise pas, pas cool.
Voyant que je ne lâche pas le morceau, il se tourne vers mon mec pour essayer de gratter. MAIS NON, n’essaie même pas. Laisse Monsieur en dehors de tout ça, ce n’est pas même pas lui qui a payé ce buffet. Comme si en plus mon mec allait lui faire 50% alors que depuis le début je ne veux même pas diminuer d’un seul euro.
« Ok bah on part et walou pour vous ».
« Ouais naquache wallou, pas de souci. Je le vendrai je ne m’en fais pas. » Je ne sais pas comment on prononce mais l’idée est là.
Pour finalement qu’il me sorte après cet échange un peu tendu je ne vous le cache pas « bon on le prend ».
Voilà. Cela aura duré sept bonnes minutes. Insupportable. Je déteste cette situation où limite on t’oblige à baisser les prix. Mais c’est mort. Et en plus je me coltine ce moment chez moi avec des inconnus. Sérieusement ?!!
Les pépites de ces derniers jours
Fallait que je vous partage ces fraîches discussions que j’ai partagées sur mon compte Instagram.
Alors bilan ?
Marketplace reste un moyen rapide et efficace pour faire de bonnes affaires, en tant que vendeur, je trouve. Mais attention il faut s’armer de patience et aimer discuter avec des inconnus. Il est vrai que cette place peut également se transformer en nid à embrouilles qui termine en insultes. Un grand nombre de personnes pollue la messagerie de messages incompréhensibles et de questions débiles ou parfois déplacées.
Bref on se débarrasse rapidement des produits : high-tech, décoration et tout ce qui est en lien avec la cuisine marchent du tonnerre. Les vêtements prennent davantage de temps pour trouver acquéreur, même si le prix affiché est bas. Cependant j’ai laissé tomber VINTED (devoir faire des colis, payer des enveloppes, se rendre à un point relais, faire la queue et j’en passe…) parce que je juge tout de même Marketplace meilleure.
Je suis choquée par le nombre de contrefaçons et qu’aucune politique sur Facebook ne régule cela.
Dernier point un peu déprimant mais tout dépend de la sensibilité de chacun. Lors de ma dernière vente, la dame qui souhaitait acheter un luminaire de salle de bain a finalement envoyé sa fille le chercher. La pauvre, j’ai vraiment eu de la peine pour cette dernière. Je l’ai retrouvée au point de rendez-vous, elle était avec son fils et présentait une déformation du visage ainsi qu’un souci dirai-je psychologique. Un peu à côté de la plaque, naïve, elle ne prêtait pas franchement attention à son fils, un passant a dû intervenir pour éviter qu’il ne se fasse heurter par une voiture. J’étais tellement mal à l’aise lors de ce passage, je n’osais pas lui dire « euh votre fils de trois ans ça craint là c’est dangereux de le laisser là ». Le produit coûtait quinze euros, elle voulait me donner vingt-cinq. Droite dans mes baskets je n’aurais JAMAIS profiter de la situation, je lui ai dit que c’était trop. D’ailleurs, je compte offrir à cette jeune femme de vingt-deux ans des objets de mon ancienne déco pour son déménagement à venir.
Alors oui parfois Marketplace c’est devoir faire face à la « misère sociale » et croyez-moi ça aide à relativiser.
Et vous, avez-vous déjà testé ce service de Facebook ?
Auriez-vous au passage des pistes pour vendre du gros mobilier ? Type canapé ? Je vends mon joli trois places ivoire hyper confortable en cuir, il est comme neuf ! Merciii