Quand arrivait l’incontournable question "ça vit combien de temps ?" mes poils s’hérissaient. "ça" ? Tu es juste en train de parler de la prunelle de mes yeux, alias Youyou, mon perroquet. Et pas n’importe lequel… Youyou étonnait tout ceux qu’il croisait. Son comportement social quasiment humain marquait tout mon entourage. Notre relation rendait curieux les vétérinaires qui, je cite, "n’avaient jamais vu ça". Youyou c’était mon inséparable, ce perroquet multi-color qui débarqua dans ma vie âgé de 3 mois. Youyou, celui qui me suivait partout et qui ne me quittait pas. Youyou c’était un peu comme un membre de la famille, c’était finalement même un membre de la famille G. Une mascotte auprès de mes amis qui pour certains me surnommaient "Youyou, Youyounette". Une partie de moi, un reflet de ma personnalité. Ce petit bout me portait un amour inconditionnel (même quand je partais 1 mois en Thaïlande il me faisait la fête à mon retour). Finalement il n’existe aucun mot pour qualifier notre amour. Il fallait le voir pour le croire. 12 ans de complicité ça se vit, ça ne se décrit pas.
Je répondais donc avec humour "Youyou ? Il est immortel". J’avais même fini par m’en convaincre, c’est pour vous dire ! La réalité de la vie me rattrapa le samedi 17 octobre 2015. Etrange coincidence mais le 17 c’est un nombre qui me suit à la trace depuis toute petite sur beaucoup de détails. Devenu désormais mon black day, mon jour de crise, celui qui me donnera la chair de poule quand je regarderai le calendrier. Celui que j’aimerais oublier. Mais bref, j’ai désormais la réponse à cette foutue question. "Youyou a rejoint le Paradis des Perroquets alors qu’il allait avoir 12 ans ce mois-ci". Ses congénères ne dépassent généralement pas les 12-15 années alors je me dis qu’il a vécu jusqu’au bout, même si au fond de moi je me dis que j’y suis peut-être pour quelque chose ? Cela faisait 3 jours que Youyou semblait plus mollasson. Il refusait de communiquer quand je lui parlais alors qu’à son habitude il chantonne et fait ses caprices à tue-tête. Il se blottissait dans ma nuque et ne voulait pas voler partout. Zéro curiosité, what’s happen Youyou d’amour ? Il buvait beaucoup et continuait de s’alimenter alors je me suis persuadée qu’il allait commencer sa mue, et qu’il était fatigué à cause du changement de saison. Ce matin là une fois réveillée il sortit, me rejoint au lit et campa toute la journée sur moi, dans ma nuque ou dans mon cou. Il avait aujourd’hui du mal à respirer. Connaissant ses troubles respiratoires récurrents je me suis quelque peu alarmée et j’ai directement appelé les urgences vétérinaires qui ont son dossier. Le spécialiste des oiseaux ne travaille pas les week-end. Il fallait peut-être que je laisse passer, Youyou présentait des crises régulières, à cause de son obésité, même s’il était au régime et qu’il avait perdu du poids. Il s’est mis à reprendre une respiration normale, tout allait mieux, enfin c’est ce que j’imaginais
Dans la soirée Youyou fut touché par une sorte de crise. Il était dans mes mains à ce moment-là car je l’observais. Sa respiration s’accéléra comme jamais, son coeur s’emballa, je couru sur mon téléphone pour appeler les urgences. Moi aussi je tremblais, tout s’est passé beaucoup trop vite, je n’ai rien compris et je ne réalise toujours pas. Au moment où j’allais composer le numéro, Youyou dans le creux de main fut prit de mouvements d’ailes pendant 8 secondes, ou moins je ne me souviens plus. Il s’arrêta de bouger et devint raide. Il avait les yeux ouverts, je me suis dit qu’il allait rapidement se remette à bouger. Mais non. Youyou s’est eteint d’une crise cardiaque, dans mes mains. Depuis cet instant je pleure, je m’en veux et je me dégoute. J’ai peut-être tué mon perroquet à ne pas réagir plus tôt… Il aurait peut-être échappé à ça… Il serait peut-être encore là, dans mon appartement, à mener sa vie de Roi et à partager mon quotidien. Youyou, mon cher inséparable, ma petite mascotte, je ne te remercierai jamais assez pour tout le bonheur que tu m’as apporté. Ma vie ne sera plus jamais la même sans toi. Toutes ces habitudes que nous avions ensemble me rappellent que tu es ma plus belle relation et qu’aucune ne fut si forte. Mes amis me disent que désormais tu veilles sur moi, comme un ange, de ton petit paradis. J’aurais voulu que ça soit moi qui continue de prendre soin de toi… Je ne t’oublierai jamais, j’ai tellement de peine… Je te demande pardon si je n’ai pas réussi à te sauver hier soir. J’aurais tout fait et tout donné pour toi, et je sais que tu t’en doutes. Tu as retrouvé ta pleine liberté. Voyage en paix mon Youyou.