CamilleG

Okja : réflexion végétarienne

Après la sortie de Snowpiercer (2013), le réalisateur sud-coréen Bong Joon-Ho continue sa montée des marches avec son dernier né, Okja. Au casting, des stars américaines et des visages asiatiques inconnus, un mélange contraint pour toucher un public plus large. Produit par Netflix et mise en ligne sur la plateforme le 28 juin dernier, le film ne cesse de faire parler de lui depuis son scandale à Cannes. Avant de s’intéresser à l’art, les décideurs veulent avant tout parler business. La stratégie de diffusion de Netflix attise foudres, au point d’en oublier le message phare de ce grand film. Nous sommes bel et bien dans un monde capitaliste où seuls les intérêts de chacun comptent.

Ne tombons pas dans le piège du scandale et tachons de nous pencher sur le véritable sens de ce long-métrage.

Okja, l’éponyme et principal personnage du film, est une femelle « super-cochon » trafiquée biologiquement par le géant de l’agro-alimentaire, Mirando (Coucou Monsanto). Cette création vise à dédiaboliser le marché de la viande pour doper les ventes. La PDG du Groupe incarne parfaitement les leaders d’aujourd’hui. Un écho fait au Diable s’habille en Prada, une femme de poigne au look contemporain. Derrière son discours mensonger bien ficelé et un stratège marketing digne d’une agence pub, le consommateur s’apprête à engraisser les actionnaires.
Douze des plus beaux bébés prototypes de cette nouvelle espèce sont envoyés aux quatre coins du monde chez les meilleurs éleveurs. Ils seront attendus dix ans plus tard à New York City pour participer à un concours agricole et être présentés mondialement au grand public, qui les dégustera dans les semaines à venir.

En attendant, au milieu de nulle part dans les montagnes en Corée du Sub, nous retrouvons Okja qui vit paisiblement libre aux côtés d’un vieil homme et de sa petite fille prénommée Mija. Une belle histoire d’amitié est née entre l’animal et l’adolescente. On s’attache rapidement à Okja, ce cochon pataud et timide que l’on est bien loin d’imaginer dans notre assiette… Mais leur amitié se retrouve menacée et l’action du film commence. Les activistes végétariens débarquent et…Je vous laisse le soin de découvrir la suite.

Et là, je passe du coq à l'âne mais…(ceci est le point d'entrée de ma pensée)

Pourquoi manger un cochon serait un acte normal mais un chien non ?
 

Je rebondis sur les critiques émises à l’égard du festival de chiens qui se tient chaque année à Yulin, en Chine. On peste sur ces mangeurs de chiens et les pétitions affluent sur les réseaux sociaux. Mais prenons la question au sens plus large. Qui sommes-nous, qui êtes-vous pour autoriser une personne à manger un cochon/ une vache plutôt qu’un chien ? Parce que le chien vit dans votre maison et partage notre canapé alors il ne doit pas être consommé ?

Faut-il donc qu’un animal trouve demeure dans la nature pour que l'Homme se déculpabilise de le cuisiner ?

On imagine que les veaux sont idiots et ne ressentent rien. Que les oies sont incapables de faire preuve de compassion. Et que les cochons avalent goulûment et niaisement sans être capables d'aimer. Et pourtant… J’ai passé 12 années avec un perroquet, petit par sa taille mais grand par sa complicité, sa compréhension et son amour inconditionnel. Notre amitié dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Ceux qui me lisent depuis longtemps et qui me suivent sur les réseaux sociaux ont découvert ô combien mon Youyou n’était pas qu’une simple « bestiole ». Egoïstement, à 18 ans, j’avais voulu adopter un animal. A cette époque je n’avais pas conscience des notions de liberté et de captivité. Je faisais également de l’équitation et même si j’adorais cela, je ne remonterai pas sur un cheval demain ! Je boycotte les zoos, les cirques, tout spectacle avec des animaux. Je crise quand je vois Playmobil et ses braconniers…

Parce que l’on s’imaginait peut-être que tous ces animaux partaient au Club-Med avant de finir dans nos assiettes. Parce que l’on autorise certaines espèces à profiter de leur vie, et d’autres non.

Au nom de la chaine alimentaire nous nous permettons de régaler nos panses sans se risquer à imaginer la souffrance que rencontrent les animaux, dans les élevages et dans les abattoirs.

Je dis « nous », mais cela fait plusieurs années que j’ai arrêté de consommer viande et poisson. J’ai laissé tomber le lait également. Je n’achèterai plus non plus de sacs en cuir. Je souhaite au monde d’évoluer et de prendre conscience. Je souhaite aux lobbystes viandards d’avoir un déclic. Je souhaite à la nature de perdurer. Je vous souhaite d’avoir des enfants qui verront un monde meilleur. Parce que oui, l'élevage, en plus d'être un enfer, est un élément destructeur de la planète.

J’aimerais simplement mettre sur pause ce monde et ses modes de consommations. J’aimerais que l’on réfléchisse, pour une fois, avec notre cœur.