Depuis plusieurs mois cette question me trotte dans la tête. Jusqu’où peuvent aller (ou se perdre dans certains cas) les écrits sur la place publique.
U are watching me. And I’m not watching u.
L’arrivée d’Internet et notamment des blogs ont permis de faire perdurer l’effet big brother. Dorénavant nous offrons au monde entier (enfin surtout aux français hein, la mondialisation n’exporte pas non plus tous les blogs) des brides de notre vie et de notre personnalité. Et comme si cela ne suffisait pas, l’ère des réseaux sociaux s’est développé à une vitesse folle, entraînant l’addiction de ses utilisateurs et le « toujours publier plus et toujours montrer tout ». #TonCanapéOnSenFout #TonDressingPareil #TaTasseDeThéAuSecours #TonTapisDeSalleDeBainSérieusement?
La facilité de communication et la rapidité des échanges nous ont plongé, par moment, dans l’engouement de poser sa life. Le souci ? Le manque de filtres, parfois (je ne parle pas des filtres instagram and co, ceux-là ont de beaux jours devant eux). Ce phénomène est-il étroitement lié à la pollution des émissions télé intellectuelles diffusées aux heures de grande écoute ? Où des futures personnalités high level (lol) s’enguignolent dans des télé-réalités truquées et affichent toute leur intimité ?
Les retours d’expériences sont la force d’un blog.
Je l’évoquais la dernière fois, les blogs s’apparentent parfois à la continuité des journaux intimes. Personnellement je ne suis plus choquée de lire quelqu’un qui se livre tant que cela ne tombe pas dans le voyeurisme. Ouais je suis une âme sensible…
Évoquer des expériences de sa vie permet de (se) rassurer. Peut-être qu’après lecture certains lecteurs se sentent « normaux » et même moins seuls de ressentir ceci ou cela.
Mes expériences peuvent devenir les vôtres
Le partage est devenue une telle denrée rare dans notre société actuelle, que lorsque l’on tombe sur des personnes qui osent donner leur avis PERSONNEL et leur ressenti, cela fait du bien ! Parcourir des univers où l’on peut s’identifier et prendre conseil auprès d’une personne inconnue, c’est une chance !
Réfléchissez-y, en France nous bénéficions de la « liberté d’expression ». Concept qui connait certes des limites, mais au moins nous pouvons cultiver notre franc-parler et nos photos comme bon nous semble sans risquer d’être tabassé ou lapidé en prison. Quoique certain(e)s mériteraient une petite correction à force nous infliger des abominations visuelles, mais là n’est pas le sujet. #AQuandUnePhotoDeLitièreDeChat
En 2016 j’ai publié un article à la suite d’une hospitalisation due à une pyélonéphrite. Mon but était de faire la prévention sur les infections urinaires. Sujet que je maitrise malheureusement. J’ai la casquette infirmière, cela m’arrive (ahah). Je voulais surtout rendre « drôle » cette mauvaise semaine passée sous perf H-24. Beaucoup de retours positifs, sauf un, qui me marque encore. Un troll me faisait remarquer qu’il n’en avait complètement rien à faire de ma vie et que j’étais naze de, je cite, « étaler ma vie intime sur Internet ». Bon. Je vois toujours pas le rapport avec le mot « intime » mais admettons…
En 2015 j’ai osé relater mes rencontres foireuses de Tinder. Mon but ? Prouver que les célibataires avaient, eux aussi, leur lot de désillusions et que le célibat n’était pas une mince affaire. J’ai fait rire des lectrices. Je me suis bien marrée à romancer ces dates pourries. Mais là encore j’ai été critiquée de « pauvre meuf » par des anonymes. Désolée d’avoir eu des rencards, cela ne semble pas donné à tout le monde 😉 J’aurais du donner des cours de drague à ces rageux/rageuses, cela les aurait certainement détendu.
Ne vaudrait-il pas mieux tenir un blog de manière anonyme ?
Avec l’âge (ne rigolez pas je suis extrêmement sérieuse, à 31 ans on ne voit plus les choses de la même manière qu’à 25). Je commence à moins parler d’événements hyper personnels. Je me rends compte que ça me gonfle que des personnes plus ou moins proches me lisent alors que jamais je ne leur avais parlé de mon blog ! Je pense par exemple à ces anciens collègues qui m’ont googlisée et qui ont fait tourner mon blog #LesMecsPayésASharker
Je pense à ces recruteurs que j’ai rencontrés lorsque je cherchais un nouveau job… Ce « chasseur de tête » qui m’a clairement sorti en début d’entretien « je ne vous cache pas que j’étais curieux de vous rencontrer. AH BON ? Oui je suis tombé sur votre blog ». Ai-je franchement le temps d’aller amuser la galerie ? On dirait bien. La prochaine fois je demanderai à ce que l’on m’embauche pour faire un OneWomanShow. Ou alors je lui signerai un autographe.
Je pense à ces ex qui checkent le blog pour voir ce que je « deviens » ou pour vérifier si je parle d’eux. Franchement, j’aimerais qu’ils gardent une bonne fois pour toute en mémoire que les nazes je les oublie facilement et rapidement. #MaisMerciPourLaVisiteBisous
Je pense à cet « ami » qui n’a jamais , digéré mon article ironique dans lequel je pointe ces facebookeurs qui déballent tout de leur vie à chaque instant de la journée. Je ne le visais pas, je parlais d’un sujet de société généralisé. Depuis je n’ai plus jamais eu de ces nouvelles. Il a même unfollow la page Facebook du blog. #SentenceUltime
Peut-on alors tout aborder sur un blog ? Comment faire pour que personne ne se sente visé ? Comment composer avec les susceptibilités d’autrui ? OMG. Jamais je ne pourrai tenir une ligne éditoriale en restant évasive ou passive dans mes écrits ! Ma vie m’inspire. Ce blog c’est ma façon de voir les choses et d’amorcer la vie.
Mais c’est le jeu, dès lors que l’on s’affiche avec son prénom et sa photo, difficile de parler librement. Sauf si la thématique du blog tourne autour de la mode et la beauté. Les sujets sont clairement peu personnels. Difficile pour le lecteur de se faire une image sur la personne qu’il lit ou de lui en vouloir pour ses convictions. Parfois je me surprends à m’alarmer « mince, je ne peux pas écrire ceci, untel va le lire ». Et puis je me ressaisis. Je me souviens qu’on a qu’une vie, que blog ou pas blog, les gens nous cataloguent de toute façon pour un rien et qu’ils jugeront toujours sur les apparences.
Et je terminerai par cette formule remaniée : « J’écris, donc je suis. » ; )