CamilleG

Premier trimestre d’une nouvelle vie

À l’heure où j’écris ses mots, je viens de découvrir la surprise de l’année (mais je ne publierai cet article que vers la fin de cette aventure, superstitieuse et parano que je suis).

Cela fait normalement vingt-et-un jours qu’un minuscule être m’habite et je ne sais pas du tout dans quoi je m’embarque, autant vous dire que je suis en plein flippe.

Je suis heureuse de partager ça avec vous, vous qui pour certaines, et certains, me suivez depuis plus de dix ans maintenant !

Photographie prise le 14 juillet 2021 par Thomas Léaud. Maquillage par la talentueuse Aziza El Badaoui.

Qui l’aurait cru ?

Pas MamanG en tout cas ! Le jour où je l’ai appelée pour lui annoncer la nouvelle, on aurait pu croire à une scène tirée d’une comédie.

« Maman, j’ai une grande annonce  à te faire.
– Ah oui tu as une bonne nouvelle pour ton blog ?
– Non, j’ai fait un test de grossesse, même deux et je suis enceinte !
– Oh la la, c’est pas possible, heureusement que je suis assise, je pourrais presque en pleurer. Oh ça non, je ne m’attendais pas à ça. Je m’étais fait une raison, j’avais même fait une croix dessus même si j’avais mis des affaires pour bébé de côté au cas où ça arrive. »

Et chaque personne apprenant la nouvelle a été complètement surprise, genre « what the fuck, ai-je bien entendu ? ». Pour leur défense, il faut dire que je n’ai jamais été gaga des bébés et de tout ce qui s’y rapporte. J’avais pour projet, enfoui bien profond, d’essayer d’avoir au moins un enfant. Je repoussais toujours le sujet puisque je n’avais pas de relations stables et que je préférais profiter de ma « liberté ».

Aujourd’hui j’ai une situation amoureuse normale (si un jour j’avais cru écrire cela), un grand appart qui peut accueillir une troisième personne et surtout, je suis consciente que je n’ai plus vingt, mais presque le double. Ce projet est donc mûrement réfléchi, voulu mais il n’était pas attendu aussi rapidement. Je lis tellement de retours d’expérience de couples qui galèrent sur ce plan, que je m’étais imaginée devoir vivre le parcours du combattant. C’est mon côté Pierre Richard, je m’attends toujours au pire puisqu’il m’arrive toujours d’incroyables histoires. Ou alors je suis de nature pessimiste ?

La pression sociale ?

Je l’ai subie, comme beaucoup d’autres femmes. Et encore, je trouve que le verbe subir n’est pas assez fort. Du côté de ma famille, mes proches savaient clairement qu’il ne valait pas mieux me gonfler avec le sujet. Je n’ai eu que de rares remarques.

« Et vous alors c’est pour quand ? » une cousine qui venait d’accoucher du deuxième.
« Faudrait y songer vu votre âge. » la pharmacienne à côté de mon bureau.
« Vous attendez quoi vous deux pour vous y mettre ? » des proches.

Les signes de la grossesse

Le premier, le plus évident dans mon cas, a été le retard au niveau des règles. Mais pas seulement ! Au bout de dix jours, je souffrais de douleurs abdominales ressenties dans le bas-ventre, genre comme des crampes et des tiraillements. Immédiatement je me suis dit que j’étais peut-être enceinte parce que jamais auparavant je n’avais ressenti ça. Ces douleurs sont normales et elles correspondent à l’augmentation du volume de l’utérus. Je vous passe les détails concernant les seins qui grossissent et qui font également mal. Ah et j’allais oublier la cerise sur le gâteau : l’envie fréquente d’uriner. Avec tout ça, comment croire qu’il ne s’agissait que d’un épisode passager ?

En revanche, pas de nausée et pas de fatigue, du moins le premier mois.

Est-ce compliqué de tomber enceinte ?

Ce paragraphe n’engage que moi mais je ne pensais pas que ça serait aussi simple. Peut-être parce que j’ai toujours été anti-pilule et que par conséquent que je ne la prenais pas ? Je m’étais tellement persuadée, depuis des années que j’étais infertile, blabla, et d’un tas d’autres trucs aussi inventifs que j’avais presque fait mon deuil d’un jour tomber enceinte. Je n’étais d’ailleurs pas contre l’idée d’adopter.

Puis l’année dernière, j’ai commencé à poser des questions au corps médical sur le sujet, histoire d’en savoir juste un peu plus. Mon gynéco m’avait alors expliqué cette histoire d’ovulation et de fécondation. Au début je n’y comprenais pas grand-chose, faut dire que les calculs savants et moi… J’avais même fini par lâcher l’affaire au bout de 4 mois, décrétant que ça ne fonctionnait pas et que mon cerveau devait certainement tout bloquer pour que je ne porte jamais la vie. J’avais même décidé d’arrêter de prendre quotidiennement mes comprimés d’acide folique. Un complément conseillé par mon gynéco pour optimiser les chances.

Et le mois où j’ai décidé de ne pas prêter attention à cette histoire d’ovulation, c’est arrivé.

J’ouvre une parenthèse, mon médecin m’avait demandé de regarder sur plusieurs mois quand tombait précisément mon ovulation, via des tests urinaires qu’il faut faire aux alentours du jour J. Il voulait dresser un bilan. Pour ma part, j’utilise depuis des années l’application gratuite  P Tracker, pour noter le résultat, et concernant les tests, j’avais commencé avec ceux de la marque Clear Blue mais ils coutent un bras ! J’ai donc opté pour une boite de Fermoter sur Amazon comprenant 40 tests d’ovulation et 10 de grossesse, pour la maudite somme de 17 euros environ. Dispo ici.

Et que fait-on quand on découvre le pot aux roses ?

Bah déjà on prévient son compagnon, c’est un bon début. Ses parents aussi. Les autres attendront un peu plus. Puis on pleure. Mais pas forcément de joie. Dans mon cas, j’étais vraiment en mode « bordel, le test déconne, ça dit que je suis enceinte, pour de vrai. Bon allez j’en fais un deuxième parce que là y’a un bug c’est sûr. Ah mais lui aussi c’est positif waaaaaa. Et faut que je le garde pour montrer au médecin ? J’en fais quoi ? Je l’annonce à mon mec en mode romantique et en faisant des tonnes ? ».

Et soudainement j’ai pensé à toutes ces choses qui allaient me passer sous le nez, et à toutes ses responsabilités qui m’attendaient, enfin qui  NOUS attendaient (accessoirement, je n’ai pas suivi les conseils de Goldman, je n’ai pas fait un bébé toute seule).

J’ai songé à toutes ces femmes qui rêvaient d’avoir cette chance, ma chance. Et qui m’insulteraient si elles écoutaient mes pensées. Mais j’étais vraiment sous le choc. Moi qui croyais à 100% que j’étais infertile, malgré des bilans qui prouvaient l’inverse en plus, me voilà face à ma plus grande peur.

Je ne vais pas vous la jouer mytho hein !

Je vous parle franchement, comme toujours. Ce jour-là, j’ai pleuré au moins à 10 reprises. J’étais terrifiée. Je repensais à ces films avec les accouchements atroces, à la crise d’ado qu’il ou elle allait nous faire subir, au poids que j’allais prendre alors que je fais des efforts pour garder la ligne. J’avais du mal à me projeter sur un avenir serein. Mais au fond, j’étais contente, je sentais que ça allait être une bonne chose, mais oui j’avais vraiment peur. Comprenez que chez moi, devenir maman n’est pas un rêve de petite fille ! J’en avais envie, mais se lancer c’est un autre sujet ! En tout cas, je trouvais stimulant et motivant le projet d’avoir un enfant.

Et s’en vient ensuite un petit plaisir de la vie, la prise de sang pardi, accompagnée d’un bilan, pour maximiser les chances de remplir un max de tubes, sept exactement. Berk.

N’ayant plus de gynéco attitré depuis plus de deux ans, le mien étant parti à la retraite, j’ai pris rendez-vous chez un médecin généraliste, non attitré également puisque mon médecin traitant est décédé, sympa… pour obtenir la prescription de cette fameuse prise de sang. J’ai également calé un rendez-vous avec une sage-femme la semaine qui suivait. Pour vous raconter ma vie, j’avais pris rdv il y a plus de trois mois chez un gynéco en bas de chez moi, bien noté sur Google, pour en faire mon nouveau gynéco. Cependant, je ne voulais pas attendre trois semaines pour le voir, j’ai donc choisi d’aller rencontrer une sage-femme, entre-temps, pour récupérer des infos sur le premier trimestre de la grossesse.

Franchement je me sentais comme perdue.

Administrativement, en fouillant sur Internet, je découvre qu’il faut remplir des papiers avant la fin du troisième mois, comme s’inscrire à la maternité, chercher une crèche ! De quoi se porter l’œil ! Je ne suis même pas certaine que tout va bien dans mon ventre que je dois déjà déclarer à la sécu que je suis enceinte ? Wahoooo. La pression. Pour autant, j’ai rempli le dossier d’inscription à la maternité, celle à côté de chez moi, en vérifiant au préalable ses avis sur GOOGLE.

Au bout de 48 heures, je suis devenue une adepte de la recherche sur GOOGLE mais de façon très positive. Il faut dire que les moindres mots clés innocents débouchent sur un gros malheur. Si tu manges ça ou cela tu attrapes la listériose et le bébé meurt. J’ai mal ici, c’est qu’il s’agit d’une grossesse extra-utérine. Peut-on mourir de cette dernière ? La réponse est oui, imaginez mon angoisse. Les risques de fausse couche sont élevés les premiers mois. Mon mec et moi avons deux rhésus sanguins opposés, mon corps peut rejeter alors le bébé (enfin c’est scientifiquement plus compliqué que ça, n’allez pas vous faire des films non plus). WHATTTTTTTTTTTTTTT. Et à chaque nouvelle info découverte obscure j’en parlais à mon mec qui me regardait, à force, en soupirant :

« Dis-moi, tu comptes préparer le concours de médecine avec toutes tes recherches ou quoi ? »

Il faut dire qu’il était de son côté très occupé par la recherche de la nouvelle voiture ! Cette problématique devint son passe-temps. Incroyable ! Alors que je passais des heures à surfer sur les forums de grossesse, lui épluchait chaque article et test vidéo de voitures. Chacun ses passions hein.

Quarante-huit heures après le test positif, je me suis sentie mal. J’avais chaud, je ne tenais pas trop debout et j’ai donc pris ma température. Le thermomètre indiquait 38 degrés. OH LALALALA. J’appelle en urgence le secrétariat de mon gynéco pour essayer d’avancer mon rdv : il est en congés et revient lundi prochain et on prend mon message. Pas franchement rassurée entre ma hausse de température et mes douleurs dans le ventre, j’appelle le service des urgences gynécologiques de la maternité où j’ai envoyé mon dossier, la veille. Je tombe sur une nana du service maternité qui m’indique de venir uniquement si la fièvre persiste et elle ajoute avec un sourire que je devine « non vous n’allez pas mourir d’une grossesse extra-utérine au bout d’un mois, arrêtez vos recherches sur Internet ».

Les jours qui ont suivi n’ont pas été tout roses. Fatiguée, essoufflée pour un rien, parfois nauséeuse, la vessie oppressée, insomniaque parfois, je me demandais vraiment pourquoi je devais me coltiner tous les symptômes alors que certaines vivent leur meilleur vie enceinte. Je n’en pouvais plus d’attendre de rencontrer un professionnel pour lui poser mes 38 977 questions. J’étais sacrément stressée et je me sentais seule au monde avec toutes mes interrogations non élucidées.

Au fil des semaines, les symptômes se sont accentués à un tel point que je ne n’arrivais même plus à sortir de chez moi.

Heureusement que j’étais en télétravail, franchement, quel luxe et quelle délivrance. Je pouvais faire des AR aux toilettes sans me justifier. J’étais tellement mal les trois premiers mois. J’ai même perdu en quelques semaines deux kilos pour atteindre un poids trop bas pour ma taille. Mon IMC tirait la tronche et moi encore plus. J’agonisais, me couchais au lit vers 17h30 en pleurs tellement je souffrais. Des nausées fortes qui perduraient toute la journée. Des médicaments qui ne faisaient aucun effet. Tout m’écœurait, je n’arrivais à rien manger. Je devenais de plus en plus faible au point de sombrer dans une mini déprime qui heureusement s’est atténuée grâce au soutien de mes proches. J’avais l’impression que je resterai dans cet état de légume à vie. Je me demandais si un retour à la normale serait possible. Une véritable source d’angoisse pour moi qui déteste rester inactive longtemps.

Et puis au deuxième mois est apparu un symptôme tout aussi contraignant que les nausées : l’hypersalivation. Un truc peu commun vu les statistiques, et pourtant c’est tombé sur bibi. Comme vous décrire la chose de façon glamour ? Bein vous salivez non-stop et n’arrivez pas à avaler car ça vous donne envie de vomir. Que faire dans ce cas ? Cracher. Sympa ! Surtout quand vous n’êtes pas chez vous. De toute façon j’avais tiré un trait sur ma vie sociale, d’une à cause de la Covid-19 et de deux car j’avais zéro envie de papoter, j’étais trop mal pour ça. Mon shaker est ainsi devenu mon meilleur crachoir ami. Cela passait uniquement quand je dormais.

D’ailleurs en parlant du sommeil, jusqu’à la fin du deuxième mois, je me réveillais toutes les trois heures, allez savoir pourquoi. De quoi se retrouver fatiguée encore plus.

Je n’ai parlé à personne de ma grossesse (sauf les très proches) car je ne me sentais pas du tout en état et que je n’assumais pas ma santé moral et physique.

Cet événement qui se voulait heureux était presque un calvaire pour moi. Je croisais les doigts pour me sentir mieux rapidement et surtout retrouver ma joie de vivre, perdue dans mon vomi. J’ai averti mon travail vers les trois mois, une fois le certificat de grossesse remis par ma sage-femme et la déclaration de grossesse faite à la CAF et à la sécurité sociale.

Attention, je ne cherche pas du tout à vous décourager de tomber enceinte ! Chaque grossesse est unique et propre à chacune. J’aurais bien voulu qu’on m’explique en quoi cela consiste, en amont. Cela m’aurait évité des déconvenues inutiles. Et je sais très bien que je vais continuer de découvrir des détails, chaque semaine ! Comme le coup du sèche-cheveux demandé sur la liste de la valise pour la maternité. Ah ce n’est pas pour votre brushing (merci Julie de m’avoir expliqué la véritable raison ahah). Mais finalement, on ne s’en sert plus du tout !

Ma sage-femme de ville

N’ayant, à priori, pas de grossesse compliquée, la maternité n’a pas voulu me suivre avant le 6e mois de grossesse. En attendant, je suis suive par une sage-femme de ville. Une jeune femme bienveillante et professionnelle, je ne pouvais pas tomber mieux. Elle me calait des rendez-vous toutes les trois semaines. Me faire suivre par un gynéco ? LOL… Vous allez comprendre pourquoi.

Mon rendez-vous et ma rencontre chez le « nouveau » gynéco

Grand moment. De solitude.

J’attendais ce rendez-vous avec impatience pour faire l’échographie de datation ou au moins m’assurer que l’embryon vivait sa meilleure vie, lui J’avais déjà fait une échographie (avec la sonde à l’intérieur #coucouledétailsympa car l’écho normale s’effectue à partir des deux mois en gros) aux urgences de ma maternité car je stressais (pour rien). Et bien ce rendez-vous médical dans un cabinet privé en ville fut un des pires de ma vie. Je vais prendre le temps de vous expliquer pourquoi en quelques points :

Bref je vous passe les autres détails, vous visualisez la scène. Je suis donc ressortie de son cabinet complètement anéantie en me demandant qui allait suivre l’évolution de mon bébé si je n’avais pas de gynéco ? Le lendemain, j’ai appelé ma maternité en leur disant que je ne voulais pas être suivie en ville par leur gynéco Docteur x. La secrétaire m’a gentiment proposé de passer mes trois échographies chez eux sachant que normalement ils ne suivent les grossesses « sans souci » qu’à partir du 6e mois. Finalement un de mes frères m’a donné le contact d’un échographe spécialisé dans les échographies de grossesse, à 5 minutes de chez moi en plus. Un médecin génial, très professionnel, à l’écoute et surtout aimable.  Je pourrai donner son contact en privé à celles qui me le demandent (il se situe en IDF proche de Paris).

Dois-je préciser qu’à part le gynéco fou toutes personnes médicales que j’ai vues portaient un masque correctement et étaient aimables ?

Une chose m’a particulièrement choqué dès le début de ma grossesse. Le personnel médical mis au courant de ma grossesse n’avait aucune compassion et ne faisait preuve d’aucune émotion. On aurait dit que je leur disais que je venais  acheter une baguette de pain. Les mecs s’en foutaient royal. Ils me demandaient un seul truc « de quand dates vos dernières règles ». SUPER. Je suis en panique totale, je ne comprends rien à ce qu’il se passe et mon me parle de dates ? Mais cela est complètement normal me rétorquera-t-on, pour eux c’est leur quotidien ! Ah si, la sage-femme en ville m’avait félicitée ! La seule ahah.

Bilan du premier trimestre

Finalement, contre toute attente, au bout de trois mois, j’ai commencé à retrouver une vie un peu plus mouvementée !

Fin avril, j’ai passé ce cap, non pas sans difficulté vous l’aurez compris, mais beaucoup plus détendue et rassurée. Je commence un peu à remanger, j’ai repris un kilo et je ne passe plus ma vie à faire des recherches sur Internet en imaginant le pire. Mon bras gauche n’en peut plus des prises de sang, au moins six pour moi en trois mois. Je commence à réfléchir à la déco de la future chambre du bébé. J’ai trouvé le mobilier et il ne reste plus qu’à l’acheter, mais j’attends encore quelques mois.

Mon ventre s’arrondit depuis une semaine, au point que quand je ferme des jeans taille haute ou basse, je ressens un inconfort suprême. Fini les pantalons de tous les jours. Je croyais que j’allais mal vivre le fait de me transformer mais en fait pas du tout et j’ai même hâte de ne plus être dans cette entre-deux où on ne sait pas si je suis enceinte ou si je viens de manger tout le fromage de la raclette.

Rassurez-vous, malgré le virage que ma vie est en train de prendre, je ne compte pas vous assommer d’article sur les bébés et tout le tralala. Je garderai ma ligne éditoriale inchangée.

Dans le prochain épisode à lire ici, je vous raconterai ce que ça fait de passer devant tout le monde aux caisses des hypermarchés ou d’Ikea 😀