Qu’on se le dise, on ne sera jamais prêtes à affronter cette période. J’ai même l’impression que tout le monde laisse planer un flou quant à ce passage, disons-le, à vide. Proches, famille, mamans, amis, personnel soignant, tous ont sellé un pacte pour nous cacher la suite des événements, je ne vois que ça.
(Ils ont certainement oublié de passer me voir dans la chambre de la maternité, pour me faire signer ce fameux accord de confidentialité, ou alors le vigile aux portes de l’hôpital leur a refusé l’accès).
Je vais donc pouvoir vous parler, en toute franchise, de l’après-accouchement. Je reviendrai plus tard sur l’accouchement.
Autre sujet sur lequel je reviendrai en détail dans un longgggg article : l’allaitement. Tout comme bon nombre de sujets, nous ne sommes pas franchement bien préparées à mettre cela en place !
Moi qui pensais « tout savoir »
Bah oui ! J’ai suivi les cours de préparation à l’accouchement et tout le tralala. La sage-femme avait effectivement évoqué les suites de l’accouchement en mettant l’accent surtout sur cette histoire de baby blues lié à la chute des hormones.
Mais à quel moment évoque-t-on les douleurs physiques ? Cependant, j’en suis consciente, tout dépend de comment s’est déroulé votre accouchement. Si un médecin a débarqué, ou non, avec son artillerie, sa fameuse boite à outils, tant redoutée. Comme je l’évoquerai dans mon articlé dédié à l’accouchement, bébé et moi avons goûté aux joies des forceps, pour finalement pas grand-chose, ai-je appris par la suite. Mais le pire dans l’histoire réside dans l’épisiotomie. Pour vous la faire courte, la gynécologue incise (COUPE) 2,5 cm à 5 cm de long, du bas du vagin, en direction de l’anus. Le but ? Vous faire souffrir. Non plus sérieusement, c’est pour en augmenter l’ouverture et ainsi faciliter le passage du bébé au moment de l’accouchement.
Sous péridurale, on ne se rend compte de rien. Zéro douleur, zéro sensation, zéro tracas (zéro blaba, MMA). Même quand le médecin recoud, il ne se passe rien, la douleur n’est absolument pas perceptible, à condition que la péridurale fasse toujours effet, chose que je vous souhaite car cela ne prend pas deux minutes. En revanche dès le lendemain, c’est une autre histoire.
« Ça dure 3 à 5 jours max la douleur. Et puis on vous a fait un surjet, c’est magnifique comme cicatrice. N’ayez crainte, les fils se résorbent tout seul, il n’y a rien à faire, juste à attendre ».
La vérité sur l’épisiotomie
La réalité, la vraie, vous la voulez ?
Ok passez-moi tous vos médicaments anti-douleurs là, je n’ai pas le temps pour vos histoires de réussite de cicatrice. Moi l’anti-médocs, sauf si maladie grave bien évidemment, je me suis jetée sur les anti-douleurs, les anti-inflammatoires, bref je prenais tout ce qui m’était autorisée, à savoir pas grand-chose puisque j’allaitais. Les solutions plus fortes m’étaient malheureusement interdites car elles passent dans le lait maternel et que bébé n’a pas besoin d’ingurgiter tout ça !
Tu ne vas plus pouvoir t’asseoir, tu vas marcher en canard, le postérieur en arrière, courbée comme une grand-mère de 90 ans. Tu vas galérer pour t’occuper de ton nouveau-né parce que ta mobilité est carrément réduite. Oui tu vas souffrir le martyre. Mais le pire dans tout ça, c’est quand il s’agit d’aller aux toilettes. Petite ou grosse commission, bonne chance. Dans ta tête tu auras peur de forcer, même si on t’assure que c’est impossible que les efforts ouvrent ta cicatrice. Ouais ouais, c’est comme l’histoire de la douleur qui ne dépasse pas 5 jours.
Sauf qu’à la maternité, les équipes s’étonnaient d’entendre mon désarroi. Ok, je dois être une chochotte, mais on ne parle pas d’une coupure de 3 mm là les mecs ! Le truc à la taille de la muraille de Chine, au minimum !
13 jours plus tard, je continuais de douiller et de pleurer. J’ai beau raconter mon histoire au corps médical et à montrer ma cicatrice à tout Paris, j’ai le droit au beau discours : « magnifique boulot du gynéco, on ne verra rien par la suite ! La cicatrice est belle. Encore quelques jours et vous ne sentirez plus rien ».
Et vas-y que j’avale encore des médocs en croisant les doigts pour que ça passe.
15 jours révolus, ça allait enfin mieux.
Et j’ai découvert une autre joie du post-accouchement liée au fait d’avoir poussé. Une chose que je n’avais jamais expérimentée jusqu’à ce jour : les hémorroïdes. Ah mais jamais je n’ai été avertie d’une pareille conséquence. C’est en examinant ma « magnifique » cicatrice que le personnel de santé a contemplé plus bas et a découvert le pot aux roses. Malheureusement, trop bénins, ils n’influaient en rien sur mes douleurs. C’était déjà ça en moins. Rassurez-vous, avec une crème, cela disparait rapidement.
Les lochies
Ce doux mot, qui me fait sans cesse penser aux gnochies héhé, désigne le saignement post-partum, que vous ayez accouché par voie basse ou par césarienne. Ces pertes sont constituées d’un mélange de sang et de placenta. Pour faire simple, votre utérus se débarrasse de la membrane muqueuse qui recouvrait sa paroi pendant votre grossesse. Cela dure en moyenne un mois. En gros, vous avez échappé aux règles pendant 9 mois et vous étiez assez contentes. Manque de bol, elles vous attendent à la sortie, de façon quotidienne pendant un certain temps. Ces saignements ne sont pas les mêmes pour toutes les femmes. Chez certaines, ils peuvent durer deux semaines, pour d’autres, un mois ou plus. De manière générale, pour la plupart des femmes, ils cessent entre quatre et six semaines après l’accouchement. Ah et on ne parle pas de 5 ml par jour hein. Perso, j’utilisais mes culottes de règles MODIBODI. Je les conseille vivement. Si besoin, j’ai un code promo utilisable plusieurs fois CAMILLE2024.
Finalement, pour ne rien vous cacher, j’ai passé pas mal de temps dans ma salle de bain dans ma douche pour me laver et pour soulager mes douleurs. Contente que cette pièce ait été refaite à neuf quand on a acheté l’appartement. Je suis finalement soulagée d’avoir opté pour des produits de qualité de chez Grohe, vu l’utilité excessive de la douche par exemple !
Les tranchées
Je ne vais pas évoquer la Première Guerre Mondiale, avec un nom pareil on pourrait le croire, mais les contractions de l’utérus. Elles peuvent être douloureuses, tiens c’est étonnant, et elles surviennent quelques heures à quelques jours après l’accouchement. Ces contractions permettent de refermer les vaisseaux sanguins qui étaient reliés au placenta, afin d’éviter une hémorragie. Elles aident l’utérus à reprendre sa taille initiale dans la cavité abdominale, soit 5 à 10 cm seulement. Enfin, elles débarrassent l’utérus des éventuels derniers caillots, donnant lieu à des saignements et pertes que l’on appelle donc lochies.
La maman ? Aux oubliettes
Et oui, le gros ventre a disparu, votre intérêt aussi ! Il n’y en a plus que pour le petit trésor. Après la maternité, j’ai bénéficié d’une visite à domicile de la part d’une sage-femme, pour vérifier notamment ma cicatrice, mais surtout si le bout’chou se portait bien ! Après cela, tous les rendez-vous ne concernaient que le bébé. En cas de pépin pour la maman, il faudra qu’elle prenne les devants et qu’elle consulte. Personne ne l’appellera pour savoir si elle se sent bien. En revanche, lors de la pesée hebdomadaire à la PMI (pendant le premier mois, il faut faire peser le petit chaque semaine pour contrôler la prise de poids) j’ai évoqué mon « horrible » accouchement. La puériculture m’a conseillée de consulter leur psychologue pour creuser le sujet. Et bien j’ai accepté pour mieux pouvoir tourner la page de cet événement que j’ai vécu comme un traumatisme.
Un mode de vie revisité
En devenant maman, c’est ainsi que j’ai découvert ma capacité à prendre des douches en moins de trois minutes, à lancer des machines de linge minimum une fois par jour, sans m’en lasser, à garder la forme la journée malgré des nuits entrecoupées pour allaiter, à passer ma vie à vérifier que ce nourrisson respire comme il faut, à changer des couches toujours plus vite, à passer des heures (et à kiffer) lire des articles sur la maternité ou sur des comparatifs de porte-bébé, à apprécier manger froid quand j’y arrive. Tout ne tourne qu’autour de bébé, je suis dans une bulle, et je n’en suis pas plus dérangée que cela. Je reste chez moi dans ce cocon, évite les lieux publics, les réunions familiales vu les nombreux cas et graves de bronchiolites en ce moment, sans parler de la COVID-19 qui entame sa cinquième vague avec son super nouveau variant.
Qu’on ne vienne pas me parler de lien fusionnel blabla malsain. Un bébé a besoin des bras, a besoin d’attention et surtout de sécurité pendant au moins un an. Notre société occidentale veut nous faire croire qu’il faut rendre autonome ce petit mammifère le plus rapidement possible, le mettre à la crèche, le faire dormir seul dans un lit à barreau et le nourrir à coup de bib’ de lait de vache. Vivre une parentalité autre que celle rabâchée par les médias nous ferait passer pour des crétins, des illuminés embarqués dans une secte. Je conseille au passage la lecture du fantastique bouquin « Pourquoi les bébés dorment-ils dans des lits à barreaux » de Natacha Butzbach que vous pouvez vous procurer ICI.
BREF.
Le pire dans cette nouvelle vie ? Sauter des repas parce que bébé a élu domicile, pour ses siestes, sur mon torse ou sur mes cuisses, voire sur mes bras. Ou encore mieux, la nuit, se transformer en robot. Chouinement = se réveiller en sursaut = préparer l’allaitement au cas où il ne soit pas entre deux phases de sommeil et qu’il se réveille vraiment, = avoir des fuites de lait parce que crevée au bout de sa vie = endormir l’enfant au sein = le reposer délicatement dans sa turbulette et dans son lit = prier pour qu’il ne se réveille pas = chouinements = bon bah préparer sa place dans le lit pour qu’il y reste en sécurité = surveiller qu’on ne lui roule pas dessus = mettre du temps à fermer les yeux = ah c’est bientôt l’heure de la prochaine tétée = et rebelote, chouinements.
Et pourtant, tous les matins, je regarde ce bébé et j’oublie tout. Je ne vois en lui que du bonheur et surtout beaucoup d’amour. Et puis au fil des semaines, on prend ses marques et tout devient facile. Je ne mets plus de lait partout, bébé dort proche de moi et enchaine les heures de sommeil petit à petit.
Plus de bras, plus de chocolat
Et je ne plaisante même pas en écrivant cela ! Je n’aurais jamais pensé que ce petit être aurait autant voulu ne pas quitter les bras. Les miens comme celui de son papa chéri. Mais comment fait-il pour sentir que je le pose ailleurs et se réveiller automatiquement ou quelques minutes après ? Où est planqué son radar que je le coupe parfois ? Et que ça chouine si tu oses changer de pièce ou décide d’aller faire autre chose que de le regarder dormir. Je vais devoir investir dans une écharpe porte-bébé physiologique pour retrouver l’usage de mes mains et pouvoir retourner dans la cuisine attraper cette tablette de chocolat au lait qui me fait tant saliver. Je ferai un article au sujet du portage d’ailleurs, parce que le BabyBjorn ne fonctionne pas en intérieur pour nous ! Et puis j’ai appris que ce n’était pas très physiologique leurs modèles !
Le poids
Le sujet qui en fâche plus d’une ! Pour ma part, après avoir pris 10 kilos vers le septième mois, j’ai arrêté de me peser à la maison. Je laissais la maternité faire ce sale boulot, quelque peu déprimant pour les futures mamans. J’ai finalement pris environ quatorze kilos. J’ai surtout pris dans le dernier mois, au moins trois kilos il me semble. Et bien en rentrant de la maternité, soit trois jours avec l’accouchement, j’avais perdu près de dix kilos. Deux semaines plus tard, j’avais dit adieu à mes kilos superflus et je rentrais dans TOUTES mes fringues. INCROYBALE. Pourtant je ne faisais AUCUN régime et je mangeais pas mal de sucreries. Je pense que l’allaitement y est pour quelque chose et le fait que je ne puisse pas me mouvoir comme je le voulais à cause des douleurs m’aidait à ne pas aller faire les tiroirs de la cuisine ahah. Avec un bébé qui aime se reposer dans les bras, pas certaine non plus que vous ayez le courage de le poser dans le transat pour filer manger un truc ! J’en paie les frais et je suis limitée dans mes déplacements salon-cuisine.
En parlant de poids, j’aimerais revenir sur les vergetures. Je touche du bois, je n’en ai pas eu pendant ma grossesse. Mais après, il faut tout de même continuer d’étaler des produits anti-vergeture, surtout sur la poitrine si vous allaitez, à cause du gonflement, lié aux montées de lait.
Le fameux baby blues
Il s’agit de l’épisode de déprime qui touche près de 60% des femmes qui accouchent. Il survient en général au troisième jour après l’accouchement. Voyez cela comme un « orage » hormonal, émotionnel et existentiel. Le baby-blues est lié à la conjonction de plusieurs phénomènes : fatigue, chute des progestatifs – hormones de la grossesse- bouleversement psychologique… Le baby-blues est très fréquent et normal après une grossesse. Cet épisode de courte durée est totalement différent d’une dépression du post-partum. Je ne pourrai pas dire si je l’ai subi ou pas. J’ai toujours eu des hauts et des bas, dans une même journée, alors je n’ai pas vu de différence.
En revanche, depuis les nuits épouvantables et stressantes passées à la maternité, je ressens une certaine angoisse dès que la nuit tombe. Manque de bol pour les bébés nés en automne et en hiver, il fait sombre dès dix-sept heures… J’ai peur des nuits parce que je sais qu’elles sont mouvementées, que je vais peu dormir et que le retard de sommeil va s’accumuler (un des bémols de l’allaitement à la demande, pour n’en citer qu’un car finalement je n’en vois pas d’autres). Avec le temps ce sentiment s’estompe, je vous rassure.
Chacune vit cet événement à sa façon et nous ne sommes pas toutes égales face à ce phénomène. Il faut se montrer patiente et ne pas craindre de demander de l’aide. Il existe des psychologues à la maternité et d’autres personnes du corps médial à l’écoute comme la sage-femme. J’ai même vu passer le métier de « Doula », des dames qui vous accompagnent en amont et en aval, même pendant, l’accouchement.
La fatigue n’arrange rien en tout cas !
Globalement, à presque deux mois après l’accouchement, je trouve que je m’en sors plutôt pas mal ! Heureusement que je suis bien épaulée par un mari aimant et qui ne rechigne pas face aux corvées. J’admire ces femmes qui élèvent seules, et sans aide, leurs enfants. Je leur tire mon chapeau.
La rééducation du périnée
Il faut attendre environ deux mois pour la débuter. La maternité a prescrit dix séances. Vivement que je les commence. Je ne supporte plus cette sensation de pesanteur dans mon bas du ventre. Il ne faut pas plaisanter avec cela et se rendre aux séances. Je vais bientôt rendre visite à une kiné en bas de chez moi, spécialisée dans ce domaine.
D’autres détails existent mais je ne les ai pas testés ! Je vous les mets quand même :
Les fuites urinaires et même anales ! La perte des cheveux. Et le pire dans tout ça, c’est de ne pas aimer immédiatement son bébé. Je pense que le pire à vivre. Se retrouver face à un nouveau-né et ne rien éprouver. J’imagine le sentiment de honte et de culpabilité que subissent ces femmes.