Après avoir eu le retour de Julien au sujet de ce mode de vie, découvrons le témoignage d’Ophélie !
D’où t’est venue cette envie de prendre le large en van ? Quel est ton projet ?
Il y a déjà quelques années, à mon entrée à la faculté, j’avais déjà l’idée d’acquérir un van aménagé. C’était plutôt un rêve que je gardais dans un coin de ma tête. Ce qui me faisait rêver, c’était ce sentiment de liberté que ça pouvait procurer. C’était pour moi vivre la vie en roues libres. J’ai vécu toute mon enfance à la campagne, dans un petit village Vosgien et mon arrivée en ville pour mes études m’a énormément fait réfléchir sur la vie que je souhaitais avoir, sur mes réels besoins et j’ai toujours eu du mal avec le système actuel. La nature me manquait, je sentais bien que la vie à 1000 à l’heure sans verdure, sans pause ne me convenait pas. L’idée du van, c’était avant tout pour moi l’expérience de l’aventure, de la vraie liberté, c’était aussi l’idée de renouer avec la nature, revenir à l’essentiel et surtout prendre conscience de mon impact en tant qu’humain.
Tu as tout retapé un van ? Comment ça se passe concrètement ?
J’ai fait l’acquisition depuis peu d’un VW T3, j’ai fait en sorte qu’il soit déjà bien aménagé histoire de pouvoir le retaper à mon goût sans avoir de gros travaux à faire moi-même dessus donc je ne suis pas partie de zéro. J’ai décidé de me tourner vers un VW pour la touche ancienne et parce que j’adore ces véhicules. Niveau mécanique, je n’y connais rien, je m’arrange pour faire vérifier le camion avant le départ histoire de partir en étant confiante. Parce que la mécanique c’est ma bête noire pour l’instant. Je réfléchis sérieusement à prendre des cours pour avoir quelques bases afin de pouvoir me débrouiller seule si jamais je tombe en panne loin de la maison. Je me réjouis de repeindre les meubles à mon goût, de choisir le tissu des rideaux et de la banquette, de le décorer selon mes envies et de participer à la création de mon propre petit cocon.
Comment ont réagi tes proches à l’annonce de ton départ ?
Pendant plusieurs années, j’ai voyagé en camion avec mon compagnon, cela fait peu de temps que je prends la route toute seule. Ce mode de vie n’inquiète pas ma famille, car ils sont ouverts et comprennent mes choix. Je pense que ce qui peut être compliqué, c’est plutôt l’incompréhension et l’image qu’on peut renvoyer en société avec nos camions. Ce mode de vie et de voyage laisse place à beaucoup de remarques et on peut parfois donner l’impression qu’on est des « paumés » mais j’ai la chance d’être entourée de personnes qui partagent les mêmes valeurs que moi avec cette richesse de pouvoir voir la vie autrement.
Qu’est ce qui te plait dans ce mode de vie ?
Je crois qu’il n’y a rien de mieux que le sentiment de liberté qu’on ressent quand on est sur la route, quand on voit les paysages défiler. Rien de mieux que de prendre le temps d’admirer ce qui nous entoure, de s’arrêter ou on veut quand on veut. Le fait de vivre pendant un temps dans un petit espace me permet aussi de me rendre compte de ce que je possède, de mes besoins réels en tant qu’humain. Ces instants-là n’appartiennent qu’à moi et je pense que mon plus beau voyage c’est celui que je fais à l’intérieur de moi depuis que j’ai la chance de pouvoir toucher du doigt cette belle expérience. Je me rends compte au fil du temps que ce n’est pas l’acquisition matérielle qui rend heureux, mais le fait d’être en accord avec soi-même. Au delà de la vie en mouvement et des nouveaux paysages, c’est mon rapport au monde et à la société qui a changé. Je prends conscience un peu plus tous les jours que le vrai luxe, c’est de se sentir bien dans sa tête et de se sentir alignée.
Quel est ton meilleur souvenir ? Et ton pire ?
Je n’ai pas de meilleur souvenir dans le sens où les moments en camion sont mes vrais moments de vie. C’est quand je retourne à la sédentarité que je m’oublie et j’ai parfois tendance à me perdre dans le tourbillon de ce que la société nous impose. Contrairement à la grande majorité des gens, le vie sécure et linéaire ne me fait pas rêver. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est être en osmose avec la nature et me calquer sur ce qu’elle m’offre au quotidien. Ouvrir les yeux avec les premiers rayons du soleil, marcher pieds nues dans la rosée du matin, se réjouir d’un café chaud le matin avec le bruit de la mer ou des oiseaux.
Quelles étaient tes craintes ?
J’ai toujours des craintes, mais celle que j’ai voulu affronter par dessus tout c’est la peur de la solitude. Le voyage en camion me permet de faire l’expérience du silence, du vrai silence sans la pollution auditive de la ville, de prendre des distances avec ce que l’homme a fabriqué et conçu pour palier à ce silence qui peut parfois apparaître pesant. Je travaille encore avec cette solitude, j’apprends petit à petit à l’apprécier, j’apprends à me détacher de ce que la société nous impose, de la productivité, de l’action, du « faire pour être ».
Les points négatifs du vanlife ?
Un des points négatifs, c’est de vivre dans un espace très réduit, mais on s’habitue vite et ça permet justement de prendre avec soi le strict minimum. L’aménagement du camion prend ici tout son sens, car il faut vraiment qu’il soit bien pensé avec pas mal de rangements. Tous les soirs et tous les matins, c’est ménage pour tout ranger et éviter de ne plus s’y retrouver. Mais l’espace n’est pas tant un problème puisque la majorité du temps je le passe dehors. Je pense que ce qui peut être le plus problématique, c’est le froid notamment les nuits froides. Tout ce qui est ravitaillement aussi, que ce soit en eau ou en nourriture, il faut tout de même être prévoyant et un minimum organisé. Le dernier point négatif c’est la « démocratisation » du voyage en van. Malheureusement aujourd’hui, beaucoup de personnes tentent l’expérience sans respect de la nature et des autres. Aujourd’hui il est donc de plus en plus compliqué de se poser en camion sans rencontrer quelques petits soucis le long de ton périple.
Quels sont tes projets pour la suite ?
Je n’aime pas parler en terme de projet parce que je suis curieuse de voir ce que la vie va me réserver mais j’essaie de faire des choses qui me font du bien et qui me passionnent. Je suis actuellement en train de me former à la naturopathie pour en faire mon métier dans quelques années. De plus, je souhaite dans le futur pouvoir m’installer dans un habitat léger avec un faible impact environnemental. J’ai l’idée d’une tiny house, cela me permettrait d’être en accord avec mes valeurs de vie, d’habiter un lieu qui ne m’en rend pas esclave. Avec les expériences que je vis en camion, je sais aujourd’hui que je n’ai pas forcément besoin d’avoir en abondance, je me rends compte qu’habiter un petit espace me permet de pouvoir me centrer sur autre chose.
Tes conseils aux lecteurs qui aimeraient partir vivre cette aventure ?
Quand on envisage de tenter l’expérience d’un roadtrip en camion, je pense qu’il est important de bien se préparer, que ce soit au niveau matériel et aussi dans sa tête. Se préparer à vivre dans un petit espace et surtout d’envisager la cohabitation si vous comptez partir à plusieurs. Assurez-vous également de partir avec un véhicule révisé histoire d’éviter un maximum de mauvaises surprises sur votre chemin.
Merci Ophélie pour ce magnifique témoignage !
Pour la suivre et découvrir son univers si poétique, c’est par ici :
https://www.instagram.com/opheliebannerot/
La semaine prochaine, nous découvrirons celui de Camille.