CamilleG

Bébé & alimentation : nouvelles recommandations du gouvernement

Après la prise de tête de comment optimiser les nuits de bébé, voici celle en lien avec la diversification alimentaire. Et je peux vous dire que là encore, rien n’est simple. Par où commencer ?

Par les recommandations ancestrales balancées par la médecin généraliste, qui a pourtant l’option nourrissons dans ses compétences, que nous avons reçues lorsque bébé avait atteint les trois mois. (Alors oui je préférerais faire suivre mon enfant par un pédiatre mais ceux du coin ne prennent plus de patients ou mieux encore, proposent des consultations de trois minutes montre en main, pour l’avoir testé le mois dernier).

« Le mois prochain, il faudra commencer à lui donner à manger. On introduira les purées. Ils adorent ça, les miens les premiers. »

« Ah bah je comptais allaiter exclusivement jusqu’à ses six mois et voir à ce moment-là pour introduire les morceaux. Et puis l’OMS recommande six mois quand on allaite. »

« Mais pas du tout, l’OMS ne recommande pas cela. Oui les morceaux c’est à la mode je pourrais vous aider un peu sur ça mais il faut se concentrer sur les purées. Et puis votre allaitement, après trois mois ça ne doit plus être à la demande de bébé, il faut lui donner biberon le soir pour mieux que vous dormiez. »

Avec de la farine le biberon aussi ? MON DIEU, à quel moment je me suis plainte de mon sommeil ? JAMAIS EN FAIT. Déjà que j’étais septique sur certaines de ses idées, mais alors me sortir l’inverse de ce que je lis et de ce que me disent les professionnels de l’allaitement et de la nutrition pour bébé… Là c’est bon je suis véritablement saoulée.

Bien évidemment, je n’ai pas voulu aller à l’encontre de ce médecin, pourtant de mon âge, mais qui tient des discours archaïques, et qui ne semble pas s’est un minimum renseignée quant aux nouvelles recommandations alimentaires de son pays, datant pourtant de 2019.

Mais le coup de massue ce n’est pas ça, mais cette phrase qui te plonge dans une culpabilité sans fin, d’ailleurs je ne vous cache pas qu’en sortant de cette consultation je me suis mise à pleurer :

« Et si vous attendez six mois, vous pouvez rencontrer des troubles de l’oralité. »

MAIS LOL. AUCUN RAPPORT.

La définition du trouble de l’oralité alimentaire (TOA) c’est « l’ensemble des difficultés de l’alimentation par voie orale » En pratique, grosso modo ça va être des enfants qui mangent très peu et/ou très peu varié. C’est sûr que mon bébé ne risque rien à manger H24 des purées de carottes si je l’écoute.

J’aurais dû lui répondre cela :

Les recommandations de la Société Française de Nutrition pour les enfants sains et nés à terme sont les suivantes depuis 2015 : « que l’enfant soit allaité ou reçoive une préparation pour nourrissons, il n’y a pas de justification nutritionnelle à lui donner un autre aliment que le lait, idéalement maternel, avant l’âge de six mois. La diversification ne doit pas être débutée avant l’âge de quatre mois, en raison du risque d’allergie, mais pas après l’âge de six mois car le lait maternel ou les préparations pour nourrissons ne permettent plus de répondre à eux seuls aux besoins nutritionnels et au développement du nourrisson ». L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), l’UNICEF France (United Nations International Children’s Emergency Fund), l’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé) recommandent de commencer l’introduction des aliments complémentaires à partir de six mois pour que les capacités digestives, de mastication et de déglutition du bébé soient mieux développées.

Le lait maternel ou infantile fournit toute l’énergie et les nutriments qu’il faut à l’enfant pendant les six premiers mois de vie et continue de couvrir la moitié ou plus de ses besoins nutritionnels pendant le second semestre de vie, et jusqu’à un tiers de ceux-ci pendant la deuxième année. Le lait ne couvrant plus tous les besoins de bébé, il est important qu’il consomme de plus en plus d’aliments complémentaires. Et il est vrai que certains bébés ne mangent pas vraiment tant que l’on propose le lait en premier, tout simplement car leur estomac est petit. Cependant, il est également important de conserver un bon apport lacté (correspondant à au moins 500ml de lait par jour jusqu’à deux ans), en plus des aliments complémentaires, notamment pour un apport suffisant en calcium.

BREF.

Si vous aussi vous vous coltinez des remarques déplacées, fausses de la part de professionnel de santé

Je vous supplie de lire ce qui suit et de vous faire aider ou suivre par des docteurs en nutrition pour bébés et enfants ! C’est le cas de la géniale Julie, nutritionniste, qui a lancé il y a trois ans un service d’accompagnement digital concernant l’alimentation. Elle a ainsi déjà dépassé les 3 000 patients et reconnecté les familles à une alimentation bienveillante (et équilibrée) avec leur chérubin. C’est d’ailleurs Julie qui va suivre de près la diversification alimentaire de mon bébé.

FOCUS HAMSTOUILLE

Voici comment ce projet a vu le jour : « quand j’ai commencé la diversification alimentaire de mon fils, je me suis rendu compte que les informations partagées par le pédiatre, la famille, les amis, les collègues… étaient toutes très différentes et parfois même étonnantes ! En tant que docteur en nutrition, j’ai été déçue de voir le manque d’accompagnement des parents lors de la diversification alimentaire. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de me lancer dans le projet Hamstouille. Je me suis entourée d’une équipe de professionnelles spécialisées en nutrition infantile pour accompagner les familles lors des consultations et suivi personnalisés. L’équipe Hamstouille est constituée de huit diététiciennes nutritionnistes formées en alimentation du bébé (nutrition pédiatrique, diversification menée par l’enfant, allaitement…). Nous savons que les premiers mois avec un bébé sont souvent bien remplis et demandent beaucoup d’organisation. C’est pour cela que les diététiciennes de l’équipe Hamstouille ont décidé d’effectuer toutes leurs consultations par visioconférence pour un maximum de praticité. Il y a des créneaux en journée, en soirée et même le week-end pour que chaque famille puisse trouver un moment qui lui convient ».

Le suivi d’un an s’effectue ensuite sur la plate-forme en ligne, à travers différents outils, accessibles depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone.

Sur le principe, avec mon mari, nous avons décidé de partir sur cinq ou six mois d’allaitement exclusif, car nous avons un nourrisson né à terme et qui ne connait pas de souci de poids.

Mais nous sommes ready à débuter avant dans le cas où bébé montrera des signes qui prouvent qu’elle est prête à commencer :

Bébé maintient déjà bien sa tête et peut s’asseoir tout en ayant un support.

Bébé s’intéresse à de nouveaux aliments et ouvre la bouche avec enthousiasme lorsqu’il voit la cuillère se lever de l’assiette.

Bébé peut déjà mettre des choses dans sa bouche tout seul.

Bébé a davantage faim. Les intervalles entre les repas raccourcissent, ou le lait seul ne lui suffit plus.

ATTENTION. Dans certains cas, comme l’évoque Julie : « le pédiatre peut recommander une diversification avant six mois. C’est souvent le cas quand un bébé casse sa courbe de poids. Mais il faut alors absolument revoir l’apport lacté ou la conduite de l’allaitement, car les purées ne résoudront pas le problème… La purée de courgette étant bien moins calorique que le lait ! Un bébé avec une cassure de poids devrait d’ailleurs être redirigé vers une nutritionniste pédiatrique ».

Et alors quelles sont ces « nouvelles » recommandations et informations alimentaires de 2019 pour les bébés permettant de favoriser l’acceptation de nouveaux aliments ?

L’Anses a été saisie le 28 mars 2017 par la Direction générale de la santé (DGS) concernant l’impact de l’exposition précoce de l’enfant aux facteurs nutritionnels environnementaux par l’alimentation durant la période dite des « 1000 jours » et correspondant à la période allant de la conception aux 2 ans de l’enfant environ.

Je vais donner les grandes lignes du rapport disponible gratuitement sur Internet, dont voici le lien pour le récupérer : https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2017SA0145.pdf et par la même occasion, n’hésitez pas à donner une copie à votre pédiatre, médecin s’il vous prend la tête ahah.

Petit focus sur le lait

Le lait maternel ou lait de préparation infantile restent la base de l’alimentation de l’enfant. Les quantités diminuent progressivement entre un et trois ans, au profit des aliments solides.

Selon Hamstouille de 3 à 6 mois :

Bébé doit boire entre 600 à 900 ml de lait (en moyenne 720 ml) par 24h.

Pour les bébés au biberon il est préférable de proposer 6 biberons de 120 ml plutôt que 4 de 210 ml étant donné la petite taille de leur estomac (environ 150 ml à 6 mois).

Les bébés allaités tètent au moins 6-8 fois par 24h.

L’allaitement maternel détient un effet positif sur l’acceptation de nouveaux aliments lors de la diversification alimentaire. Il favorise l’acceptation des saveurs en faisant varier les flaveurs à chaque tétée, liées à l’alimentation de la mère, et permet à l’enfant de développer de meilleures capacités orales pour s’alimenter par la suite. Les études ont montré un lien entre la durée de l’allaitement et une alimentation plus saine à l’âge de deux ans. Une étude rapporte que la durée de l’allaitement au sein est associée à de meilleures capacités masticatoires. Allaiter un nourrisson favoriserait son développement moteur oral. Autre bienfait mis en avant dans les études, l’allaitement exclusif prolongé pourrait protéger les nourrissons du risque infectieux et du risque d’hospitalisation pour infection, y compris dans les pays à haut niveau de revenus.

Il est préférable d’utiliser une tasse à un biberon pour les liquides autres que le lait. Les études anglaises déconseillent d’utiliser le biberon pour le lait ou pour toute autre boisson après un an pour que l’enfant apprenne à boire sans téter et limiter le temps de contact avec la boisson.

La découverte d’une alimentation diversifiée se fait par la main ou par la cuillère.

Quand débuter la diversification alimentaire ?

Un début de diversification alimentaire à partir de 4 mois révolus (sauf si allaitement exclusif) et pas après 6 mois. Les fonctions gastro-intestinales et rénales sont suffisamment matures pour permettre aux enfants nés à terme de prendre en charge des aliments de diversification à environ 4 mois. Les capacités motrices nécessaires à un nourrisson pour accepter et avaler sans risque un aliment sous forme de purée sont acquises entre 4 et 6 mois.

Entre 6 et 10 mois, les capacités d’alimentation orale se développent lorsque l’enfant est stimulé par de nouvelles textures. Le mouvement latéral de la langue ne se met en place que si l’enfant reçoit des textures nécessitant cette capacité. Retarder l’introduction d’aliments grumeleux au-delà de 10 mois est associé à des problèmes d’acceptation des textures plus complexes plus tard. L’introduction des textures est à faire le plus tôt possible après 6 mois et certainement avant 12 mois : c’est essentiel au développement des capacités orales de l’enfant et à l’acceptation des aliments de textures plus complexes. Il est important de varier les textures des différents groupes d’aliments : lisse, granuleux, juteux, spongieux, friable, sec, fibreux, croustillant, craquant, crémeux, pulpeux… en adaptant la taille et la dureté à l’enfant.

Plusieurs signes peuvent indiquer aux parents que l’enfant est prêt à consommer des aliments ayant une texture moins lisse que la purée :

Il sait maintenir sa tête et son dos droits dans sa chaise.

Il avale les purées lisses et épaisses sans aucun problème.

Il réalise des mouvements de mâchonnement quand il porte quelque chose à sa bouche.

Il est capable de tenir un aliment dans sa main et de le porter à sa bouche (il cherche à se nourrir seul).

Il se montre intéressé par le repas. Par exemple, il essaie de prendre des aliments dans l’assiette de ses proches.

Les morceaux ?

L’introduction d’aliments non lisses à partir de 8 mois (mais c’est possible à partir de 5-6 mois si bébé à le tonus physique pour, ce n’est pas précisé dans le rapport, c’est moi qui l’ajoute à la suite de mon entretien avec Julie de Hamstouille, certains pays comme Finlande le font) et pas après 10 mois. En veillant à varier les textures proposées, les modes de présentation et en adaptant la taille et la dureté des morceaux aux capacités orales de l’enfant.

Il est possible d’introduire une nouvelle texture à chaque repas. Purée lisse, pour découvrir le gout des aliments. Purée épaisse et granuleuse pour découvrir autre chose.

Morceaux qui s’écrasent contre le palais, tels que les fruits très mûrs ou les légumes bien cuits.

Morceaux qui s’écrasent entre les doigts, tels que des petites pâtes, des demi-rondelles de bananes, des fromages mous.

Morceaux qui se cassent avec les dents, tels que des petits dés de jambon, petits morceaux de viandes, les légumes crus coupés en petits bâtonnets (finger food), les biscuits pour bébé.

On varie les aliments, tous les jours !

L’offre d’un maximum d’aliments variés entre 5 et 18-24 mois est primordiale. Il s’agit de la période favorable d’acceptation de nouveaux aliments, en particulier les légumes qui sont les aliments les moins bien acceptés lorsque l’enfant est plus âgé. Une étude montre que sur une période donnée, ce n’est pas tant le nombre d’aliments proposés qui favorise l’acceptation de nouveaux aliments, mais plutôt le fait d’en changer tous les jours. Agé de six ans, l’enfant exposé à une grande diversité appréciait et consommait plus les nouveaux légumes. Il acceptait également mieux les légumes familiers et présentait plus de désir de gouter les nouveaux légumes présentés. Une autre étude rapporte que l’exposition à une variété de fruits favorise l’acceptation de nouveaux fruits mais de nouveaux légumes.

La manipulation avec les mains d’un aliment de texture particulière pourrait également favoriser l’acception de cette texture.

Les allergènes

Une fois que la diversification a commencé, l’introduction des allergènes alimentaires majeurs tels que le lait de vache, l’œuf de poule et l’arachide ne doit pas être retardé. Sauf que le lait de vache, si vous allaitez, pas besoin de l’introduire avant un an.

Les signaux de faim et de non-faim

L’identification des signaux de faim et de rassasiement et le respect de ces derniers, quel que soit l’âge de l’enfant.

L’enfant régule lui-même sa prise alimentaire généralement bien, que ce soit à l’échelle du repas ou de la journée, tant pendant la période d’alimentation lactée que pendant celle de la diversification.

Les signaux de faim : les pleurs, les mouvements excités de bras et jambes, la bouche qui s’ouvre en grand quand le biberon ou le sein approche. Plus tard, il montre du doigt des aliments, demande à en prendre.
Les signaux de rassasiement : l’endormissement au sein ou au biberon, les tétées qui ralentissent, l’arrêt de la tétée, le rejet de la tétine ou du sein. Plus tard, il se laisse distraire, tourne la tête, refuse la cuillère, la repousse et ferme sa bouche quand elle approche.

Pour les enfants allaités, il est conseillé d’allaiter à la demande.

Forcer l’enfant à finir son biberon ou plus tard son assiette peuvent perturber sa capacité à s’autoréguler. Il doit suivre ses propres signaux internes.

L’enfant sera amené progressivement vers un rythme structuré en quatre prises alimentaires, qui sera suivi à l’école maternelle.

Le social a toute sa place à table

La qualité des interactions sociales, surtout celles parents-enfants, joue un rôle dans l’acceptation de nouveaux aliments. Trop de contrôle parental, comme la restriction et la contrainte, aurait des conséquences négatives. La restriction, comme l’interdiction de manger un aliment, semble favoriser la préférence pour les aliments dont l’accès est restreint, augmenter l’attention portée à ces aliments et leur consommation sans faim. Forcer un enfant à manger serait également contreproductif. Ces pratiques réduisent les capacités de l’enfant à s’autoréguler au niveau des apports alimentaires et sont associés à plus de comportements « difficiles ». Au contraire, mettre à disposition des aliments sains et avoir un comportement alimentaire sain favorise l’acceptation de nouveaux aliments.

Ne pas utiliser les aliments appréciés comme récompense ou réconfort : cela renforce l’attirance de l’enfant vers ces aliments, souvent très sucrés.

L’importance accordée au moment des repas : le contexte est important. Toutes les sources de distraction, telles que la télévision allumée pendant le repas, peuvent détourner l’attention de l’enfant de son assiette, de ses sensations et des signaux de rassasiement et peuvent également limiter la possibilité pour l’enfant d’observer les autres convives et leur comportement alimentaire. Il est nécessaire d’encourager à gouter sans forcer !

Le refus des aliments

La présentation répétée d’un aliment initialement refusé : huit expositions peuvent être nécessaires pour qu’un aliment soit accepté au début de la diversification. Le refus ne se produit pas pendant la consommation mais avant, principalement sur la base des caractéristiques visuelles.

Stratégie reposant sur l’aliment : augmenter la familiarité de l’aliment, sans forcément le faire gouter, en multipliant l’exposition visuelle (emmener enfant au marché par exemple), en lisant des livres sur les aliments, en réalisant des jeux sensoriels avec les aliments (basés sur le toucher et l’odeur), en cuisinant, en jardinant, etc.

Stratégie reposant sur le contexte des repas : garder une ambiance calme, sans distraction comme des jouets ou des écrans, et chaleureuse dans laquelle les parents ne forcent pas à manger l’enfant mais montrent l’exemple en consommant eux-mêmes les aliments.

ATTENTION, la télévision détourne l’attention de l’enfant de son assiette, de ses sensations et signaux de rassasiement et limiterait également de la possibilité pour lui d’observer les autres convives et leur comportement alimentaire.

ATTENTION : les boissons végétales, à base de riz, de soja, d’amande, etc, ne couvrent pas les besoins du nourrisson. Même chose pour le lait de vache et autres laits mammifères, hors préparations infantiles. Parmi les préparations infantiles à base de protéines végétales, celles à base de soja ne devraient pas être proposées durant les 6 premiers mois de vie, du fait de leur teneur en isoflavones. Par ailleurs, 10 à 14% des nourrissons allergiques aux protéines de lait de vache sont également allergiques aux protéines de soja.

Les bonnes habitudes :

Les aliments à éviter (pour les enfants également) :

Les aliments à limiter :

Les mauvais aliments à retenir

Bonne nouvelle, ma fille a débuté sa diversification alimentaire autonome à ses six mois pile ! Je suis trop contente de lui cuisiner plein de plats ! Je continue toujours l allaitement.

Dans un prochain article, je vous présenterai mes achats, mes indispensables pour débuter la diversification !