N'y a-t-il pas d'amour heureux ? Cette question posait par Guy Corneau mérite le détour. Sa réponse, dont l'objet fait un livre, devrait être au programme de lecture des lycéens. Je vous conseille cette lecture pour approfondir et compléter mon article.
L'égalité et la compréhension, seuls remèdes
Autrefois, j'ai l'impression que c'était il y a plus de 400 ans mais en fait pas du tout, c'était hier… Je disais donc, autrefois, la paix domestique reposait sur le sacrifice de la femme au profit de son conjoint. La femme niait son individualité, ses ambitions, sa créativité et ses goûts pour élever les enfants. Cette vision de la société portait le (doux) non de patriarcat. Les femmes se soumettaient à l'autre puisque l'homme pensait mieux et ce qu'il ressentait était plus important que le reste. Aujourd'hui nous nous demandons encore comment cela pouvait être possible. Malheureusement ce schéma perdure encore dans les moeurs de certaines personnes. #CoucouLesMachos
La pilule, le premier jalon de la perte de pouvoir des hommes, l'arrivée des femmes sur le marché du travail dans les années 60, le féminisme actif de 1970… Le couple a pris un certain coup et est devenu un champs de bataille.
Comment être unis en continuant d'être 2 individus à part entière ?
Grâce à l'estime de soi. C'est LE facteur déterminant de nos relations affectives. Pour avoir la capacité d'aimer et de s'aimer, il faut avoir senti que ceux qui nous élevaient, nous aimaient. c'est la base dans la fondation saine de l'estime de soi. Si l'enfant n'a pas reçu de bienveillance, il tombera dans un narcissisme maladif. Pour tenter de réparer ses blessures, il niera son pouvoir personnel et le donnera au premier venu : dépendance. Un manque d'amour développe la difficulté à savoir ce qui est bon pour soi.
L'identité sexuelle se construit dans le rapport tenu entre l'enfant et le parent de même sexe. D'un rapport négatif avec la mère, découlera pour la fille une difficulté de lier des amitié avec les nanas.
Père – Fille : le silence
La fille comble le vide par le fantasme du Prince Charmant (Coucou Disney). Un père prude confond tendresse & sexualité. Par son silence, à partir de la puberté, il lui inflige sa plus grande peine d'amour. Cette négligence laisse un vide intérieur et un manque de confiance chez la fille : elle devient esclave d'un besoin de plaire et d'être désirée. Ce vide fait peur à ses prétendants. Elle rêve d'un couple où l'affection de son compagnon lui ouvrirait les portes de l'Amour. Oppressante, le mec la repousse. Il ne supporte pas sa possessivité et fuit. Il n'est pas là pour guérir une blessure d'amour-propre. Après tout c'est vrai, il n'est pas psy… Elle conclue "tu vois, ce n'est pas un homme pour toi". Elle rejette les paroles de son ex qui lui explique le pourquoi de cette rupture. Elle croit entendre sa mère et nie. Elle cache son insatisfaction en se réfugiant dans des espoirs de changements.
Voilà comment se fabrique la femme qui aime trop.
Pourtant on ne peut pas en vouloir à ces hommes qui rompent. Ce n'est pas à eux de régler le problème d'estime de leur conjointe. Pour accepter l'amour et la sécurité de l'autre, il faut avant tout avoir l'autonomie suffisante pour pouvoir vivre sans homme. Les fantasmes négatifs incarnés par l'image du Prince Charmant (Recoucou Disney) rendent la vie misérable à force des déceptions amoureuses et de l'attente passive. Audace, courage, fermeté… Au lieu d'imagine un preux chevalier, il faudrait que la fille se projette et se voit en accord avec soi, aimant son corps, son esprit, ses sentiments…
Les parents qui n'accordent pas assez de valeur à l'enfant font de leur progéniture un être hypersensible aux autres. Cette hypersensibilité a pour but de développer son amour-propre en méritant l'approbation d'autrui. A trop vouloir plaire, l'enfant trahit sa véritable personnalité et il est contradiction avec son MOI intérieur.
Par la suite, cette faible estime de soi poussera cette fille à choisir des hommes qui ne la respectent pas. Elle découvrira un jour que si elle aime autant, en se voilant la face, c'est car elle ne s'aime pas assez.
Mère – Fils : ça se complique
Vous l'aurez compris en lisant la première partie de l'article, la fille devenue mère, aspire à exister auprès de son conjoint et de ses enfants… Vous sentez le carnage arriver ou pas ? Une femme peut enfanter pour remplir le vide qu'elle a en elle. L'enfant devra satisfaire les lacunes affectives d'une mère (complexe maternel) qui a manqué d'un père. Lavé, nourri, logé, habillé, tout dans l'excès, la petite divinité aura tendance à exiger la même chose de la part de ses partenaires futures. La pression de l'amour maternel oblige le fils à maintenir la barrière de l'inceste et à imprimer chez lui une peur du désir féminin. Il craint également de se retrouver à nouveau dans les mains d'une femme sans avoir la capacité de poser des limites.
Est-ce que je vous parle de ce mec, qui a 31 ans, vit toujours chez papa-maman ? Sa mère lui fait son lit, lui range sa chambre, lui fait ses valises.. lui…. bref tout quoi. Est-ce que ce garçon est devenu un homme mature capable d'aimer normalement ? Est-ce que sa gentille mère est froide avec ses partenaires ? Oui, souvent. Résultat ? Il s'enfermé dans un cercle infernal (de culpabilité) où il ne veut pas être éloignée de maman. Moi je vous le dis, avec des mères pareilles, naissent des émissions comme "Qui veut épouser mon fils". (La réponses est personne, bien évidemment).
Voilà pourquoi nous rencontrons tant d'hommes lâches :
Le maintien de la fusion mère-enfant au-delà des premières années aura des conséquences surtout au niveau des relations amoureuses. Son besoin d'autonomie sera mal perçu par nous les filles en manque d'amour… Il culpabilisera et continuera d'avoir peur de nous blesser. Comme avec sa maman… Vous comprenez ? Tant que l'homme ne sortira pas du "mariage symbolique" avec sa mère et qu'il fera face à la culpabilité et aux remords qui en suivent, il ne pourra pas gagner son indépendance réelle. Il faut affronter le dragon maternel au risque de faire la peine à sa maman.
La fameuse phrase-arnaque "J'étouffe avec ma partenaire" = peur de l'engagement à cause de l'emprise du complexe maternel.
Les hommes sont éduqués pour devenir des héros et les femmes pour être en couple.
Côté filles, on nous met en tête que l'amour va tout régler, qu'il compensera nos vides et que la solution finale serait de s'occuper d'un enfant. La tentative d'emprise motivée par l'insécurité fait fuir l'homme. Mais il arrive qu'il ne fuit pas et qu'il s'attache à elle pour les mauvaises raisons : il se sent coupable de la quitter si elle est en détresse. Une culpabilité qu'il ressent déjà envers sa mère…
L'ignorance de chacun par rapport à ses blessures rend inévitable les répétitions qui constituent finalement une chance pour prendre conscience que :
– l'amour ne peut pas nous sauver de nous-même
– les passions amoureuses sont fondées sur les carences de chacun. Elles deviennent rapidement des prisons. Deux verres vides qui se rencontrent, se soudent…
L'amour se donne sans condition et sans chaîne. La liberté d'être qui il/elle est, est le plus beau cadeau que l'on puisse offre à sa/son partenaire.