Les pervers narcissiques vont pouvoir prendre des congés, désormais ils ne vont être plus la cible des critiques acérées. Le manipulateur, tant dénoncé par la gente féminine, s’est vu remplacer par plus malsain et plus addictif : le téléphone portable doté d’une connexion internet.
Quelques mois plus tôt, le monde tournait autour de la sortie de l’Iphone X, du Samsung S8, du Pixel et j’en passe. Aujourd’hui, on ne rêve plus que d’une chose : s’offrir une cure dans un « rehab center » et venir à bout d’une relation fusionnelle, et passionnelle avec… un objet.
Sur la toile et même dans les médias, naissent par ci et par là des témoignages forts et poignants d’utilisateurs mobiles en quête de paix. Ils nous expliquent comment des individus courageux ont réussi à se déconnecter de leur appareil pendant presque vingt-quatre heures. Incroyable. Des situations à couper le souffle. Des retours d’expériences plus dingues les uns que les autres.
Marie, 24 ans, sourire aux lèvres, complètement soulagée et le visage détendu, affirme s’être passée d’Instagram, de Facebook et même de Snapchat pendant plusieurs heures d’affilée. Cette jeune femme, tout juste sortie de son école de commerce, revient sur son acte : « j‘ai décidé, le temps d’une journée, de me mettre à fond dans la recherche de boulot. J’ai éteint mon Iphone pour rester concentrée sur mon objectif. Je suis ravie, j’ai finalement pu envoyer 14 candidatures alors qu’habituellement je passais ma journée sur Youtube à admirer EnjoyMachin« . Elle ajoute, amusée, « et j’ai même aidé ma mère à mettre la table pour le dîner« .
Le miracle s’était produit. Marie a réussi à reprendre les rennes de sa vie et à se socialiser pendant une journée.
Si Moïse était encore là il aurait certainement ajouté un onzième commandement à sa table :
« De ton téléphone portable à plus de 599 euros tu te sépareras. Et débile tu ne deviendras pas (et ainsi tu éviteras de pondre des témoignages à la con et de regarder des vidéos inutiles) ».
Mais d’où vient cette fierté démesurée pour un acte des plus des banals, qu’est celui d’ignorer son mobile ? C’est à cette question que cet article tente de répondre.
Aime ton mobile plus fort que ton prochain
Parfois je me dis que la race humaine court à sa perte. Dépassée par les événements, elle est devenue la marionnette des dirigeants capitalistes et ses quatre grèves annuelles, remplies de haine, ne changeront pas la donne. L’union fait la force, mais unie elle ne l’est plus. Aveuglée par les avancées technologiques et les discours marketing, elle ne sait plus où commence et où prend fin son addiction pour le consumérisme. La preuve, elle lâche un SMIC pour un objet lui permettant d’ignorer les appels téléphoniques de sa propre famille.
Mais un jour, le courant yogi, le goût pour le healthy, la culture spirituelle d’Asie et d’Amérique centrale, et la grande mode de la méditation avec son « vivre l’instant présent » ont dérangé nos façons de faire et remis en question nos agissements. Nos addictions matérielles conditionnent étonnamment notre vie et développent notre stress, notre état de manque, et nous plongent parfois même dans une mélancolie sans fin.
Aide les GAFA et le ciel t’aidera
Je ne reviendrai pas sur le fléau moral du « j’ai une vie sociale de merde » provoqué par la montée en puissance des applications de réseaux sociaux, où le faux et le surjoué dominent photos et vidéos postées. Spectateurs du ridicule, nous bouffons sans le savoir des brides de vie dorées, des images shootées au millimètre près, des corps trop souvent passés sous logiciel de retouche ou sous coups de bistouri.
A trop jouer à la course aux likes, à trop espionner la vie d’inconnus, à trop rêver d’une vie meilleure nous n’arrivons jamais à l’arrivée de cet éprouvant marathon, malgré notre entrainement quotidien virtuel. Déposons nos dossards, quittons la route du fake et retrouvons le véritable courant de la vie.
Sommes-nous trop bestiaux pour comprendre que nous vivons emprisonnés dans un monde qui n’existe pas ? Attendons-nous d’être sur notre lit de mort pour regretter de ne pas avoir vécu notre propre vie avec nos propres souvenirs ? A quoi bon vouloir exister aux yeux des autres ? Ces mêmes autres qui du jour au lendemain peuvent nous décevoir ou nous rejeter ?
Et bien non. Nous semblons adorer dépendre d’un outil dévastateur, et ce depuis notre plus jeune âge. A 6 mois notre premier mot est Allo, à deux ans on swipe, à trois on délaisse les jeux en bois pour le mobile en plastique, à sept on réclame à ses parents un mobile, à dix on passe des heures dans sa chambre en Facetime, à quinze on immortalise ses soirées sur Insta, sur Snap, à la vingtaine vingt on se sent exister grâce au nombre d’amis sur Facebook et à partir de trente on transforme notre téléphone comme notre assistant personnel à la mémoire d’éléphant.
Et c’est ainsi que certaines blogueuses et journalistes, en quête de pseudo retour aux sources, en viennent à crier victoire dès lors qu’elles mettent en mode avion leur téléphone. Trop heureuses d’avoir tenté l’impossible, elles s’enflamment sur la toile. Une seule journée en mode OFF et elles comprennent ENFIN la superficialité de leur compte Instagram et de leur page Facebook. Elles se demandent alors comment ont-elles pu être bernées pendant aussi longtemps ? Et par la même occasion, nous prennent pour des cons de moutons faibles. Sauf que nous, nous prenons assez de recul vis-à-vis d’un mobile pour éviter qu’il nous pollue la vie.
Elles se mettent alors à diaboliser les conséquences néfastes d’un simple assemblage aluminium, de plastique et de verre. Parce que oui, un téléphone n’est rien de plus que cela. Elles ont besoin de proclamer leur extraordinaire découverte à la terre entière et endossent le rôle de messies aux yeux des conservateurs du virtuel.
Elles ont osé vivre leur vie sans pression et sans artifices pendant quelques heures. Gloire à elles.
Cette action tellement originale et rare demande, je le crois, un tuto ! Cela évitera de créer, encore, un métier de coach à la con ou des articles bidons.
En revanche le conseil ci-dessous, tiré d’un article bidon du net au titre aguicheur « astuces pour réduire son temps sur un tel portable », me fait doucement rire. BULLSHIT POWER. Les mecs te préconisent d’acheter une montre connectée pour lâcher ton tel ! Incroyable !