CamilleG

Le projet El Pianista : le contenu du sac à dos

Cet article est rédigé par mon ami aventurier Romain.

L’objet de cet article est de rapporter des faits officiels sur le sac à dos de Lisanne Froon et son contenu. Pour ce faire, je me baserai sur des rapports des autorités panaméennes et néerlandaises. Aucune information de nature privée ne sera révélée dans cet article. Enfin, je tiens à vous prévenir que j’ai personnellement eu du mal à traduire ces documents. Par conséquent, je pourrais potentiellement écrire des choses inexactes.

La publication de cet article a pris un certain retard, mais mieux vaut tard que jamais ! Comme d’habitude, dans le cas où j’aurais omis des éléments, je signalerai tout ajout dans les commentaires. Enfin, je vous invite à lire l’article de Matt qui a publié à propos du même sujet il y a un mois. Je le remercie de m’avoir fourni les rapports officiels.

Vers 17h30, Le 11 juin 2014, une indigène découvre un sac à dos de la marque Burton le long de la rivière Culebra (Valle Risco, communauté d’Alto Romero). Près d’un arbre mort coincé sur la rivière, un objet se trouvait sous de gros rochers. Au premier abord, ne sachant pas de quoi il s’agissait, elle décide d’inspecter l’élément. Elle découvre un sac à dos fermé dans lequel se trouvent des téléphones, un appareil photos et d’autres affaires. Prenant conscience de la nature de l’objet, elle le ramène à son mari à Alto Romero.

Le lendemain, le 12 juin, les autorités se déplacent sur les lieux afin de récupérer le sac. A 9h40, ils emballent les affaires du sac dans des sacs plastiques. Par la suite, ils décident d’inspecter la zone de découverte. Vers 15h00, ils arrivent sur les lieux. Les autorités relèvent qu’à 20 mètres en amont, se trouve un câble permettant aux locaux de traverser la rivière et d’accéder à une ferme. A 100 mètres, dans la même direction, se trouve également un autre câble (équipé d’un panier) servant à traverser le fleuve lors des crues.

Pourquoi se trouvait-elle à l’endroit où se trouvait le sac à dos ? L’indigène cultivait du riz dans une ferme qui ne se trouvait pas loin. Voulant laver des vêtements avant de rentrer chez elle, l’indigène s’est rapprochée du fleuve. C’était la première fois qu’elle se rendait à cet endroit précis puisqu’elle avait pour habitude de laver ses vêtements dans une rivière près de sa maison.

Jürgen Snoeren et Marja West, les auteurs du livre “Verloren in de jungle” (Perdu dans la jungle) qui sortira le 22 avril 2021, ont publié la localisation exacte du lieu de découverte du sac à dos. Leur carte peut être trouvée sur leur site internet https://www.lostinthejungle-thebook.com/2021/03/03/official-coordinates-of-locations/

D’après ces deux auteurs, la localisation GPS du lieu de découverte du sac à dos est 8°55’40.9″N et 82°24’45.5″O.

Le contenu du sac 

Sac à dos de la marque Burton.

– Un soutien-gorge noir.

– Un soutien-gorge avec des motifs de fleurs.

– Une paire de lunettes roses (non endommagée).

– Une paire de lunettes à monture noire (non endommagée).

– Une bouteille d’eau. Elle n’est pas mentionnée dans les rapports, mais elle se retrouve sur les photos. Il s’agit de la même bouteille que l’on voit dans la poche de Kris sur la photo 505.

– Une autre bouteille.

– Un appareil photo Canon Powershot SX270 HS avec une batterie.

Remarque : il est marqué qu’il s’agit d’un appareil Samsung, mais il s’agit d’une erreur. Les photos de l’inventaire du sac montrent bien un Canon.

– Une carte mémoire SanDisk de 16 GO.

– Un étui de caméra noir.

– Un téléphone Samsung blanc, avec une batterie et une protection de couleur bleue. L’inventaire n’inclut pas de carte mémoire. A noter qu’il y avait de l’argent sous la protection bleue du téléphone.

Remarque : l’inventaire panaméen n’inclut pas de carte SIM. En revanche, les autorités hollandaises ont bien analysé, répertorié et photographié cette carte SIM. Elle était donc bien présente dans le téléphone.

– Un iPhone 4 noir avec une protection de téléphone rouge.

– Un porte-clés bleu auquel une clé a été retrouvée attachée.

– Un petit objet personnel (nous avons choisi de ne pas publier la nature exacte de cet objet par souci de la vie privée de Kris et Lisanne).

– Un escargot.

– Une petite coquille.

– Une carte d’assurance de couleur bleue qui appartient à Lisanne.

– Un total de 88.30$:

Trois billets de 20$
Deux billets de 10$
Un billet de 5$
Deux billets de 1$
Cinq pièces de 25 centimes.
Une pièce de 5 centimes.

Remarque : aucun passeport n’est mentionné dans le rapport.

L’état des appareils électroniques

Les rapports n’incluent pas de description de l’état de l’appareil photo et des téléphones. En revanche, il y a des photos du matériel. Les appareils n’ont pas l’air d’être endommagés et nous savons qu’il a été possible de récupérer les données électroniques de chacun de ces appareils. Par conséquent, nous pouvons dire que les appareils ont été retrouvés en bon état (au minimum).

L’appareil photo a toutefois dû être démonté afin d’être analysé.

L’état du sac à dos

Voici l’étude scientifique telle qu’elle a été présentée dans le rapport hollandais :

Le sac à dos est constitué d’un tissu sur lequel un motif en losange est imprimé dans les couleurs noir, violet, marron, vert et bleu. Le sac contient des bretelles noires et colorées et des fermetures en plastique noir. Le nom de marque « Burton » est mentionné sur le sac. Une étiquette dans le sac indique que le matériau est du polyéthylène acétate de vinyle et de la mousse de polyéthylène. Du scotch est appliqué à l’intérieur et à l’extérieur du sac afin d’identifier toute trace qui pourrait être présente.

De manière générale, le sac à dos est en bon état. En revanche, il est rempli et contient divers dommages qui sont énumérés et numérotés ci-dessous.

  1. La fixation de l’une des sangles de transport s’est partiellement détachée.
  2. Les fermetures en plastique ont de profondes rayures.
  3. Les parties textiles présentent une décoloration blanche à différents endroits.
  4. Il manque un morceau rectangulaire du textile (environ 30×15 mm). Les bords de ces dommages sont droits. Ils contiennent des extrémités de fil effilochées.

Remarque : sur la photo incluse dans le rapport, ces dégâts sont indiqués sur la partie supérieure droite du sac (vu de face).

  1. Un dommage linéaire juste à côté du dommage 4. Cette lésion a une longueur d’environ 10 mm et contient d’un côté des extrémités de fils droits. De l’autre côté, les extrémités des fils sont effilochées. A proximité de ce dommage, le textile est décoloré (comme décrit sous le dommage 3).

Un corps étranger a été trouvé dans le dommage 5. Ce matériau a été analysé par micro spectrométrie infrarouge et celui-ci s’avère être du polyester uréthane.

Les interprétations et conclusions des autorités hollandaises :

Le dommage 1 concerne une couture desserrée. L’explication la plus simple de ce dommage est le relâchement de la couture. La nature de cette couture desserrée ne peut être indiquée et il n’est pas nécessaire de considérer qu’une force importante a été exercée. Il est possible que la couture soit faible en raison d’un défaut de fabrication et que le dommage soit dû à une utilisation normale.

Les dommages 2 et 3 indiquent tous deux une usure physique. Les rayures sur le plastique sont dues au frottement des fixations. La décoloration blanche du textile s’explique également par le frottement : la couleur du sac est appliquée comme une impression et seule la surface du textile est colorée. Les zones sous-jacentes sont blanches. L’usure peut enlever la couche de couleur superficielle et ainsi décolorer certaines parties du sac.

Les extrémités des fils dans le dommage 4 sont effilochées. Les extrémités des fils d’un côté du dommage 5 sont droites, les extrémités des fils de l’autre côté sont effilochées.

La déchirure du textile entraîne souvent l’effilochage des extrémités des fils. Le fait de couper ou de découdre conduit souvent à des extrémités de fil droites. Toutefois, il est possible que les extrémités droites des fils, créées par découpe ou incision, acquièrent un aspect effiloché par un mouvement ultérieur. Le textile perd ainsi une caractéristique importante permettant de reconnaître un dommage causé par un bord tranchant.

D’après l’enquêteur néerlandais, le dommage 5 est causé par un bord tranchant. La lésion 5 est située près d’un ourlet et parallèle à celui-ci. Les extrémités des fils droits se trouvent sur le côté de l’ourlet. Ils ont peut-être été protégés de toute influence extérieure par cet ourlet et sont donc restés intacts. Les extrémités des fils de l’autre côté du dommage sont effilochées. Ils ont probablement été moins protégés par l’ourlet.

Les bouts de fil droits trouvés dans le dommage 5 montrent qu’ils ont été créés par un bord tranchant. Il n’est pas possible de tirer des informations supplémentaires à partir des caractéristiques du dommage. Dans ce dommage, un matériau basé sur le polyester-uréthane a été trouvé. Ce matériau se présente souvent sous forme de mousse ou d’élastomère. L’origine de ce matériau est encore inconnue.

Le dommage 4 est situé près du dommage 5. Cependant, le dommage 5 montre que les bords droits peuvent s’effilocher. Pour cette raison, l’enquêteur néerlandais n’exclut pas la possibilité que le dommage 4 ait également été causé par un bord tranchant. Dans le cas du dommage 4, un morceau du textile est manquant. Cela peut aussi s’expliquer par une déchirure ou par l’impact d’un bord tranchant. En résumé, le dommage 4 peut être expliqué à la fois par des cassures ou par l’impact d’un bord tranchant.

L’analyse biologique

Le sac à dos :

Traces botaniques :

– Des fragments de feuilles brunes à l’intérieur du sac à dos.

– Fragments verts de plantes provenant de l’intérieur du sac à dos.

Traces de sol :

– Du sable s’est déposé à l’intérieur du sac à dos.

– De l’argile marron gélifiée sur les extrémités des sangles du sac à dos.

Autres traces :

– Un fragment blanc d’une coquille provenant de l’intérieur du sac à dos.

– Fragments de plastique transparents provenant de l’intérieur du sac à dos.

Soutien-gorge avec motif de fleurs :

Traces botaniques :

– Fragments de plantes et de feuilles.

Traces de sol :

– Sable.

Soutien-gorge noir :

Traces botaniques :

– Des fragments de feuilles brunes.

Traces au sol :

– Sable.

Autres traces :

– Fragments de plastique transparent.

A propos des traces d’argile sur les sangles du sac à dos, le rapport admet ceci :

– Le sac à dos a été transporté du site initial le long de la rivière jusqu’à un autre endroit où il a été déballé. De ce fait, il n’est pas possible de savoir si les traces d’argile à l’extérieur (sur les sangles) ont été acquises pendant le transport vers le site, sur le site lui-même, pendant le transport ultérieur du sac à dos ou pendant le déballage du sac à dos. Les recherches sur les traces d’argile ne permettent donc pas de connaître l’histoire du sac à dos avant sa découverte.

A propos du sable et des traces botaniques :

– Dans le sac à dos et sur les soutien-gorges, on y retrouve du sable meuble et des fragments botaniques. Une rivière à très fort débit, comme celle où le sac à dos a été trouvé, transporte des particules relativement lourdes comme le sable, le gravier et les pierres, mais aussi des particules légères comme l’argile et les fragments botaniques. Les matériaux transportés sont déterminés par la roche à travers laquelle la rivière coule et les plantes qui poussent le long de la rivière. Le sable meuble et les fragments botaniques peuvent être comparés à des échantillons de référence provenant de la rivière afin de déterminer si les traces trouvées peuvent provenir de la rivière. Cela peut être pertinent si des questions subsistent quant à la présence ou non du sac à dos dans la rivière. Toutefois, cette étude (l’étude établie dans le rapport) ne permet pas de déterminer où le sac s’est retrouvé dans la rivière.

Remarque : cette dernière phrase signifie, selon moi, que les autorités hollandaises ne disposaient pas des échantillons nécessaires pour faire la comparaison avec les éléments biologiques retrouvés dans le sac.

L’analyse ADN du sac à dos :

Apple iPhone :

– Aucun profil ADN n’a été trouvé.

Samsung Galaxy :

– Aucun profil ADN n’a été trouvé.

Sac à dos :

Echantillon 01

– Profil ADN principal d’une femme inconnue A.

– Caractéristiques secondaires de l’ADN d’au moins une personne inconnue, dont au moins un homme.

Echantillon 03

– Profil ADN d’une femme inconnue B.

Echantillon 05 (poignée supérieure du sac)

– Profils ADN mélangés avec au minimum ceux de deux inconnus, dont au moins un homme.

Soutien-gorge avec des motifs de fleurs :

– Aucun profil ADN n’a été trouvé.

Soutien-gorge noir :

– Profil ADN d’une personne. En revanche, il s’agit d’une contamination causée par un scientifique néerlandais.

Appareil photo :

– Aucun profil ADN n’a été trouvé.

De tous les profils ADN trouvés, aucun ne correspond à ceux de Kris et Lisanne. De plus, aucune correspondance n’a été trouvée dans la base de données criminelle.

Empreintes digitales sur les appareils électroniques :

Un total de 10 empreintes digitales a été retrouvé sur les appareils électroniques. Plus précisément sur :

– L’iPhone et sa batterie.

– Le téléphone Samsung et sa batterie.

– L’appareil photo et sa batterie.

Aucune empreinte digitale n’a été trouvée sur les cartes SIM de l’iPhone et du Samsung, ainsi que sur la carte mémoire de l’appareil photo.