Le constat fait mal. Plus d’un français sur deux de plus de 30 ans est en surpoids. Plus de 6,5 millions sont considérés comme obèses, soit près de 15% des adultes (contre 7% en 1992).
Le surpoids touche 18% des jeunes de moins de 18 ans et 3 à 4% d’entre eux seraient obèses. Constat triste et alarmant. Dans le monde, le fléau concerne 1,4 milliard de personnes de 20 ans et plus. D’ici 2030, le nombre de personnes en surpoids devrait atteindre 3,3 milliards*.
Il faut garder à l’esprit que le surpoids et l’obésité représentent le cinquième facteur de risque de décès au niveau mondial. On compte minimum 2,8 millions de victimes chaque année. Flippant, n’est-ce pas ?
*Source : Organisation Mondiale de la Santé (OMS) - "Obésité et surpoids" - Aide-mémoire N°311
Quoi de mieux que de rencontrer une spécialiste de la diététique pour comprendre la situation et y voir plus clair ? J’ai eu l’opportunité d’interviewer Leslie Levrard, diététicienne de métier, installée dans son cabinet à Vélizy, dans les Yvelines.
Très active sur les réseaux sociaux, surtout sur Instagram (son compte @lesliecoaching) c’est par un heureux hasard que je fait sa connaissance. En vacances en Thaïlande sur l’île de Koh Samui, dégoûtée par le lieu, elle était tombée sur mon blog via un moteur de recherche. Après avoir laissé un commentaire sur mon article en rapport avec cet (affreux, ceci n’engage que moi) endroit, nous avons rapidement sympathisé par messages privés sur Instagram. Et nous voilà devenues copines virtuelles !
Bonjour Leslie, merci d’avoir accepté de bien vouloir répondre à mes questions ! Pour te présenter rapidement aux lectrices et aux lecteurs, peux-tu m’expliquer ce qui t’a amené à devenir Diététicienne ?
J’étais coach à domicile pour une jeune femme de 18 ans qui souffrait justement d’obésité et de troubles du comportement alimentaire. J’avais beau lui donner des cours de sport, elle avait beaucoup de mal à perdre du poids. Je ne savait pas comment m’y prendre avec elle pour parler de son alimentation à l’époque, car je n’avais pas de légitimité.
Elle a suivi une diététicienne pendant un temps, puis a lâché, résultat, reprise de poids. Cela m’a véritablement frustrée. J’ai alors entamé mon BTS quelques années plus tard car j’avais en tête d’apprendre aux gens comment bien manger. Je considère que tout le monde doit avoir accès aux bases de la diététique.
Quel est ton parcours ?
DEUG Arts du spectacle, licence en médiation culturelle, puis virage à 90° vers le BPJEPSS AGFF pour être éducateur physique d’état. Et me voilà diététicienne et professeure de yoga Vinyasa.
Quelles sont tes spécialités ?
- La perte de poids en diététique et sport.
- L’alimentation de la femme enceinte et du sportif.
- La prise en charge de l’obésité et des troubles du comportement alimentaire.
- Le renforcement musculaire et la prise de force ou masse musculaire.
- Le yoga Vinyasa
- Et enfin l’anatomie, donc la prise en charge de nombreuses pathologies (scoliose, relâchement du périnée, tendinites, contractures, discopathie, arthrose, etc)
En quoi consiste ton métier ?
J’aide les gens à s’aimer, prendre soin d’eux, en se dépassant. J’enseigner une discipline, une meilleure hygiène de vie. Et je leur permets d’améliorer leur concentration et de lutter contre le stress intérieur (et les sources de stress en général).
Pourquoi les gens viennent-ils te consulter ? Quelles sont leurs principales interrogations ?
Obésité, diabète, surpoids, troubles du comportement alimentaire, sport à la maison, dépression.
Les principales interrogations auxquelles je fais face : la volonté d’apprendre à bien manger. Tandis que d’autres veulent perdre un maximum kilos le plus rapidement possible. Parmi mes clients, des parents avec leurs enfants également. Très bonne initiative !
Est-ce que l’on peut parler de catastrophe quand on lit tous ces chiffres au sujet du poids ? Sommes-nous arrivés à un point de non-retour ?
Catastrophe, oui. Je suis une passionnée car vraiment, cela m’obsède tous les jours. Car les solutions existent ! Mais la télévision et les grandes surfaces promotionnent tout et n’importe quoi.
Le prix des fruits et légumes à Paris intra-muros est affligeant.
Point de non -retour ? Non. Je suis très très optimiste car j’observe que les choses changent. A Nantes par exemple, et dans certains coins de Paris, les restaurants bio, sans gluten, sans lactose, les pâtisseries pour diabétiques se développent.
Les magasins bio et les produits bio en grandes surfaces ont pris énormément d’ampleur. Des rayons entiers ont à présent leur place en grandes surfaces.
Les diététiciens se déplacent et communiquent dans les écoles. D’ailleurs ces dernières commencent à mettre en place des contrats avec les agriculteurs, bouchers et autres commerçants locaux pour fournir leurs cantines.
Les publicités sont le reflet du consommateur et nous voyons de plus en plus apparaître dans les publicités alimentaires les informations comme « sans conservateur », « sans colorant », fabriqué en France etc. Les végétariens et végan, les zéro déchet sont davantage écoutés : en effet nous mangeons trop de viande en France. Encore trop de français consomment de la viande à chaque repas. Cependant, je vois pendant mes consultations que les parents prennent de plus en plus conscience de cela, grâce aux retours de leurs enfants qui sont sensibilisés à l’école.
Pourquoi est-ce que la population française grossit autant ?
Trop de travaux assis, de sédentarité liés aux horaires de travail, à la voiture ou aux transports en commun, et n’oublions pas la problématique du budget.
Trop de sucres et graisses ajoutées dans les plats industriels (plats surgelés, frais, traiteurs). Je soulèverai également le gros problème avec les boissons sucrées, l’alcool, le pain et les pâtes, fast-food notemment chez les adolescents.
Bref, pas assez de fruits et légumes et trop de plats préparés, jusqu’aux biscuits et brioches industriels. Les français sont beaucoup trop addicts au sucre. Ils en consomment sans s’en rendre compte.
Et les conseils régimes des magazines bien ancrés dans l’inconscient collectif qui commence à peine à découvrir la profession de diététicien. En diététique, nous parlons de phénomène de « croyances alimentaires » comme « il ne faut pas manger gras », « pas de féculents le soir », etc. Toutes ces recommandations erronées déstabilisent les gens qui ne savent plus ce qu’ils peuvent manger. Les enseignes de régime sont des arnaques. L’effet yoyo joue également un rôle dans la prise de poids.
A ton avis, comment pourrait-on inverser cette tendance ?
Le diététicien a vraiment toute sa place dans ce combat. Il est même en première ligne. Je pense sincèrement que c’est en consultant un diététicien qu’on peut avoir toutes les réponses à nos questions. C’est également pour cela que le diététicien se déplace dans les écoles. Nous organisons également des ateliers culinaires pour apprendre à cuisiner. La solution est d’apprendre les bases de l’équilibre alimentaire dès le plus jeune âge. Cela semble logique quand on y pense.
J’ai souvent lu que le poids c’est une histoire de 70% d’alimentation et 30% de sport. Info ou intox ? Personnellement j’ai perdu 14 kilos en presque 3 ans, en arrêtant le sport (salle de fitness + cours collectif de renforcement musculaire) et en mangeant MIEUX. Ma principale activité physique se cantonne à la marche (environ une heure quotidiennement).
La marche est une très bonne activité physique pour la forme générale du corps et le système cardiovasculaire. Effectivement cela brûle des calories. C’est très bien si c’est quotidien. Si la marche est soutenue c’est idéal.
Oui c’est exact, c’est l’alimentation qui détermine notre ligne. Quelqu’un qui fera beaucoup de sport en mangeant beaucoup deviendra plus massif musculairement et aussi en terme de masse grasse. Je n’y vois aucun intérêt à part pour un sport de haut niveau.
Beaucoup de personnes détestent le sport parce qu’ils ne supportent pas la souffrance physique. J’en fais d’ailleurs partie ahah. Que leur recommandes-tu ? Doit-on vraiment se faire mal pour mincir et perdre des calories ?
Ah ah c’est exactement pour cela que j’existe ! Vraiment ! J’ai conscience de cela car c’est la raison pour laquelle on m’emploie à domicile. Je dirai que j’ai eu la chance de commencer les sports de haute montagne à 6 ans. Et quand nous sommes revenus en région parisienne j’en avais besoin. J’étais très très active. J’avais beaucoup d’énergie physique et cérébrale à dépenser. Pour moi le sport c’est le centre de ma vie.
Tout tourne autour de cela. Alors j’aide les gens qui n’ont pas eu la même enfance à découvrir les bienfaits que j’ai ressentis lors de ma pratique personnelle.
Je leur recommanderais de prendre le temps de se choisir une activité physique associative. Il y en a dans toutes les villes ; elles sont subventionnées par l’état et les prix sont bien souvent abordables. Escalade, yoga, renforcement musculaire, combat, danses, il y en a pour tous les goûts. Il faut commencer par se demander si on veut faire une activité individuelle, collective, ou en 1 contre 1.
Aujourd’hui, et de plus en plus jeune, nous nous soucions de notre apparence physique. Est-ce que tu constates des troubles du comportement alimentaire liés aux diktats de la société ?
Non, toujours à cause d’une forme de maltraitance ou abandon d’un parents ou des parents. Ou bien à la suite d’un divorce.
Quelles sont les idées fausses les plus répandues à propos des régimes ?
Que pour être mince il faut contrôler ses calories, qu’il faut consommer zéro matière grasse, qu’il ne faut pas manger de féculents le soir. Que le jus de citron le matin fait maigrir. Qu’il faut très peu manger. Qu’il ne faut surtout pas faire de collation.
Et enfin, comment adopter une bonne hygiène de vie au quotidien ? Quelles sont les familles d’aliments à absolument proscrire, voire à bannir ? Et inversement, celles à déguster sans faim 😉 ?
C’est simple, tous les gâteaux industriels, quasiment tous les plats industriels préparés sont à bannir. J’aide les patients à reconnaître les plats satisfaisants en analysant les étiquettes. Toutes les boissons sucrées, les desserts lactés sucrés, les céréales du petit déjeuner.
Bref tout ce qui n’était pas consommé avant par nos grands-parents !
Nous devons impérativement revenir à une alimentation simple mais bonne, avec des fruits au quotidien, des féculents et des légumes dans toutes les assiettes de nos plats principaux.
Merci ma belle !
Merci à toi !!
Pour prendre rendez-vous avec Leslie, c’est sur Doctolib que ça se passe, vous allez voir elle ultra pimpante, rigolote et motivante : https://www.doctolib.fr/dieteticien/velizy-villacoublay/leslie-levrard
Et vous, avez-vous récemment changé vos habitudes alimentaires ou physiques ?
Très bon article. Parfois il faut se remettre en tête ces bases. Merci
Auteur
Merci Léa ! Bonne journée
J’ai changé radicalement mon alimentation depuis environ 18 mois : quasiment plus aucun produit industriel/plat tout prêt, idem pour le sucre raffiné, beaucoup plus de fruits et de légumes, grosse diminution de viandes/volailles/poissons, et je cuisine quasiment tout moi-même. Et depuis je trouve que je vais bien mieux !! En plus j’ai fait de belles découvertes que je ne consommais pas ou peu et des alternatives moins « nocives » : quinoa, patate douce, lentilles corail, farines de coco/châtaigne, sucre de coco, etc.
Bon pour le sport c’est clairement pas encore ça par contre 😀
Il te faudrait au moins une activité physique soutenue !
Je sais, mais aucun sport me plait/tente et je n’ai pas envie d’aller en salle de sport (déjà essayé et ça n’a pas marché, j’ai payé pour rien). Et difficile de trouver la motivation quand on rentre chez soi pour faire du sport « simple à domicile » 🙂
Auteur
Lol Seb, tu veux devenir COACH sportif ? LOL
Auteur
Salut Magalie ! Ah oui super changement dis donc Quelle est en la cause (ou les causes) ? Quinoa, j’en manges TOUS les jours. Lentilles corail et patate douce, miam miam. Et les farines sans gluten j’en suis une adepte. Pareil pour le sport ahah
J’ai choisir ce changement suite à un gros souci de rosacée type papulo pustuleuse en plus, soooo glamour. Sachant que de base j’ai une peau à problèmes. En faisant quelques recherches j’ai découvert que l’alimentation pouvait en être la cause, donc petit à petit j’ai mis tout ça en marche et même si c’est loin d’être réglé je constate en effet que les résultats sont plutôt bons quand je m’y tiens. Dès que je dérape un peu, ma peau se rebelle ! Sans compter que certains aliments (après quelques « expériences », ceux qui contiennent du gluten et notamment en version sucrée : biscuits, pâtisserie ou viennoiseries par exemple) me provoquent des plaques rouges/boutons, un peu comme une piqûre de moustique. Chiant à vivre, mais l’avantage c’est que tout ce que je dois éviter ce sont des « mauvais » aliments. Un mal pour un bien comme on dit 😀 (je fais quand même des petites entorses, difficile de se priver de tout et de tout refuser notamment lors de repas en famille 🙂
ahhhhhh ! Cela fait plaisir de lire cela Magalie ! Merci pour ce témoignage et félicitations pour ce changement d’hygiène de vie !
Le surpoids n’est pas le problème mais seulement une conséquence de la mal-bouffe.
Nous mangeons mal et une des conséquences peut être l’obésité mais pas seulement : bien trop de gens ne s’inquiètent pas de leur alimentation car ils sont fit.
Les principes de base tout le monde les connait mais au quotidien pas facile de les mettre en pratique la faute aux mauvaises habitudes, la facilité, au manque de temps, d’ argent et aux nombreuses sollicitations toxiques auxquelles nous sommes soumis.
Ta copine a l’air charmante…(elle est celibataire ?) mais je dis non aux coachings en tout genre !
Auteur
Oui nous mangeons pas (bon moi ça va lol). Le souci c’est la tentation ! La pub, les couleurs des packagings ect…
Malgré que je me sente bien j’ai quand même pris les devants et changé mes habitudes alimentaires, je pense que c’est mieux car je ne vais pas être jeune éternellement. Je respecte donc depuis quelques temps certains conseils de cet article comme manger moins de choses industrielles et davantage de fruits. ^^
Je l’ai déjà dit sur ce blog mais mon corps est assez spécial et je peux donc difficilement voir la différence avec avant vu que ma santé est toujours la même, j’ai été malade deux fois en l’espace de quinze ans malgré une alimentation désastreuse et aucune activité physique. Je n’ai jamais beaucoup mangé et je suis toujours très mince vu que je mesure 1 mètre 94 pour moins de 65 kilos ! Ça ne m’empêche pas d’être gourmand et de manger un peu plus quand c’est quelque chose que j’aime beaucoup. 🙂
Auteur
Hello Romain ! Après chacun son corps et son métabolisme hein ! On n’est pas tous égaux ! Mais effectivement tu es poids plume hihhi ! Mange donc du beurre de cacahuète ahah/ Bises
C’est un mal sociétal et c’est bon de s’y atteler avec ou sans aide.
Le plus important est la prise de conscience individuelle, puis se donner les moyens, pas forcément financier d’y arriver. L’aide d’un coach peut aider à ouvrir les yeux…
A titre individuel, j’ai changé 2 choses :
– mon régime alimentaire
– mon activité physique
Pour le régime alimentaire, pour faire court, je dirais que la base est de cuisiner ses repas en achetant local et de saison.
Je n’aime pas qu’on parle de sport, je préfère activité physique, ce n’est pas que de la sémantique. Il s’agit de se motiver pour ne pas être en état d’inactivité dans la journée et d’avoir une activité physique régulière.
J’ai un article en tête sur mon expérience, il va falloir que je l’écrive.
Dommage que Leslie ne s’occupe pas des seniors, c’est un vrai créneau et utile pour avoir la meilleure fin de vie possible.
Auteur
Hello Bernie ! Oui super commentaire, je suis d’accord avec tes mots. Acheter local c’est bien mais pas donné à tout le monde effectivement !