CamilleG

Se reconnecter à soi : bullshit concept ?

Je ne sais pas vous mais pour ma part ces derniers mois j'ai l'impression de lire PARTOUT que le spirituel est la clé à tous les problèmes occidentaux. Pardon, le spirituel ET le YOGA (mais j'adore le yoga, attention). Of course. L'un ne va pas sans l'autre. Je devrais même ajouter à ce combo les incontournables "chakra" et "karma".

D'où vient cette euphorie hindouisme / bouddhisme / sikhisme, et j'en passe ? 

Le film adapté du livre d'Elizabeth Gilbert paru en 2006 "Eat, Pray, Love", mettant en scène la belle Julia Roberts, sorti en 2010 pourrait bien être la base d'un mouvement médiatique qui se démocratise d'année en année. Sur le papier l'idée est jolie et utopique : tout plaquer pour mieux se retrouver à l'autre bout du monde. 

Ce film retrace l'expérience de la romancière Elizabeth Gilbert ayant, à 32 ans, quitté mari et maison, avant de fuir en vacances à Bali. Elle y rencontre un soigneur lui prédisant qu'elle reviendrait à Bali et travaillerait avec lui. Après son divorce, elle passe 4 mois en Italie pour manger, quatre mois en Inde pour prier afin de trouver sa spiritualité et achève l'année à Bali, en Indonésie, à la recherche de l'amour. Durant le voyage, elle écrit ses histoires qui auront pour titre Manger, prier, aimer.

Fin de la parenthèse cinéphile.

Quand je vois que des filles de mon âge transpirent le bien-être, la confiance en soi (peut-être même un peu trop parfois, parce que s'afficher toujours à moitié nue c'est un peu du voyeurisme, pas sûr que les indonésiennes fassent de même) et semblent hyper épanouies… grâce au yoga et à des principes spirituels, je me dis que tout le monde peut alors leur ressembler. Pourquoi pas moi ? Parce que mes chakras sont certainement fermés ou bouchés, ou alors en mode off.

Ne plus se prendre la tête avec des histoires superficielles, faire la part des choses, laisser les gens parler. N'accorder de l'importance qu'à ce qui nous semble bon pour nous. Tout cela pour mieux se reconnecter à son "moi" intérieur. 

Serait-ce la crise de la trentaine ? Ou une crise lambda que de vouloir repenser sa manière de voir et de ressentir les choses ? Bien sûr que non. Au fond de nous, on en a tous (souvent un peu) marre des occidentaux et de leur mode de vie. Toujours s'enrichir, parfois même au détriment des autres (coucou Fillon et toute la clique), écraser les autres pour arriver à ses fins (surtout dans le milieu professionnel), devoir masquer tout signe de sensibilité et paraître fort. Mais pourquoi et surtout pour qui ?
 

Bali. Il parait que l'on revient transformé.
A vrai dire je n'y crois pas vraiment. Leur mode de vie n'est pas complètement applicable à nos pays de riches insatisfaits. Eux ils n'ont presque rien. Nous, tout. Et pour autant ils semblent plus relax que nous. Et pour être honnête, je n'ai pas envie de pratiquer le yoga de cette façon là ou de rejoindre des "retraites" de la sorte à des milliers de kilomètres. Une semaine, entourée de touristes, dans le but de repartir sur des bonnes vibes. Doit-on payer si cher (comptez entre 1 000 et 3 000 euros la semaine) et faire 19 heures d'avion pour se sentir mieux ? A la prochaine crise où iront-ils ?

Le bonheur est au fond de soi.
Il suffit de supprimer et de prendre le large de tout ce qui nous apporte trop de mauvaises ondes et de se concentrer sur ce qui nous semble "bien" et "juste". Tenter de penser positivement et d'agir toujours avec bienveillance. A mon sens, fuir la réalité finira toujours pas nous rattraper.

J'ai fait un tour à Bali, parce que l'Asie et moi c'est une grande histoire (et surtout parce que je ne me sens pas encore prête pour fouler le sol indien). J'ai croisé des voyageurs en quête de zenitude. Des femmes surtout. Un faciès glacial et un air hautain, leur tapis de yoga sous le bras, sont-elles ici pour chercher l'inspiration et tendre à devenir meilleure ? Ou sont-elles simplement là pour étoffer leurs albums photos de Facebook ou d'Instagram ?

Alors je vous pose la question, la quête du spirituel est-elle finalement un business ?