Après avoir vu le formidable long-métrage « Le Grand Jeu » je me suis intéressée à la relation de la gent féminine avec le poker. Dans cet article je vais vous parler de la place des femmes dans cet univers masculin.
Vous l’avez remarqué, le poker est très présent dans le cinéma américain. Peut-être vous souvenez-vous de cette série populaire des années 50 « L’extravagante Lucie » (« I love Lucy » en english). On y découvre le portrait de Lucy, femme au foyer new-yorkaise, qui rêve d’émancipation et de carrière artistique. Son mari a, bien entendu, d’autres projets pour elle… Projets qui incluent balai et éponge ! L’un des épisodes contient une scène de poker à laquelle l’effrontée Lucy veut bien évidemment participer. Il va sans dire que sa participation va gâcher la partie de ces messieurs. Elle a « un peu de mal » avec les règles…
Une autre série de la même époque, « The Honeymooners ». Cette dernière joue également sur le couple « mari-épouse » et comme dans « I love Lucy », le poker est utilisé comme révélateur du conflit amical entre les hommes et les femmes. Le tout dépeint avec beaucoup d’humour. Le poker est présenté comme une échappatoire pour des hommes qui usent divers subterfuges pour s’esquiver et aller jouer.
Plus récemment, un épisode de la série culte dont nous étions tous fans (sauf moi ahah). Série qui se déroulait dans le « Village » à New York, j’ai nommé « Friends ». Dans l’épisode « Celui qui gagnait au poker », les filles reprochent aux garçons de ne pas les faire participer à leurs soirées poker. Elles décident alors de les défier… Et elles vont perdre la partie. Avides de revanche, elles décident de peaufiner leur stratégie avec la tante de Monica !
Ces trois exemples jouent sur le côté macho du poker et s’amusent de cette bataille des sexes. Une bataille qui semble perdue d’avance tant elle apparaît réservée à la gent masculine. Alors comment sont perçues les femmes dans cet univers ? Y sont-elles très présentes ?
Ce que vous allez découvrir ne vas pas vous faire sourire… Un article du Nouvel Obs en 2011 s’intitulait, « Le monde du poker aime les filles car elles jouent moins bien ». Quel misogyne de journaliste avait pondu ces mots ? Ailleurs dans les médias, on pouvait également lire que les femmes ne seraient pas assez audacieuses pour jouer au poker. Vraiment ?
Répondons d’abord au critère de l’audace et rappelons l’histoire de Molly Bloom qui a fait l’objet d’un film sorti en début d’année, Molly’s Game (« Le Grand Jeu » comme je l’évoquais dans l’introduction de cet article). Pour rappel, ce film a été écrit et réalisé par Aaron Sorkin (réalisateur de A few Good Men, The Social Network ou encore Steve Jobs). Il s’inspire de l’histoire vraie de Molly Bloom, avec dans le rôle principal, la somptueuse Jessica Chastain. Ce long-métrage nous plonge dans le monde des tournois de poker clandestins que Molly organise dans les sous-sols du « Viper Room ». Le film relate l’ascension et la chute de celle que l’on a surnommé la « Princesse du poker ». Si Molly Bloom se contentait d’organiser les tournois, les femmes se sont également fait une place à la table de poker, et ce, depuis bien longtemps.
Illustration en quelques portraits.
L’imaginaire collectif associe les parties de poker aux saloons enfumés du Far West. Figurez-vous que dans « Wild Wild West », une femme surnommée « Poker Alice » s’est fait un nom en jouant au poker. De son vrai nom Alice Ivers Duffield Tubbs Huckert, s’est mise à jouer à la suite du décès de son mari. Son but ? Faire face à une situation financière délicate puisqu’elle devait subvenir aux besoins de ses sept enfants (quatre fils et trois filles). Nulle besoin de préciser qu’à l’époque, elle était considérée comme une rebelle. C’est donc revolver à la ceinture et cigare aux lèvres, que cette intrépide respectée réussit à se faire un nom et à gagner beaucoup d’argent.
Aux États-Unis, les femmes jouaient déjà au poker à bord des river-boats sur le Mississippi au XIXème siècle. Mayme Stocker, une femme dont on disait à l’époque qu’elle était si respectable que ses soirées d’anniversaires étaient publiées dans le journal local, tenait un « Soda Shop » dans le Nevada. Nul doute qu’il s’agissait d’une couverture alors que la prohibition s’annonçait. Mayme Stocker fut la première femme à obtenir une licence pour jouer au casino en 1931 à Las Vegas. Mieux que cela, elle recevra la toute première License de l’État. Notons que si les jeux d’argent sont devenus légaux dans le Nevada en 1931, c’est en partie pour aider l’état à se relever après la Grande Dépression.
Si l’on jouait déjà au poker dans les saloons du Grand Ouest, le premier événement du World Series Of Poker eut lieu en 1977, avec un événement réservé aux femmes. On y vit la victoire de Jackie Daniel. Un tournant dans l’histoire du poker. Depuis, l’offre de tournois en ligne (du petit tournoi local ou grand tournoi) réservé aux femmes est en expansion. Internet a changé la face du poker, en offrant une accessibilité au monde entier de jouer en ligne partout, et à tout moment, dans son salon en pyjama. Un avantage dont ont su profiter les femmes pour se faire la main ! Un bon moyen de s’entraîner sans la pression de la table, à la maison, une fois la journée finie. Notons également que la possibilité de jouer en ligne a également entraîné une démocratisation du poker. Nombre de ressources sont en effet disponibles en ligne (vidéos, tutoriels, guides). L’augmentation du nombre de joueuses est donc palpable et inclut le poker en ligne.
Carré (« Four of a kind » en anglais). Quatre cartes d’un même rang. Ici, quatre dames (« Queens »). Si deux joueurs ont un carré, le plus haut l’emporte.
Qui sont donc les femmes qui se sont illustrées au poker depuis « Poker Alice » ?
Barbara Enright a commencé à jouer au poker avec son frère à l’âge de quatre ans, rapidement, elle décidera de quitter son travail de coiffeuse pour devenir pro. Elle été la première femme à entrer au Hall of Fame du poker en 2007 aux côtés de Phil Hellmut, joueur américain aux 14 bracelets (qu’il a remportés aux World Series of Poker). Enright sera également la première femme en finale du Main Event des WSOP, finissant à la cinquième place et remportera trois bracelets.
Surnommée la « First Lady of poker », Linda Johnson a quant à elle contribué à l’évolution du jeu à bien des niveaux. Elle a apporté de nouvelles idées et a été l’un des inspiratrices lors de la création du World Poker tour. Elle fut la deuxième femme à remporter les WSOP.
Jennifer Harman a gagné son premier bracelet pendant les WSOP en 2000. Elle n’avait jamais pratiqué cette variante avant le tournoi, mais elle bénéficia d’un court briefing de cinq minutes avant le début de la partie par Howard Lederer. Preuve que les femmes peuvent faire preuve de capacité d’adaptation ! Elle remporte son deuxième bracelet peu après et était à l’époque la seule femme à avoir remporté deux bracelets dans l’histoire des WSOP. Elle fut détrônée par Vanessa Selbst en 2012.
En France, la première femme à remporter un bracelet aux WSOP fut Vanessa Hellebuyck.
La jeune génération inclut des joueuses comme Ema Zajmovic qui vient de se hisser par deux fois de suite en finale du World Poker Tour disputé en banlieue de Montréal.
Alors, de Jennifer Harman à Vanessa Selbst en passant par Kathy Liebert, Cate Hall ou Vivian Saliba, nombreux sont les exemples de bonnes joueuses.
J’ai commencé cet article très curieuse à l’idée de découvrir de belles histoires comme celle de « Poker Alice ». J’en ai beaucoup appris sur ces femmes incroyables et leurs histoires fascinantes. J’ai cependant rapidement constaté lors de mes recherches qu’il n’y avait pas un volume d’informations très important sur le thème des femmes & le poker ». Rapide bio, liste des gains ou nombre de bracelets remportés, on semble s’arrêter à l’aspect « technique ». Les femmes sont présentes dans tous les sports, dans toutes les professions, apportant leurs talents et leur intelligence dans divers domaines, mais elles restent visiblement peu nombreuses au poker.
Et vous, vous avez déjà joué au poker ?
Oui j’ai joué au poker quand j’avais une vingtaine d’années, en colonie, et c’était même un strip poker
Auteur
Et bein dis donc Bernie ??? Tu as fini nu ? 😀
Canon le film dont tu parlais au début. Je l’ai vu. Ouais les femmes au poker je suis sûre qu’elles cartonnent car elles peuvent être méga vicieuses !
Auteur
Bah je ne veux pas généraliser mais il y a aussi la question de la maîtrise de ses émotions ! Les lunettes de soleil ne masquent pas tout : )
Jamais jouer avec des femmes et je pense que ça dénaturerait les soirées pokers !
Auteur
LOL… Je ne préfère rien dire….
Tu aurais quand même pu parler d’Aurélie Réard 🙂
Auteur
c’est vrai !