Le 7 avril 2014, le palais de justice de la ville de Rennes fut le théâtre de la fin d’un procès qui a tenu la France en haleine pendant de longues années. Dans le box des accusés, Maurice Agnelet paraît pour la troisième fois devant la justice pour le supposé meurtre d’Agnès Leroux, une riche héritière d’un célèbre casino niçois. Si l’homme fut fortement suspecté de cet acte criminel, la justice, faute de preuves suffisantes, l’avait toujours relaxé. Après des années de démêlés judiciaires, de témoignages inattendus et de rebondissements, la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine a finalement condamné le retraité à une peine de 20 ans d’emprisonnement, bien que le corps d’Agnès Leroux n’ait jamais été retrouvé. Retour sur une saga des plus mystérieuses mêlant passion, vengeance et secrets de famille enfouis.
Début de l’histoire : la disparition d’Agnès Leroux
Le 27 octobre 1977, Agnès Le Roux, héritière du Palais de la Méditerranée, disparaît mystérieusement sans laisser de traces. Suite à quelques investigations, la police découvre un inquiétant message écrit de la main d’Agnès Leroux :
» Désolée, je dérape. Ici se termine mon chemin. Tout va bien. Agnès « .
L’hypothèse du suicide est donc privilégiée, mais les enquêteurs vont changer rapidement de fusil d’épaule. En 1978, une plainte de Renée Leroux (maman d’Agnès) incite les autorités à se pencher sur le cas d’un homme, qui était aussi l’avocat de la victime. Selon jouerenlignefr.org, Leroux, que la plupart désignaient comme une femme généreuse et joyeuse, n’avait pas que des bonnes fréquentations.
La guerre des casinos niçois
La French Riviera a acquis sa réputation pour sa douceur de vivre et pour les charmes qu’offre la région maralpine, mais aussi pour ses palaces, ses yachts et son univers dédié aux jeux d’argent. Cet environnement sulfureux était fréquenté de la jet-set, des notables de la ville, mais aussi de certains membres du “milieu”. À l’époque, la “guerre des casinos” fait rage et le propriétaire du casino Ruhl, Jean-Dominique Fratoni cherche à déstabiliser Renée Leroux, mère d’Agnès et veuve de l’homme d’affaires Henri Leroux, dans le but de récupérer son établissement. Suite à une partie de cartes, soi-disant, truquée par les soins de Fratoni, la matriarche du clan Leroux perd environ 4 millions de francs et son casino se retrouvera en grande difficulté financière. Fratoni ne veut pas en rester là et engage un avocat, Maurice Agnelet, pour tenter de convaincre la propriétaire du Palais de la Méditerranée. Succombant au charme de celui qui est aussi son amant, Agnès décide finalement de vendre les parts de l’héritage de son père à Fratoni contre la somme de 3 millions de francs. De plus, elle votera contre sa propre mère pour sa réélection en tant que présidente de l’entreprise familiale. Agnès ne verra pas la couleur de cet argent et disparaîtra brutalement suite à cet événement. Un peu plus tard, les enquêteurs vont découvrir qu’Agnelet aurait récupéré une grande somme d’argent sur le compte d’une banque suisse au nom d’Agnès Leroux et Michel Agnelet. À ce moment, la justice pense posséder déjà suffisamment de preuves pour inculper l’ex-avocat.
Procès et condamnation de Maurice Agnelet
L’étau se resserre sur Maurice Agnelet, qui est désormais sous le coup d’un mandat de recherche international. Interpellé en 1983 à l’aéroport Charles de Gaulle, l’homme fut inculpé et jugé pour abus de confiance. Mais à la surprise générale, le juge Mallard a décidé de relaxer et de le libérer en 1984, après quelques mois en détention. L’homme aurait un alibi que confirme sa compagne Françoise Lausseure. Cette dernière assure que le couple séjournait en Suisse au moment des faits. Du côté pénal, les charges sont abandonnées, mais du point de vue financier, Agnelet écopera de 30 mois d’emprisonnement. L’homme reste en prison jusqu’en 1988, mais pour Renée Leroux, Agnelet est clairement celui qui a ôté la vie de sa fille.
Suite aux enquêtes de l’ex-propriétaire du Palais de la Méditerranée, Françoise Lausseure est dans l’œil du cyclone. Selon Renée Leroux, la compagne d’Agnelet aurait menti sur son alibi. Le couple est donc renvoyé devant la justice, mais cette fois-ci aux Assises des Alpes maritimes. Face aux juges, Lausseure craque et avoue avoir menti pour alibi de son mari. L’affaire est réouverte et Agnelet est cette fois-ci jugé pour homicide involontaire. Le procès de l’ennemi public numéro un commence donc en 2006, mais une fois de plus, il est acquitté par le bénéfice du doute. Plus tard, l’ancien amant d’Agnès Leroux sera condamné à une peine de 20 ans d’emprisonnement pour assassinat. Alors que l’affaire semble avoir été classée et que le coupable purge sa peine, de nouveaux témoignages vont venir raviver le mystère.
Le 6 avril 2014, alors que le présumé tueur est appelé une énième fois dans le box des accusés, Guillaume Agnelet, fils de Maurice, va révéler qu’il est intimement convaincu de l’implication de son père dans le meurtre d’Agnès Leroux. Ce témoignage finit d’achever le sort de Maurice Agnelet, qui purgera à nouveau 20 ans de réclusion criminelle, bien qu’il ait tenté de se pourvoir en cassation. En 2021, Maurice Agnelet décède à l’âge de 82 ans, emportant avec lui le secret sur la disparition d’Agnès.
Conclusion
L’affaire Leroux-Agnelet est un des cas judiciaires les plus énigmatiques de ces dernières années. Cette enquête a connu de nombreux rebondissements jusqu’à ce que la justice reconnaisse Maurice Agnelet comme coupable du meurtre d’Agnès Leroux. Le verdict a été prononcé, mais beaucoup se questionnent encore sur les réelles circonstances du meurtre de l’héritière.
Je me rappelle de cette histoire et du procès
Auteur
Oui ça a été assez médiatisé 🙂
Je me rappelle vaguement de cette histoire
Auteur
Oui un fait divers 😉
Ah, je ne m’en souvenais pas !
Auteur
Piqure de rappel !
C’est toujours compliqué ce genre d’affaire.
Auteur
Oh oui..
Mais toujours moins que « La Tuerie de Chevaline ». Le dossier pèse 90.
Kilos ? Non.
< – C'était mon com.
D'ailleurs, j'ai bien mon opinion sur l'affaire. Mais c'est une synthèse à partir des éléments divulgués par la presse. Elle donc nécessairement subjective. Il y a bien trop de détails que j'aimerais connaître.
Quoi qu'il en soit, cette affaire est littéralement un cas d'école. Je dirais même LE multi-cas d'école par excellence. Je ne suis même pas certain qu'il existe une affaire comparable outre atlantique. Hormis l'affaire JFK dans une certaine mesure. Ceci étant, pour comprendre le meurtre de JFK, il vous suffit de lire ou regarder "Le Crime de l'Orient-Express". De façon allégorique, l'intrigue apporte à peu de chose près la résolution du crime. Alors que dans le cas de Chevaline, c'est autre chose.
90 Tonnes donc.