Stop à l’exploitation déguisée des enfants sur les réseaux par les marques
Depuis quelque temps, une marque française s’impose sur le marché des vélos pour enfants avec une promesse séduisante : « Avec nos vélos, votre enfant enlèvera plus vite ses petites roues. » Un vélo a presque 400 euros, je dis ça je dis rien.
Ma fille a eu un vélo premier prix du marché et a réussi à pédaler (à 3 ans) en moins de 2 minutes, SANS LES PETITES ROUES.
Derrière cette accroche marketing se cache en réalité une stratégie bien rodée, qui joue sur les peurs et les désirs des parents, tout en profitant… du travail gratuit de leurs enfants.
Et j’ai échangé avec un des fondateurs de la marque : une grosse blague, vous allez voir dans cet article.
Une promesse creuse qui crée un faux besoin
À première vue, la promesse est flatteuse : qui ne voudrait pas d’un vélo magique qui rend les enfants plus autonomes ? Mais en y regardant de plus près, rien ne permet d’affirmer objectivement qu’un vélo rend un enfant plus rapide à abandonner ses petites roues qu’un autre vélo correctement adapté à sa taille.
Ce que la marque vend, ce n’est pas un vélo, mais une angoisse parentale : celle de ne pas faire « comme les autres », de ne pas être à la hauteur, d’avoir un enfant « en retard ». La marque ne propose pas un vélo, mais une illusion de performance.
Tous les enfants évoluent à leur rythme, et ce sont surtout l’accompagnement, la confiance et la régularité qui leur permettent de progresser.
Ce genre de slogan ne fait qu’entretenir une forme de pression sur les parents, en créant un faux besoin. L’idée implicite : si ton enfant garde encore ses petites roues, c’est peut-être que tu ne lui as pas acheté le bon vélo.
C’est une mécanique classique du marketing parental, qui surfe sur les insécurités des adultes pour mieux vendre des produits.
Du marketing habile… au détriment des familles
Le plus problématique ? Leur récent appel à candidatures lancé sur les réseaux sociaux. L’entreprise recherche des familles avec de jeunes enfants (de 1 an et demi à 6 ans) pour participer à une séance photo et vidéo pendant deux jours. Le tout pour alimenter leur contenu publicitaire sur les réseaux sociaux.
Via des stories publicitaires sur Instagram (et certainement Facebook) la société diffuse des visuels colorés pour recruter des familles avec enfants. Objectif : tourner photos et vidéos pendant deux jours, à usage promotionnel. En retour ? Pas un contrat. Pas de rémunération. Juste un vélo “offert”.
🎥 Ce n’est pas un jeu concours. C’est un tournage commercial.
Pas de cachet, pas de rémunération pour les enfants ni pour les parents. Pourtant, les vidéos et photos générées seront diffusées sur les réseaux sociaux de la marque, potentiellement sponsorisées, et utilisées à des fins commerciales.
En d’autres termes : la marque veut créer du contenu publicitaire avec de vrais enfants, sur plusieurs jours, sans payer. Et tout cela sous couvert de « donner un vélo ».
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Deux jours de tournage,
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Des enfants mis en scène de façon professionnelle,
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Des contenus largement diffusés à des fins commerciales,
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Et en échange : un vélo.
Une image cool, mais des pratiques discutables
Cette marque française aime se présenter comme une marque « proche des familles », tendance, bienveillante. Mais ce type de démarche interroge :
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Est-il acceptable qu’une marque profite de la naïveté ou de la bonne volonté des parents ?
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À partir de quand une “contrepartie” devient-elle insuffisante, voire exploitative ?
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Et surtout : pourquoi les enfants devraient-ils servir de mannequins publicitaires gratuitement ?
Enfants mannequins : un cadre légal ignoré ?
En France, le travail des enfants mannequins est encadré par la loi. Toute activité commerciale impliquant un mineur – photo, vidéo, publicité – doit être soumise à une autorisation administrative préalable (via la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités). Cette autorisation garantit :
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que l’enfant ne sera pas surexposé médiatiquement,
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que les horaires sont adaptés à son âge,
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que les conditions de travail sont encadrées,
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et surtout : qu’une rémunération est prévue et qu’une partie est bloquée sur un compte jusqu’à sa majorité.
Or, dans le cas de cette entreprise de vélos, rien n’indique que ce processus est respecté. La marque propose un vélo en guise de paiement, mais cela ne constitue ni un contrat de travail, ni une rétribution conforme à la législation française.
Pour se dédouaner, certaines marques jouent sur l’ambiguïté : “Ce n’est pas un tournage, c’est un moment en famille !” ou “Ce n’est pas un travail, c’est une expérience fun pour les enfants.”
Mais dans les faits, lorsqu’un enfant est dirigé devant une caméra pendant plusieurs heures, que ses images sont montées, diffusées, sponsorisées, et utilisées pour vendre des produits… on est bien dans le cadre d’un travail artistique rémunéré.
Et dans ce cas, ne pas déclarer l’enfant mannequin ni le rémunérer, c’est tout simplement illégal.
Et qu’en dit la loi ?
La loi du 19 février 2020 et son décret d’application du 28 avril 2022 s’appliquent pleinement dans ce cas, si les contenus produits par cette marque sont destinés à être diffusés sur les réseaux sociaux.
La loi n° 2020-126 du 19 février 2020 encadre l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de 16 ans sur les plateformes de partage de vidéos (YouTube, Instagram, TikTok, etc.).
Elle vise à protéger les enfants influenceurs, mais elle s’applique aussi aux enfants apparaissant dans des vidéos ou photos publiées par des marques, dès lors qu’il y a :
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une diffusion régulière ou professionnelle de contenus,
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un objectif commercial ou de visibilité,
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une participation significative de l’enfant.
Le décret du 28 avril 2022 (décret n°2022-791) précise les modalités d’application :
👉 L’activité doit être autorisée par l’administration (DDDET),
👉 L’enfant doit être rémunéré (avec une part bloquée sur un compte bancaire spécifique),
👉 L’enfant bénéficie du droit à l’effacement de ses contenus à sa majorité.
Application à cette entreprise :
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L’enfant est mis en scène de manière professionnelle (tournage photo/vidéo, encadré, scénarisé),
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Les contenus sont destinés à être diffusés sur les réseaux sociaux de la marque,
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Le but est commercial : promouvoir la marque et vendre des vélos.
Donc OUI, la marque devrait impérativement respecter le cadre légal prévu par cette loi, notamment :
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obtenir une autorisation préalable,
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rémunérer les enfants via une procédure sécurisée,
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informer les familles de leurs droits, notamment celui à l’effacement.
S’ils ne le font pas, ils sont en infraction.
LA réponse du co-fondateur de cette marque à mon message sur Instagram.
Derrière les sourires : un modèle à revoir
Oui, les enfants sont mignons en vidéo.
Oui, ils donnent une image sympathique à une marque.
Mais cela ne doit jamais se faire au prix de leurs droits, ni au mépris des règles qui existent pour les protéger.
Les marques doivent cesser de jouer sur la frontière floue entre “participation ludique” et “travail dissimulé”.
Un vélo ne paye pas deux jours de tournage.
Un sourire ne remplace pas un contrat.
Et j’accuse autant la marque que les parents qui postuleront à cet appel à casting.
Les enfants ne sont pas des influenceurs gratuits
Malheureusement, ce n’est pas la seule marque à adopter ce type de stratégie. Mais son cas illustre parfaitement une tendance inquiétante : l’exploitation déguisée du travail des enfants sur les réseaux sociaux, sans cadre ni reconnaissance.
En tant que parents, consommateurs, citoyens, il est temps de demander des comptes.
Le respect du droit à l’image, du temps, et de la dignité des enfants ne devrait jamais être facultatif.
Si le cœur vous en dit, vous pouvez signaler cette marque – je vous donne le lien en privé de leur casting.
La DREETS (ex-DDT/Inspection du travail)
C’est l’organisme le plus pertinent pour dénoncer une infraction à la loi encadrant le travail des enfants et l’exploitation de leur image.
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Ce qu’ils peuvent faire : Vérifier si la marque a obtenu l’autorisation légale pour faire tourner des enfants, contrôler l’absence de contrat, l’absence de rémunération, etc.
Mon dieu ! Absolument effarant !!!
Auteur
Et je pense qu’ils n’en sont pas à leur coup d’essai. L’inspection du travail leur demandera des comptes, je ne m’en fais pas !
Quelle honte
Dis moi en privé qui est-ce
Auteur
On s’appelle. Bises
Quel honte vraiment malheureusement c’est de pire en pire
Auteur
Effectivement, bien triste !
Non mais j’espère que tu les as d’énoncés
Sinon moi je le fais avec grand plaisir je m’y connais bien en inspection du travail
Quelle bande de merde sérieux
Auteur
Je ne reste jamais les bras croisés. Affaire à suivre.
Effectivement, il vaut mieux travailler avec des marques qui respectent les lois surtout quand ça concerne les enfants.
Auteur
Oui mais pas facile de faire le tri !
OMG quelle honte !
Auteur
Oui c’est fou quand même !