Ouest Américain : Rhyolite, la ville fantôme et mon coup de stress

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Je tenais ABSOLUMENT à y faire un tour. Passionnée par les endroits abandonnés, les mystères et j’en passe, c’était donc normal que j’aille faire un tour à Rhyolite, la ville fantôme, entre deux grandes étapes de notre roadtrip.

Comment toujours, mon mec m’a pris pour une folle avec ses délires étranges, mais il a accepté (non pas avec joie) de faire un détour, après notre visite à la Death Valley, pour que je contemple Rhyolite, l’insolite (la rime c’est cadeau). Presque 1h30 de voiture pour y arriver mais ça valait le coup. Fan des urbex (exploration urbaine d’endroits abandonnés) je n’ai pu être que conquise ! Attention il fait chaud mais par chance je me suis coltinée du vent, c’était moins lourd à supporter.

La fin de ma visite s’est hyper mal déroulée, je n’ai jamais eu autant peur de ma vie, je vous expliquerai pourquoi #GrosSuspense

Quelle est donc cette ville abandonnée ?

Rhyolite, c’est LA ville fantôme minière du Nevada. Située sur la route 374 entre la ville de Beatty et l’entrée Est de la Vallée de la Mort, elle n’attire bizarrement pas les foules (alors qu’en plus c’est gratuit). Tout le monde se fiche de contempler des ruines, sauf moi.

Rhyolite a vu le jour en 1904, à l’époque de la ruée vers l’or. Ses mineurs avaient découvert de l’or dans les collines avoisinantes. La Montgomery Shoshone Mine a longtemps fait parler d’elle.

En trois ans, Rhyolite est devenue une métropole. En 1907-1908, elle comptait entre 8 000 et 10 000 habitants, selon les optimistes (et certainement beaucoup moins selon la Préfecture ahah pardon).

Autant vous dire que c’était quelque chose balaise pour l’époque. Reliée par trois lignes de chemin de fer, la ville comptait des hôtels, des restaurants, des magasins, cinquante saloons, des banques, un opéra, deux églises, des salles de spectacles, trois compagnies de distribution d’eau, trois agences de presses, des bureaux d’avocats, une école ayant jusqu’à 250 élèves, l’électricité, une PRISON, et même une piscine dont l’eau était changée quotidiennement en plein désert.

Elle était pressentie pour devenir le Chicago de l’Ouest.

En 1908, ses habitants l’ont soudainement désertée, abandonnant ses bâtiments dont il ne reste aujourd’hui que quelques vestiges. L’essor si fulgurant d’une ville suivie de son abandon aussi brutal est unique dans l’histoire de la ruée vers l’or.

La principale caractéristique de Rhyolite est d'avoir été bâtie en matériaux typés béton, contrairement à la plupart des villes fantômes issues de la ruée vers l'or faites de tentes et de quelques bâtiments en bois.

Pourquoi une telle chute ?

Aucun rapport avec des fantômes qui s’amusaient à effrayer les habitants. Les historiens y voient trois causes :

  • L’or se fait rare : une étude révèle que le gisement de la Montgomery Shoshone Mine a été surévalué. En 1911 elle ferma définitivement ses portes.
  • Le terrible tremblement de terre de San Francisco de 1906. Cela a eu un impact économique sur toute la Californie. L’argent nécessaire à la reconstruction de la ville est dévié des régions minières qui avaient pourtant besoin de nouveaux investissements.
  • La panique bancaire en 1907. Des banques font faillite et certains capitaux nécessaires aux investissements miniers deviennent donc indisponibles.

Les investisseurs, ces mecs intelligents et bienveillants, décident alors de se détourner de Rhyolite et c’est le début de la fin.

En 1920, il ne restait plus que 14 habitants. En 1922, le Los Angeles Times fait état d’un seul habitant, un vieil homme de 92 ans, décédé en 1924.

Mon aventure, seule au monde (mon mec attendait dans la voiture)

Aujourd’hui, il ne reste que quelques vestiges de cette ville. Je n’aurais pas cru y passer au moins une heure, il y avait tant à voir. Mais encore faut-il s’aventurer hors des sentiers battus.

Dès mes premiers pas dans ce lieu, j’ai été un peu triste. Déçue de voir un village à l’abandon, cela me rappelle que le temps passe, que l’on n’est pas immortel et que du jour au lendemain la civilisation peu disparaître.

J’ai été surprise par ces édifices, en plus ou moins bon état, j’avais comme la sensation d’une fin du monde. Et dire que cette ville criait la joie vivre le siècle dernier. Je ne voyais pas seulement des ruines, j’y imaginais la vie avant. Des flyers sont mis à disposition, au milieu de nul part, des gens qui osent y mettre les pieds. J’ai ainsi pu me faire guider par ce prospectus qui expliquait l’histoire de la ville, les bâtiments, etc, grâce un plan plutôt bien fichu..

Malgré la chaleur écrasante, j’ai tenu à prendre une montée bien pentue pour me tenir devant l’entrée d’une mine, certainement la national bank mine. Un panneau rappelle que chercher à pénétrer dans ce trou noir est interdit et peut déboucher sur une mort tragique. Et sur le site, on peut lire d’autres signalétiques qui instaurent des règles de base : ne pas casser, respecter le passé, sinon punition.

Sans le vouloir, je suis rentrée dans certains bâtiments alors qu’après-coup j’ai lu que c’était interdit. J’avais peur qu’ils balancent une patrouille et des hélicoptères à ma poursuite.

Lorsque je suis descendue, tout a dérapé. Le début du drame. Alors non, je n’ai pas fait un roulé-boulé (mais j’aurais pu vu la pente en gravier) j’ai croisé le chemin d’un homme solitaire en camping-car alors que je m’approchais de la prison. Il m’a salué, je me suis sentie obligée de m’approcher de ce soixantenaire, ou un peu moins, châtain américain. Il m’a alors raconté TOUTE sa vie, du moins ce que j’en ai compris (oui je ne suis PAS bilingue). Qu’il venait ici avant avec sa famille, qu’ils avaient dormi dans leur camping-car sur ce site mais que maintenant c’était interdit. Que sa fille venait de se marier et que sa femme était occupé à …??? Je n’ai pas déchiffré ce passage là, son accent n’était pas easy. Je trouvais cela suspect, ce mec avec son camping-car au milieu de nulle part, seul, qui tenait absolument à me parler pendant au moins trente minutes. Avouez, c’est étrange, vraiment chelou.

Même s’il avait l’air sympa et très bavard, je n’étais pas DU TOUT à l’aise. D’une parce que mon mec m’attendait dans la voiture déjà depuis 25 minutes et qu’il devait être saoulé, et de deux car ce ricain me faisait flipper. J’ai repensé à toutes mes histoires de disparitions, à tous ces gens qui se faisaient tuer ou qui finissaient putes je ne sais où à la suite de mauvaises rencontres. BREF, j’ai commencé à avoir chaud. Surtout au moment fatidique qui suit, j’ai vraiment eu le pire stress de ma vie, je vous le jure.

Alors qu’il me demandait quelle était notre prochaine étape, oui j’avais bien précisé que mon mec était avec moi, pas loin, il finit par me dire qu’il avait un super plan pour moi pour se baigner dans une cascade chaude. Non merci ça ira, ce n’est pas trop mon délire. Mais non je n’ai rien osé dire, comme souvent, et le voilà parti vers son camping-car. Il a ouvert la porte du conducteur, j’hurlais intérieurement, il s’est penché pour fouiller pendant quelques minutes, mes jambes tremblaient.

Dans ma tête je venais de signer mon arrêt de mort, le mec est parti prendre une corde et un flingue, il va me kidnapper, et mon mec croira que je l’ai abandonné dans une ville fantôme. Mon dieu quelle fin atroce. Je n’en pouvais plus, je me retenais de pleurer, les larmes commençaient pourtant à monter, je vais mourir, c’est l’heure. Si jeune. J’étais tellement tétanisée que je ne pouvais plus bouger. Bon sang, quelle fucking victime je fais là. Je suis prête pour jouer à la blonde qui meurt en premier dans un film d’horreur pourri.

La fameuse prison

Faire confiance aux inconnus ? Je n’y arrive pas. Je n’ai jamais vraiment réussi, j’ai toujours été méfiante mais fonceuse (je dirai surtout inconsciente). Mais je dois avoir une bonne étoile au-dessus de moi. Heureusement pour moi, il a tenu parole et est revenu avec son flyer sur sa fichue cascade. J’ai réussi à me débarrasser de lui après qu’il ait voulu que je prenne des photos de lui devant son camping-car… Je suis ensuite partie en courant après lui avoir serré la main, croyez-le ou non, j’ai détalé comme un guépard. Le mec n’a rien dû comprendre. Et moi non plus d’ailleurs.

En arrivant à la voiture, mon mec m’a fait un peu la gueule car il attendait depuis maintenant 1 heure… Le pire c’est qu’il me voyait discuter avec le monsieur et même pas il venait à ma rescousse quoi ! « Tu aimes parler à tout le monde, je ne pensais pas que tu avais peur, ça ne se voyait pas. »

Bonus : Goldwell open air museum

A quelques pas de là, se dresse un musée d’art contemporain, dira-t-on. Moi qui habituellement ne vibre pas devant l’art moderne… Ambiance un peu glauque mais aussi fantastique. Parfait si vous y passez lors de la période Halloween. Sans aucune surprise, j’ai adoré également ce moment. On était seul au milieu de nul part sans signe de vie, encore, à fouler le sol poussiéreux dans ce climat aride. Je suis étonnée de voir que tout ce qui est posé est en parfait état. Les gens ne dégradent rien, c’est vraiment super !

Il y a même une partie « urbex ».

Ce musée en plein air a vu le jour en 1984 et il est gratuit.

Cet endroit rassemble huit œuvres disposées autour d’une petite maisonnette qui fait office d’accueil et de magasin de souvenirs. Ce jour-là elle était fermée, à mon avis il faut être hyper chanceux pour tomber sur quelqu’un ! Malgré tout, le site se visite librement et des brochures explicatives en anglais sont mises à la disposition des visiteurs.

Ce musée à but non lucratif a vu le jour en 2000 après la mort d’Albert Szukalski , l’artiste polonais-belge qui a créé les premières sculptures du site en 1984 près de la gare abandonnée de Rhyolite.

La plus célèbre sculpture se dresse près de l’entrée : le Last Supper (le dernier repas en français). Une reconstitution fantomatique du chef-d-oeuvre de la Cène de Léonard de Vinci. Les Apôtres sont des fantômes grandeur nature. Albert Szukalski a enroulé dans du tissu trempé (genre plâtre) des modèles posant dans des poses différentes. Le résultat est bluffant. On peut même prendre place dans ces chaises originales, observez les assises.

Vous admirerez, entre autres, les œuvres d’autres artistes belges :

Ghost rider (1984) d’Albert Szukalski.


Sit here! (2000) de Sofie Siegmann. Mais en vrai il est interdit de s’y asseoir car il s’abîme.


Lady Desert: The Venus of Nevada (1992) de Hugo Heyerman. Une sculpture en parpaings d’une femme blonde nue, en partie basée sur l’idée du pixel.


Tribute to Shorty Harris (1994) de Fred Bervoets. Le personnage présenté est Shorty Harris, un prospecteur qui a découvert l’or à Rhyolite. Et à ses côtés on peut voir un pingouin ? Selon le musée où il était exposé avant, le pingouin est un autoportrait de l’artiste. L’animal symbolisait le sentiment de déplacement de Bervoets dans le désert du Nevada. Le gardien de Rhyolite Clint Boehringer a une version différente:

« Avez-vous vu la statue du mineur avec le pingouin derrière lui ? C’est un hommage à Shorty. Quand il était dans le désert et se mettait à boire sa bouteille d’alcool, après un moment il regardez derrière lui et voyez un pingouin le suivre. Il n’a pas vu d’éléphants roses, il a vu des pingouins.  »

Chaque oeuvre laisse le visiteur pensif. On y voit là une touche philosophique ou ridicule. Question de subjectivité. Personnellement, je ne regrette pas du tout ce moment du voyage ! Si je devais y retourner, je serais super contente !

Et vous, ça vous inspire quoi ?

8 Commentaires

  1. Romain
    30 décembre 2019 / 11 h 48 min

    Tu as un don pour te mettre dans des situations très cocasses mais ton chéri aurait quand même pu te rejoindre. ^^
    Une ville fantôme ce doit être fascinant à explorer même si cet endroit ne me fait pas envie, comparé au reste de ton voyage. 🙂

    • CamilleG
      Auteur
      30 décembre 2019 / 12 h 09 min

      AHAHAH oui il m’arrive souvent plein d’histoires. Bon après j’ai ma théorie : pour certains, s’ils font face à ça, il n’y a rien de grave. Mais bon il est vrai que je déborde d’imagination et que je suis une personne un peu stressée… Alors on n’a pas tous la même appréhension des événements. Mais il m’arrive quand même des trucs de fou LOL

  2. Léa
    30 décembre 2019 / 16 h 29 min

    Un enfer !!

    • CamilleG
      Auteur
      31 décembre 2019 / 9 h 34 min

      C’est clair que ce moment me donne encore la chair de poule !

  3. Seb
    3 janvier 2020 / 10 h 00 min

    ça me rappelle l’histoire d’une copine qui avait pris rendez-vous chez un nouveau dentiste.
    Elle est entrée et s’est retrouvée seule dans la salle d’attente et elle s’est mise à se faire des films : et si ce n’était pas un vrai dentiste ? et s’il l’endormait pour la torturer, la violer ou lui prendre un organe etc..
    Je veux bien que tu sois de nature flippée mais il n’y a pas que ça : ton environnement compte aussi beaucoup.
    Un environnement urbain et stressant et aussi le fait de regarder des séries ou des films violents ou à s’intéresser à des fais divers sordides y sont pour beaucoup je pense.
    Tu accordes pas mal d’importance à manger « sain » mais peu à avoir un environnement « sain » je trouve.

    Et puis ton mec…je comprends qu’il ne soit pas intéressé par ce genre de visite mais de là à rester dans la voiture (après avoir fait un trajet 1h30) ça fait un peu sale gosse boudeur !

    • CamilleG
      Auteur
      3 janvier 2020 / 14 h 37 min

      Salut Seb, le revenant… AHAH. Bonne année au fait !
      Je n’ai pas compris en quoi je n’ai pas un environnement sain ?
      Mon mec était sur son tél, il ne s’ennuyait pas vraiment mais je comprends l’avoir saoulée avec mon côté aventurière. Il était crevé par la route et la chaleur. Donc non il ne boudait pas, il se reposait avant de reprendre 3 heures de route. Tu critiques sans connaître, comme toujours hein !

  4. 7 janvier 2020 / 17 h 25 min

    Cela ne devait pas être agréable comme moment
    Ton mec n’aurait jamais du te laisser seule dans ce genre de ville fantôme à mon avis, mais ce n’est que mon avis
    Bisous

    • CamilleG
      Auteur
      7 janvier 2020 / 20 h 13 min

      Coucou ma Sylvie. Oh il n’était pas bien loin, il surveillait ahah 🙂

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