Souvenez-vous (ou pas), fin 2018 j’avais publié un article pour approfondir le cas des 2 hollandaises retrouvées mortes dans une forêt du Panama en avril 2014. Par un heureux hasard, en effectuant quelques recherches sur Internet, je suis tombée sur Romain, un jeune homme de 21 ans, qui expliquait son souhait de partir sur les traces de ces 2 jeunes filles. Je l’ai interviewé au sujet de son projet. Vous pouvez retrouver l’article ICI. Il est enfin revenu, après plusieurs semaines sur place et nous explique ce qui sort de son enquête.
POUR RETROUVER LA PREMIÈRE PARTIE DE SON BILAN, C’EST PAR ICI.
ET LA DEUXIÈME EST DISPO SUR CE LIEN.
Dans cette dernière partie, nous allons imaginer des hypothèses après être revenu sur certains éléments de l’affaire. A la fin de l’article, vous trouverez les vidéos que j’ai prises du sentier après le mirador ainsi que deux podcasts auxquels j’ai participé. Un de Distorsion enregistré en janvier 2020, et un autre de Exitum enregistré en mai dernier, un nouveau podcast suisse.
La dernière partie, vraiment ?
Je vous invite à lire l’annonce en toute fin de l’article, j’ai une très bonne nouvelle à vous partager.
Pour rappel, la partie 2 avait pour objectif de fournir une représentation globale et cohérente de cette affaire. Étant donné son rôle de colonne vertébrale au sein de cette réflexion sur l’affaire des Hollandaises, je tiens à préciser qu’elle est vouée à être complétée, améliorée et corrigée. Chaque modification étant datée et indiquée dans les commentaires, vous pourrez savoir ce qui a été modifié et à quel moment. La partie 3 est également ouverte à des modifications.
Les photos inédites et les journaux intimes ayant fuités fin 2019, je me permettrai alors de publier ici certaines de ces images.
Explication sur l’information ajoutée puis retirée du blog en février 2020
En février, j’avais reçu un message d’un contact de Boquete qui avait discuté avec un membre de la protection civile. Ce message m’indiquait simplement que l’un des pères des Hollandaises devait partir fin avril 2020 et efaire le sentier en sens inverse avec un agent du FBI. Je l’avais ajouté à l’article du blog mais à la suite d’une discussion avec un journaliste hollandais, j’ai préféré retirer l’information. Il semblerait que des proches des Kremers ne soient absolument pas au courant de ce détail. Néanmoins, cela ne veut pas nécessairement dire que l’information était fausse. Dans le doute il valait mieux la supprimer. Si l’information se révélait en réalité être vraie, la randonnée n’a bien évidemment pas pu se tenir en raison de la pandémie de la COVID-19.
C’est parti pour une lecture inédite.
Les tests ADN
A la suite de certaines discussions et en lisant certains commentaires, je me suis rendu compte que des gens avaient des doutes sur la fiabilité des tests ADN en raison de la rapidité à laquelle ceux-ci avaient été réalisés. Étant donné que je dispose des tests ADN de Kris, c’est l’occasion de vous en faire un résumé.
Je prends la liberté de ne pas indiquer les informations privées tels que les indices de parentalité, ainsi que les autres données génétiques. Je tiens également à vous prévenir que ma traduction ne sera certainement pas sans erreurs.
« Informe pericial: UAB-DESC-0078-14 » du 15 août 2014
Le rapport ADN UAB-DESC-0078-14 concerne la côte de Kris Kremers, ainsi que les os d’autres individus non identifiés.
Objectif du rapport : obtenir les profils génétiques des échantillons décrits et réaliser une étude comparative de ceux-ci afin de déterminer s’il existe un lien de filiation parental.
Méthodes et instruments utilisés :
- A. Extraction de l’ADN Les échantillons ont été nettoyés selon le protocole PRT-SE/109 du Consortium Génomique-Ibadesa :
– Nettoyage de l’échantillon : l’échantillon est placé dans de l’eau stérile, la surface externe est grattée avec un scalpel, et l’échantillon est laissé à sécher à température ambiante.
– Pulvérisation d’une zone de la pièce osseuse avec une mèche dremel.
– Digestion : la solution de digestion enzymatique est préparée avec le « BTA Lysis Buffer », du DTT 1M et de la protéinase K (20 mg/ml) du kit commercial « PrepFiler Express BTA Forensic DNA », et du protocole des restes osseux de la compagnie « Applied Biosystems ». Les échantillons sont laissés en incubation à 56°C pendant 16 à 18 heures de digestion, puis l’extraction est réalisée.
- B. Amplification de l’ADN :
Est réalisé l’amplification multiple de vingt-quatre locis génétiques autosomiques STR, incluant : [liste de gènes].
Nous utilisons le kit commercial homologué « Powerplex Fusion System » de la marque « Promega ». L’amplification se fait avec l’équipement « Termociclador Geneamp PCR Systems 9700 » de « Applied Biosystems ».
Locis : le locus (singulier de locis) est la position fixe d’un gène ou d’un marqueur génétique sur un chromosome.
STR : de l’anglais « Short Tandem Repeat », ou plus simplement «séquence microsatellite» en français, correspond à une séquence génétique formée par une répétitions de motifs de deux à cinq bases.
- C. Détection du profil génétique :
Les fragments ADN amplifiés ont été détectés à travers la technologie de l’électrophorèse capillaire dans l’appareil d’analyse génétique ABI 3500. Les produits amplifiés ont été utilisés avec la norme interne « ADN CC5 LS500 » et « HiDi-Formamida ». La détection des profils génétiques est réalisée avec le logiciel « Genemapper ID-X v1.2 » de « Applied Biosystems », en utilisant la « Matriz Standard Powerplex 5Dye » et l’échelle des allèles du kit « PowerPlex Fusion System ».
Référence : Applied Biosystems 3500/3500xL Genetic Analyzer User Guide. 2010 Life Technologies Corporation.
- D. Analyse biostatistique comparative :
Dans un cas de paternité, deux hypothèses alternatives sont évaluées :
H1 : le père présumé est le père biologique de l’enfant.
H2 : le père supposé n’est pas le père biologique de l’enfant et est donc un autre individu de la population.
Lorsque les deux hypothèses sont analysées, la relation pour/contre la paternité est déterminée. Cette relation est définie par l’indice de paternité (IP), où pour l’hypothèse H2, les données génétiques obtenues de la population sont prises en compte et calculées pour chaque marqueur génétique analysé. Le résultat final est un IP total. Cette valeur indique le nombre de fois où la paternité est la plus probable par rapport à un autre homme dans la population.
Référence : Evett IW and Weir BS (1998) Interpreting DNA evidence. Sinauer. MA, USA.
Résultats :
Il s’agit ici de deux tableaux comparant les locis STR extraits des os, avec ceux des parents.
Conclusion :
Les parents de Kris correspondent au profil génétique de la côte et l’indice de paternité est de [valeur proche de 20 milliards].
Chose intéressante, le morceau de crâne et le radius retrouvés pendant les recherches appartiennent à des individus masculins.
« Informe pericial : UAB-DESC-0054-14 » du 24 juin 2014
Le rapport ADN UAB-DESC-0054-14 concerne le pelvis de Kris Kremers.
Objectif du rapport : idem
Méthodes et instruments utilisés : idem
Résultats : idem
Conclusion :
Les parents de Kris correspondent au profil génétique du pelvis et l’indice de paternité est de [valeur proche de 20 milliards et exactement le même que celui obtenu pour la côte].
Remarque : les tableaux de la section résultat comparent les allèles des vingt-quatre gènes sélectionnés et extraits des os, avec ceux des parents. De ce que je peux voir, les allèles correspondent bien avec ceux des parents de Kris. Il n’y a pas d’erreur.
L’intervenant anonyme du reportage « Lost in the wild »
Lors du reportage américain sur cette affaire qui a été publié en janvier 2020, un intervenant anonyme avait été interrogé sur les os. J’ai d’abord été dubitatif face à cette personne puisqu’elle contredisait les rapports d’autopsie que j’avais devant les yeux. Néanmoins, lorsqu’il disait être Mexicain, il a soulevé mon intérêt. Pour quelle raison ? Tout simplement car dans le rapport général d’autopsie, il est indiqué qu’un certain scientifique mexicain avait participé aux conclusions. J’ai alors comparé ses photos avec le peu qu’on pouvait voir du visage de l’intervenant, et cela semblait plus ou moins correspondre. Il n’y avait absolument rien de certain, mais c’était déjà une piste à étudier. J’ai donc essayé de contacter cette personne mais je n’ai obtenu aucune réponse à ce jour.
Spanish by the river
Lors de mon voyage au Panama, je me suis rendu compte que l’école « Spanish by the river » ne jouit pas d’une très bonne réputation auprès des locaux. J’ai pu entendre des anecdotes d’anciens employés de l’école qui racontaient que l’établissement laissait ses étudiants fumer de la drogue dans son enceinte, et qu’ils ne souciaient pas tellement d’eux.
Chez eux, l’enseignement fournit n’avait pas pour objectif de transmettre des compétences approfondies de la langue mais simplement un niveau suffisant pour voyager en pays hispanophone. Un avis que ne partageait pas un employé de « Spanish by the sea » rencontré lors de ma visite sur place, et qui m’assurait de la qualité de l’enseignement fournit par l’ensemble des écoles de « Spanish at location ». Quant au choix des familles d’accueil, j’ai pu en discuter avec certaines familles qui avaient décidé de ne pas choisir « Spanish by the river » car celle-ci ne paraissait pas suffisamment fiable et soucieuse dans l’encadrement de ses étudiants, et leur placement dans une famille d’accueil de confiance.
De mon côté, je me suis rendu un soir sur place après y avoir réservé un lit. L’endroit, du fait de son isolement, possède une atmosphère particulière qui aurait pu être agréable si je n’avais pas rencontré le peu de personnes qui y logeait. La toute première personne que j’ai rencontrée était une femme shootée au cannabis, avec un fils de mon âge qu’elle n’arrivait pas à gérer. Dans ma chambre, je me suis retrouvé avec une vieille dame qui m’envoyait des signaux contradictoires me faisant d’abord sentir comme n’étant pas le bienvenu pour ensuite me faire ressentir le contraire. Sans oublier qu’elle me parlait de complot gouvernemental et me demandait qui contacter pour révéler des méfaits commis par un État, tout en refusant de me dire pourquoi. Ce jour-là avec toutes les mésaventures que j’avais eues depuis mon réveil, j’ai préféré abandonner ma chambre pour décompresser en faisant la randonnée nocturne du volcan Baru.
Feliciano
Feliciano est un guide assez controversé qui n’a pas manqué d’attirer l’attention du public. Étant donné son implication dans l’affaire, il est raisonnable de s’interroger sur lui. Au sein de la communauté de Boquete, il travaille en tant que guide non assermenté. N’ayant certes pas de diplôme pour exercer ce métier-là, il accomplit toutefois son travail avec efficacité comme en témoigne la vaste majorité des avis Tripadvisor. Un guide très gentil qui permet aux étrangers de découvrir la région avec unœil expérimenté. Néanmoins, ce n’est qu’une facette de sa réputation. J’ai pu entendre quelques anecdotes de panaméennes ayant fait appel à ses services. Elles décrivaient son comportement comme étant inapproprié avec les femmes seules : des remarques sur le physique et un comportement trop tactile et dragueur. Durant mon voyage, un avis très critique avait été publié sur la page Tripadvisor de Feliciano. Ce retour d’expérience mentionnait son intérêt pour les femmes nord européen et déconseillait aux femmes seules de faire appel à ses services. Un potentiel fake mais qui se trouvait toutefois dans la même lignée que les quelques anecdotes entendues sur place.
Une mauvaise réputation alourdie par celle de son fils adoptif Henry qui, semble-t-il, était lié à des activités de petits gangs vers la Caldera et connu comme un élément turbulent de sa communauté. Un fils qui était lié à celui du propriétaire du restaurant El Sabroson qui avait été interrogé à l’époque par la police sans être incriminé, et qui est aujourd’hui décédé.
Aux premiers abords, tout cela est inquiétant mais cela n’en fait absolument pas un coupable mais tout au plus une personne d’intérêt. Je me sens dans l’obligation de le défendre après avoir constaté le harcèlement qu’il subit encore aujourd’hui de la part d’internautes croyant détenir la vérité depuis le confort de leur chambre.
Feliciano a certes une mauvaise réputation, mais cela n’est rien comparé à tous les avis positifs ventant ses qualités humaines. Il a été le premier à réagir à la disparition de Kris et Lisanne, et à faire en sorte que l’on commence à rechercher les filles. Dans les affaires de disparition, il est souvent reproché aux gens de ne pas réagir immédiatement alors que les premiers moments d’une disparition sont les plus cruciaux pour retrouver un disparu en vie. Pour une fois que quelqu’un réagit comme il le faut, il est traité comme un criminel. A quoi bon faire bouger les choses, si l’on risque de se faire accuser par la masse populaire ?
Feliciano a fait ce qu’il fallait faire et il ne devrait pas être harcelé pour cette raison. Toute cette pression contre lui, a dû être une véritable violence psychologique et lui faire perdre ses repères au point de ne plus vouloir être associé à Kris et Lisanne. Les menaces qu’il avait proféré (cf. Partie 2 anecdote d’Ernesto) sont parfaitement compréhensibles dans cette situation puisque c’était aussi son travail qu’il risquait de perdre. Sa vie aurait pu totalement s’effondrer si cela avait été plus loin. Certains rappelleront le fait qu’il possède une ferme dans la jungle, mais il n’est pas le seul. D’autres personnes comme Laureano Bejerano, un autre guide, qui a participé aux recherches, ont également des fermes là-bas et ont aidé à trouver les os. S’il suffisait de vivre près d’une zone de découverte pour être incriminé, alors beaucoup de personnes le seraient. C’est pour toutes ces raison qu’il est important d’affirmer qu’absolument rien n’incrimine Feliciano, et que jusqu’à preuve du contraire, c’est un innocent.
Plinio Montenegro
Je l’avais mentionné dans la partie 2 car il avait à l’époque attiré l’attention des familles. Une attention qu’il devait au fait d’avoir dit sur facebook qu’il avait vu les filles sur le sentier. Par la suite, il était revenu sur ses propos mais c’était déjà trop tard pour lui. Les gens ont commencé à l’harceler (certaines personnes l’ont encore fait récemment) et à voir en lui un potentiel coupable. Si Plinio l’était, pour quelle raison aurait-il dit les avoir vues ? Cela n’a pas de sens. Un coupable aurait évité toute connexion avec ses victimes, et surtout pas sur le lieu de la disparition. Plinio a peut-être bien vu les filles, mais dans ce cas-là, il les a sûrement simplement croisées ou leur a indiqué le chemin à prendre.
Le sentier El Pianista
Il y a quatre enseignements à tirer de ma randonnée sur El Pianista.
– Vous avez déjà dû vous en rendre compte en lisant mon expérience du sentier, mais il est bon de souligner le fait qu’il est difficile de trouver directement le sommet sans avoir reçu d’indications sur place. Le sentier n’est pas balisé et c’est donc au randonneur lui-même de savoir quel chemin prendre. Avec les deux touristes que j’ai rencontrés sur le sentier, et un autre durant mon voyage, nous nous sommes tous trompés au moins une fois. Si les filles ont pu atteindre le sommet en deux heures, c’est qu’elles ont sûrement atteint le sommet sans se tromper une seule fois. Ce qui signifie alors que Kris et Lisanne ont rencontré des gens qui les ont aidées en leur indiquant quelle direction prendre.
– Le second enseignement à retenir est que l’on croise obligatoirement des gens sur ce sentier. Dans la partie 2, je n’avais pas été assez précis à ce sujet-là. Lors de ma seconde randonnée, j’ai croisé à l’allée environ quatre personnes vers l’entrée, puis environ quatre autres vers le hangar et les habitations, et un indigène lors de mon ascension dans la jungle. Au retour, j’ai vu un jeune indigène vers le sommet puis un autre à la sortie de la jungle. En chemin, j’ai croisé deux touristes et enfin quelques personnes à l’entrée d’El Pianista. Que de personnes ! Alors que le temps n’était pas très clément et qu’on se trouvait en basse saison touristique. Le 1er avril 2014 était un jour très ensoleillé en pleine saison touristique, et puisque de mon côté j’ai pu tomber sur autant de gens sans ces conditions favorables, Kris et Lisanne ont assurément rencontré des gens durant leur marche.
– Le sentier se poursuivant au-delà du Mirador prend la forme d’un sentier unique et étroit. Là-bas, il est impossible de s’y perdre en poursuivant dans la même direction pendant au moins une heure trente. Dans cette configuration, il est également très difficile d’échapper à quelqu’un et de pouvoir fuir dans la direction de Boquete si une personne vient de là-bas.
– Enfin, les filles n’avaient aucune raison de continuer à marcher aussi longtemps qu’on suppose qu’elles l’aient fait. A la photo 508, avec déjà trois heures de marches, elles partaient pour une randonnée d’une durée totale de six heures avec un retour à 17h. Rallonger leur marche de seulement trente minutes, c’est logiquement rajouter une heure à cette randonnée et rentrer à 18h quand il commence à faire sombre. Sachant qu’elles n’étaient pas préparé pour une très longue randonnée, il me paraît très douteux qu’après trois heures, voire trois heures trente de marche, elles aient jugé qu’une randonnée totale de six ou sept heures n’était pas suffisante.
L’interprétation émotionnelle des visages
Regarder les photos prises par Lisanne et tenter d’analyser leurs expressions est une mauvaise idée, particulièrement sans prendre en compte le contexte. Lorsque vous regardez un visage sur une photo, vous apportez votre interprétation selon les informations dont vous disposez et extrapolez si ces dernières ne vous paraissent pas suffisantes. Un visage neutre, peut vous paraître inquiet si l’on vous raconte que la personne concernée à des soucis personnels, tout comme il peut vous paraître agressif si l’on vous raconte que cette personne a passé une mauvaise journée. Globalement on projette sur un visage, les émotions que l’on souhaite inconsciemment voir. Dans l’affaire de Kris et Lisanne, vous avez le contexte d’une potentielle agression ou d’une situation d’égarement, et par conséquent, vous allez chercher des signes d’inquiétudes. Certaines personnes soulèvent par exemple le fait que les filles sourient sur les photos jusqu’au Mirador et qu’après ce n’est plus le cas. Il est important de rappeler qu’il y a des photos avant le sommet où les filles ne sourient pas. Comme celle où l’on voit Kris avancer seule dans la jungle ou encore, avant cela, quand Lisanne prend la pose près des enclos.
Ensuite, lors d’une randonnée vous ne passez pas votre temps à sourire. Je vous rappelle qu’une randonnée de plusieurs heures est suffisamment fatigante pour enlever l’envie de sourire à tous les coins de sentier. Vous le faites principalement pour les photos quand vous êtes prévenus ou alors quand vous avez eu le temps de vous en rendre compte. Dans le cas contraire vous ne souriez pas devant l’objectif, particulièrement lorsque la photo est prise par surprise.
Un exemple que je peux vous donner ici est celui des photos 507 et 508. Vous avez une première photo où l’on voit Kris traverser la rivière, puis quelques secondes plus tard, une photo où l’on voit Kris, le visage inexpressif, debout sur une pierre. Non, ce n’est pas l’expression d’un visage inquiet que l’on voit mais simplement deux images qui ont été prises sur l’instant par Lisanne. Le fait que la première photo représente une action (celle de traverser la rivière) et que la seconde a été prise juste après, montre simplement que Kris ne savait pas qu’elle était prise en photo. Elle n’avait aucune raison de sourire.
Les interprétations des visages sont par conséquent à bannir, puisqu’elles ne nous permettront pas de savoir si une tierce personne était présente ou encore si les filles subissaient une pression extérieure.
Les appels téléphoniques
Les horaires téléphoniques correctes se trouvent dans cet article : https://camilleg.fr/le-projet-el-pianista-les-donnees-officielles-des-telephones-portables/
Le 1er avril, seulement deux appels ont été réalisés. Si les filles s’étaient trouvées dans une situation de stress et d’urgence, pourquoi n’ont-elles alors passé que deux appels? Dans une telle situation, vous n’insistez peut-être pas frénétiquement mais n’abandonnez pas non plus après deux essais. Vous tentez plusieurs fois à la suite, et vous tentez peut-être même d’appeler des proches et des amis. La situation est désespérante, vous avez toutes les raisons de persévérer et de perdre un peu votre calme.
Seulement deux appels. Cela laisse plutôt penser qu’elles nr pouvaient pas faire usage librement de leurs appareils ou même que ce n’était pas les filles elles-mêmes qui les avaient passés. Dans le domaine criminel, je n’ai jamais entendu parler d’une affaire d’enlèvement dans la jungle où l’agresseur passait des appels d’urgence pour faire croire à un accident. Il existe toutefois des cas où le tueur contactait lui-même les urgences pour se faire passer pour celui qui découvrait le corps et faire croire à sa bonne volonté et à son innocence. Si cela vous intéresse, cette article en parle: https://www.psychologytoday.com/us/blog/the-human-equation/201304/lying-murder-and-deceptive-911-calls
Néanmoins, cela ne correspond pas à notre cas et il est difficile de dire qu’un criminel peut avoir dès le départ l’idée de mettre lui-même en place un système de faux appels de secours pour un crime improvisé. On peut imaginer que les filles aient d’abord réussi discrètement à réaliser des appels et qu’en s’en rendant compte, l’agresseur a décidé de poursuivre ces appels afin de se dédouaner d’un enlèvement ou d’un meurtre.
Les appels réalisés sur la période du 2 au 6 avril sont étranges en raison de leur régularité. Les appels ont principalement été réalisés entre 10h et 11h du matin, et entre 13h et 14h de l’après-midi. En outre le 5 et 6 avril, on observe une coïncidence assez curieuse puisque deux appels sont réalisés exactement au même horaire (13h37). C’est un comportement qui reflète un individu qui a des obligations et des habitudes, mais vraisemblablement pas quelqu’un qui est perdu dans la jungle. Cette régularité des appels peut tout aussi bien refléter un individu qui doit baser son comportement sur son environnement, comme une sorte de « planning inversé ». Une plage horaire où l’individu serait sûr de ne pas être vu ou demandé par quelqu’un d’autre. Pour mieux me faire comprendre, je peux vous citer un exemple assez courant de notre quotidien. Lorsque l’on part faire ses courses au supermarché, on ne choisit pas uniquement un horaire où l’on est disponible mais principalement un moment où le lieu est peu fréquenté afin d’éviter la cohue.
A partir du 7 avril, les appels et les tentatives de connexions au réseau (et peut-être quelques erreurs PIN voir cf. Partie 2 correction info sur les erreurs PIN) sont réalisés d’une toute autre manière au point de penser avec conviction que ce ne sont plus les mêmes personnes qui réalisent les appels. Les tentatives sont réalisées de manières insistantes et on peut voir là une réelle volonté de faire fonctionner ces coups de téléphones. Durant cette période, on est, cette fois, vraiment témoin du comportement que l’on attend de quelqu’un qui est perdu dans la nature. Durant cette période, on peut sérieusement penser que Kris et Lisanne étaient libres de leurs mouvements.
Si enlèvement il n’y a pas eu, comment expliquer la différence de comportement entre la période calme du 1er au 6 avril, et celle plus tumultueuse qui débute le 7 avril ?
L’usage de l’appareil photo
Jusqu’à 14h, au moment de la dernière photo prise le 1er avril, une trentaine de photos ont été réalisées. Le premier appel ayant été fait à 16h39, il est quand même curieux qu’aucune photo n’ait été prise dans cet interval de deux heures quarante.
Si elles avaient continué plus loin pour explorer davantage, et les occasions ne manquant pas, il est certain que les filles auraient pris au moins une photo supplémentaire. Sachant qu’elles n’ont jamais atteint à nouveau le Mirador puisqu’elles n’ont pas retrouvé du signal, un évènement suffisamment inquiétant a dû leur enlever l’envie d’utiliser leur appareil ou la possibilité de l’utiliser. Ce n’est seulement que dans la nuit du 8 avril, soit une semaine après, que les filles ont recommencé à faire usage de l’appareil photo. Cette fois d’une manière frénétique. Une semaine sans en faire usage et l’utiliser à nouveau d’une manière si différente, c’est quelque chose de très curieux. Ce changement brusque de comportement laisse penser qu’un événement est arrivé durant cette période, les poussant à devoir prendre des photos en pleine nuit.
On peut aussi imaginer que ce qui empêchait ou dissuadait les filles d’utiliser leur appareil durant la première semaine, avait disparu vers le 7-8 avril. S’il est évident qu’elles sont perdues, les filles n’auraient plus eu l’envie de s’amuser à prendre des photos. Il est curieux qu’aucune occasion de marquer un repère ne se soit présentée durant cette première semaine.
La disparition de la photo 509
Ce paragraphe va potentiellement être modifié à l’avenir, car j’essaye de contacter des autorités néerlandaises pouvant apporter des informations fiables.
L’absence de la photo 509 est un élément de l’affaire dont on ne dispose pas tellement d’informations et qui nourrit beaucoup l’imagination. Beaucoup de personnes y voit nécessairement une intervention criminelle, mais ce n’est pas tout à fait le cas. On peut envisager quatre possibilités pouvant amener à la disparition d’une photo.
– Un défaut de l’appareil photo :
C’est une chose rare mais dont la probabilité n’est pas de zéro. Le Canon PowerShot SX270 HS n’est pas un des appareils les plus performants qui soit, tout du moins si l’on regarde les retours clients qui rapportent souvent des soucis techniques. Personnellement, j’ai acheté ce modèle, et je ne rencontre aucun des problèmes dont se plaignent certains acheteurs, notamment par rapport à la batterie.
– Un défaut de la carte SD :
C’est également une chose rare qui peut tout aussi bien se produire. Je ne suis pas sûr du modèle de carte SD que possédait Lisanne mais en regardant la photo du sac, je pense pouvoir discerner une SanDisk Blue Line. Cette carte mémoire est correcte mais c’est une entrée de gamme, et je ne serai pas surpris que certains rencontrent des soucis de corruption de mémoire à un moment donné.
– Une mauvaise manipulation de la police panaméenne :
Par erreur, la police panaméenne peut avoir elle-même supprimée une photo. Cela peut paraître surprenant mais ce n’est pas du jamais vu. Je peux vous citer le cas de Laetitia Czuba, une Française disparue en Italie, où une partie d’un enregistrement de caméra surveillance avait été effacé sans le vouloir par la police italienne.
– Une intervention criminelle :
Dernière possibilité, c’est une tierce personne qui a supprimé une photo. Pour cela, elle doit simplement télécharger un programme qui efface définitivement la photo que l’on veut. Une autre solution que j’imagine, est de transférer toutes les photos sur une autre carte mémoire puis de formater la première carte mémoire. Une fois cela, il suffit de transférer les photos que l’on veut sur cette dernière.
Remarque sur la numérotation des photos sur le Canon SX270HS: Lorsque vous prenez plusieurs photos et que vous décidez d’en supprimer une, le numéro peut soit disparaître ou rester le même selon la situation.
Situation 1: [Photo 1] [Photo 2] [Photo 3] → suppression de [Photo 3] → Prise de [Photo 4] → [Photo 4] devient [Photo 3]
Situation 2: [Photo 1] [Photo 2] [Photo 3] → suppression de [Photo 2] → [Photo 3] reste [Photo 3]
Pour résumer, la numération des photos change uniquement lorsque aucune autre photo n’a été prise avant la suppression.
En revanche, cela ne fonctionne de cette manière que si l’appareil est en mode réinitialisation automatique. Si l’appareil est en mode continu, alors peu importe la situation, la numération ne changera pas. Si vous prenez quatre photos, et que vous supprimez la numéro quatre, la prochaine photo ne deviendra pas la numéro quatre. La prochaine photo sera bien la numéro cinq.
La mise en place de signaux d’alertes pendant la nuit du 8 avril
Une série de photos de nuit prise au même endroit
Il convient d’abord de souligner que l’utilisation de l’appareil est chaotique, ce qui laisse donc penser que les photos ont été uniquement prises pour déclencher le flash.
Le lieu où ont été prises les photos sont issues d’un seul et même endroit comme le démontre une vidéo de la chaîne Youtube Scarlet. J’en avais déjà parlé dans la partie 2, toutefois je vais tenter de vous le démontrer ici.
Bien sûr, il n’est absolument pas question ici de vous saturer d’images. Je vous en mets simplement quelque’unes afin que vous puissiez vous-même voir qu’il existe un lien entre ces photos.
Des photos tournées en face ou vers le ciel, dans une seule et même direction :
Le contraste de ces photos a été augmenté par logiciel.
Une place rocheuse :
Le contraste de ces photos a été augmenté par logiciel.
Un lien entre la place rocheuse et l’arbre que l’on voit en face ou vers le ciel :
Le contraste de ces photos a été augmenté par logiciel.
La branche avec des morceaux de sac rouge attachés
Cette branche à laquelle sont attachés des morceaux de sac rouge, a vraisemblablement dû être photographiée pour se rendre compte à quoi ressemblait à la lumière l’objet qu’elles avaient fabriqué. Sa fonction est difficile à déterminer mais je vois deux possibilités. Il s’agit soit d’un repère pour marquer le lieu, soit d’une sorte de drapeau qu’elles pourraient agiter pour attirer l’attention.
La photo d’un objet réfléchissant
L’objet réfléchissant que l’on voit sur la photo est peut-être un objet dont la fonction était de refléter les flashs de l’appareil photo et d’augmenter les chances que la lumière soit perçue par quelqu’un d’autre.
L’utilisation du flash sur plusieurs heures, la présence d’un objet réfléchissant pouvant amplifier la lumière ainsi que celle de morceaux de sac rouge attachés à une branche, témoignent d’une volonté forte d’être repéré. En prenant en compte tous ces éléments, il est raisonnable de penser qu’il s’agit d’une tentative d’alerte.
Les autres options seraient :
– Le repérage d’un lieu :
Non car les photos sont prises dans tous les sens et notamment vers le ciel. S’il s’agissait vraiment de repérer un lieu, les photos auraient désignées un endroit plus précis et quelques-unes auraient simplement suffi. De plus, si vous actionnez légèrement le bouton du déclencheur, l’appareil allume une lumière verte que vous pouvez éteindre en relâchant le doigt. Cette lumière verte aurait sûrement suffi à éclairer l’endroit. Enfin, si cela avait été fait dans le cadre d’une course poursuite, au lieu de rester au même endroit sur une période de trois heures, elles ne seraient pas restées aussi longtemps sur place.
– Effrayer une bête :
Étant donné que les filles ont pris ces photos sur la période de 1h à 4h du matin, elles auraient tout simplement quitté l’endroit pour s’éloigner du danger.
– Une mise en scène :
En l’état des choses, il est à la fois impossible de contredire et d’argumenter en faveur de cette possibilité. L’argument de la mise en scène pour valider la thèse du crime, est un argument irréfutable (au sens du raisonnement scientifique) et ne peut donc être pris comme un argument valable dans une démonstration. Toutefois, on peut toujours envisager cette possibilité.
La photo de la tête de Kris
Il s’agit certainement de l’élément le plus marquant dans cette affaire et qui a enflammé l’imagination des internautes, et c’est bien pour cette raison qu’il convient d’éviter de surinterpréter cette photo. Sur celle-ci, Kris ne semble pas être couchée mais plutôt debout, accroupie ou dans une quelconque position où la tête ne touche pas le sol. Si la tête se trouvait contre le sol, le flash se serait tout simplement reflété contre le sol.
On peut raisonnablement penser que Kris est vivante sur cette photo. Ensuite, il s’agit d’une photo prise de derrière car l’implantation des cheveux ne devrait pas descendre aussi bas si c’était une photo de face avec les cheveux retournés. Ces derniers sont d’ailleurs étrangement propres après avoir supposément passé une semaine dans la jungle, mais peut-être les a-t-elle lavés dans le fleuve ? Ou bien ils n’étaient que sales à la racine (excès de sébum) et ne présentaient pas de crasse sur la longueur. Difficile à dire. Enfin on pourrait croire discerner un bleu au niveau de la nuque, mais avec le peu que l’on voit, c’est déjà commencer à surinterpréter. L’explication la plus simple pour cette photo est que Lisanne a tenté de vérifier que Kris n’avait aucune blessure, saleté ou insecte dans les cheveux. Une autre possibilité aussi simpliste est que Kris est peut-être simplement passée devant l’objectif au moment où Lisanne prenait les photos.
Les ossements
La question que l’on se pose ici est de savoir si l’état dans lequel les os ont été retrouvés résulte d’un processus de décomposition naturel. Pour répondre à cela, je ne vais pas prendre en compte les articles d’Adelita Coriat et les propos de l’intervenant de Lost in the wild car cela ne correspond pas avec les rapports que j’ai en face des yeux.
En faisant des recherches sur la décomposition des corps en milieu tropical, je suis tombé sur une étude très intéressante d’un groupe d’universitaires ivoiriens. Dans le cadre d’une étude en criminologie, ils ont cherché à savoir dans quel état devrait être retrouvé un corps humain après avoir passé X temps dans la jungle. Pour cela, ils ont fait appel à des cadavres de porcs car ceux-ci possèdent la même constitution qu’un corps humain. Pour cette raison, les porcs peuvent être utilisés dans une expérience étudiant la décomposition du corps humain.
Je vous invite ci-dessous à lire cette étude mais je vous préviens, il y a des photos de porcs en décomposition.
Communication1PrsentationM.DjodjoA.F.Koffietal
Il convient d’abord de préciser que cette étude n’inclue que l’effet en milieu tropical de la température et de l’humidité, ainsi que celle des insectes nécrophages. Elle n’inclue pas un sol avec des caractéristiques biochimiques pouvant accélérer encore plus la décomposition.
Le climat de la Côte d’Ivoire n’est pas le même que celui du Panama, mais ils s’en rapproche.
Les résultats de l’étude montrent qu’un corps est réduit à l’état de squelette en à peine trois mois. Pour la côte, le tibia et le fémur, cela correspond bien à une décomposition naturelle puisque ceux-ci ont été retrouvés après plus de trois mois. Toutefois, qu’en est-il du pelvis et du pied ? Ces derniers ont été retrouvés sous forme squelettique après seulement deux mois. A première vue on dirait que ce n’est pas normal mais rappelez-vous, l’étude africaine n’a pas utilisé un sol biochimiquement riche.
Dans le cas des deux filles, on ne connaît malheureusement pas la nature des sols sur lesquels les os ont été retrouvés. Toutefois, on peut supposer un sol riche en éléments tel que le phosphore. Ces éléments ont pour effet d’accélérer la décomposition des corps. Un autre élément allant dans le sens de la décomposition naturelle, est la présence de traces de racines sur les os. Pourquoi ? Et bien, lorsque les racines poussent, celles-ci produisent de l’acidité qui laisse des traces sur les os*. Cette acidité est un facteur de décomposition. Pour ces raisons, il est raisonnable et pas surprenant de dire que les os ont subi un processus de décomposition naturelle. Néanmoins en raison du manque d’informations sur la composition des sols, on ne peut pas affirmer cela avec certitude.
*La traces de racine figurent dans le rapport d’autopsie. Les racines qui poussent, je l’ai lu dans un livre sur les autopsies.
D’ici 2021, le Panama va rendre disponible une étude sur l’ensemble des sols de son territoire. Lorsque celle-ci sera disponible, on pourra peut-être répondre avec certitude à la question de la décomposition des os de Kris et Lisanne. Le lien de l’article: https://www.tvn-2.com/contenido_exclusivo/Panama-Atlas-Sostenible-Tierra-descargable-mapas-Ministerio-Ambiente_0_5605689465.html
A propos du pelvis, une information intéressante à relever du rapport d’autopsie est que cet os montre également des traces de carnivores et de rongeurs. Je ne sais pas s’il s’agit de morsures ou simplement de marques de griffes et de pattes, mais cela nous donne une idée de comment le pelvis aurait pu être séparé du reste du bassin. La partie basse du pelvis où la séparation a eu lien, est une partie encore fragile chez les jeunes en début de vingtaine. Pour cette raison, un choc peut détacher le pelvis du reste du bassin. Étant donné que des bêtes ont vraisemblablement marché dessus, alors il est fort probable que le pelvis se soit détaché sous les chocs des pattes des animaux sauvages. Plus tard avec la crue du fleuve, le pelvis aurait été certainement un des premiers os à être déplacé par la force du fleuve. Une autre possibilité tout aussi valable est d’envisager qu’un animal ait lui-même déplacé le pelvis.
Le sac à dos
Après deux mois dans la jungle, le sac et les vêtements auraient dû pourrir avec l’humidité et les appareils électroniques devraient être inutilisables. Par conséquent au regard de l’état dans lequel le sac et les appareils ont été retrouvés, il est évident que le sac a été retrouvé très tôt. Pas nécessairement par les criminels, si crime il y a eu, puisque les indigènes auraient pu tout aussi bien le trouver et le garder avec eux avant de décider de le rendre. Les familles ayant annoncé plus tôt une récompense de 30 000$, il est très facile d’imaginer qu’ils aient cherché à obtenir la récompense en ramenant le sac.
Les horaires indiqués par les appareils sont-ils corrects ?
Il est intéressant de se poser cette question puisque l’horaire d’un appareil est une donnée manuellement réglée. Pour cette raison, les horaires peuvent êtres erronés si la personne qui a programmé l’appareil s’est trompée. De plus, il y a certaines personnes qui doutent de la fiabilité des données de l’appareil puisque celles-ci auraient pu selon eux être corrompues. Si on peut douter des données, alors à quoi doit-on se fier ? La réponse est simple, le soleil.
Cet astre n’est pas un objet fixe dans le ciel puisqu’il change de position tout au long de la journée et de l’année. Si l’on connaît sa position, on peut alors estimer la période à laquelle une photo a été prise. Pour connaître cette information-là, j’utiliserai ce site: https://fr.planetcalc.com/320/
Néanmoins, connaître la position du soleil ne fait pas tout. Il nous faut une photo où l’on sache le lieu exacte où celle-ci a été prise et vers quelle direction elle pointe (Ouest/Est/Nord/Sud). Enfin, la photo doit présenter des ombres bien visibles que l’on puisse aisément comparer à la taille des objets qui les projettent. Parmi toutes les photos que Lisanne a prises, une seule remplie toutes ces conditions.
Il s’agit de celle-ci:
Je reconnais ce lieu car Lisanne se tient sur un petit ruisseau que l’on ne retrouve à aucun autre endroit du sentier avant la jungle.
Il s’agit de la position 8°48’55’’N 82°25’30’’O
La montagne que vous voyez derrière, correspond à cette zone-là :
La photo est orientée vers l’Est:
Comme vous pouvez le voir sur cette carte orientée Nord/Sud, la ligne que je vous ai tracé est parfaitement orientée à l’Est.
Les ombres des piquets sont parfaites car on peut aisément représenter leurs tailles par rapport aux piquets qui les projettent. Nous nous intéresserons plus particulièrement à l’ombre qui est projetée par ce piquet:
Maintenant, il nous faut connaître l’élévation du soleil. Pour cela, j’entre les coordonnées géographiques et temporelles de la photo sur https://fr.planetcalc.com/320/ .
Les résultats :
Ce qui nous intéresse ici est l’altitude au-dessus de l’horizon qui correspond à l’élévation du soleil par rapport à l’horizon.
A partir de toutes ces données-là, nous pouvons dès à présent vérifier la datation horaire.
Première chose à observer est que l’ombre est projetée vers l’Ouest, ce qui indique par conséquent que le soleil se trouve à ce moment-là à l’Est. Ainsi si le soleil se trouve à l’Est, cela veut dire que la photo a été prise le matin. Le soleil commence à se trouver à l’Ouest peu de temps après 12h30 comme nous l’indique la liste des résultats où l’on peut voir que l’azimut se trouve à 334° à 12h45.
Précision : l’azimut est la position du soleil par rapport à un observateur sur une indication Nord/Sud. Par exemple lorsque l’azimut est de 11°, cela veut dire que le soleil se trouve sur un angle de 11° vers l’Est à partir du repère Nord comme point de référence. Ainsi sous cette condition-là, si vous faites face au Nord, le soleil se trouvera au bout d’un angle de 11° que vous tracerez vers l’Est à partir du repère Nord. Attention, certains sites utilisent le Sud comme point de référence.
Regardons maintenant l’ombre du piquet que je vous ai entouré. Celle-ci fait un tiers du piquet. Pour que cela se produise, il faut que le soleil soit fortement élevé dans le ciel.
[Quand j’en aurais l’occasion, j’ajouterai une démonstration avec des photos prises en extérieures pour vous prouver les conséquences de l’élévation du soleil sur la taille des ombres]
La plage horaire où le soleil est très élevé est sur la période 11h avec 66° d’élévation, jusqu’à 12h30 avec 84° d’élévation. Avant ces horaires-là, le soleil n’est pas assez élevé pour que l’ombre soit aussi petite. Néanmoins, l’ombre est trop grande pour que le soleil soit à 84° d’élévation. Ainsi, la photo ne peut correspondre à un horaire situé après 12h. Pour confirmer ces observations, j’utilise la fonctionnalité du calcul de la longueur d’une ombre que l’on trouve sur le même site: https://fr.planetcalc.com/1875/ .
Il est difficile d’estimer la taille du piquet mais imaginons que celui-ci fasse 150 cm. D’après les calculs du site internet, l’ombre devrait faire 66 cm à 11h soit près de la moitié du piquet. A 11h15, l’ombre devrait faire 55 cm, soit un peu plus d’un tiers du piquet. Puis à 11h30, l’ombre devrait faire 44 cm, soit près d’un tiers du piquet. Enfin à 12h, l’ombre devrait faire 25 cm soit un sixième du piquet. Si l’on regarde à nouveau le piquet que je vous ai entouré, l’ombre de celui-ci fait approximativement le tiers de sa taille. Par conséquent, nous pouvons dire que la photo à plutôt été prise vers 11h10-11h30.
Nous avons donc la confirmation que cette photo a été prise aux environs de 11h15, ce qui correspond aux données de l’appareil photo. Les donnés de l’appareil photos sont par conséquent correctes, du moins pour le début de la randonnée.
Leonardo Arturo Gonzalez, le taxi des Hollandaises
Ce n’est que mon opinion, mais je considère que Leonardo n’a jamais eu de lien avec Kris et Lisanne ou une quelconque implication dans leur disparition. Nous savons qu’il avait déclaré avoir déposé les filles vers 13h40, mais cela ne correspond pas à leur randonnée qui a débuté vers 11h. Difficile d’imaginer une erreur aussi grosse tout en donnant un horaire si précis et situé après un moment clef de la journée, le repas du midi. Il est plus facile de situer un moment de la journée dans la matinée ou l’après-midi, si l’on sait que l’action a eu lieu avant ou après le déjeuner, ou bien par rapport à une pause habituelle.
Certaines personnes diront qu’il aurait pu mentir, mais sans éléments concrets, cela ne reste qu’une affabulation. Ici, il s’agit vraisemblablement d’une simple erreur d’identification. Bon nombre de personnes ont dit avoir vu les filles entre El Pianista, Boquete, la Caldera et d’autres endroits. A moins de maîtriser la téléportation, c’est tout simplement impossible. L’erreur d’identification est une chose assez commune dans les affaires de disparition et n’a rien d’extraordinaire, surtout pour un cas comme celui-ci qui a mis en ébullition une petite ville entière. Il est facile de se tromper lorsqu’il s’agit d’identifier une personne par le biais de photos, et également de se convaincre de l’avoir vue sur la base d’une bribe de souvenirs que l’on comble, volontairement ou non, à l’aide de notre imagination. Il est intéressant de remarquer que le 1er avril 2014, deux filles aux physiques similaires ont été déposées par un taxi avant 15h près de El Pianista (cf. Partie 2: statut Facebook de Ingrid Lommers mentionnant le témoignage de Pedro). Les horaires semblent à peu près coïncider et cela ne m’étonnerait pas qu’en réalité ces deux filles aient été celles que Leonardo avait conduites ce jour-là. Par conséquent, selon moi, Leonardo et sa mort mystérieuse, ne peuvent être associés à la disparition de Kris et Lisanne.
Remarque sur la mort de Léonardo : les Cangilones de Gualaca sont un endroit assez isolé de Boquete et sachant d’autant plus que la pauvreté est principalement présente dans les campagnes, il n’est pas étonnant que la criminalité locale y sévisse parfois. Il n’est également pas a normal que des accidents aient lieu en raison de la hauteur et de la proximité des roches qui composent cette rivière. Toutefois le lieu restant un coin touristique tant pour les panaméens que pour les étrangers, la police y fait de temps en temps des rondes afin d’assurer la sécurité des baigneurs et celle de leurs affaires.
Remarque sur le témoignage de Pedro : sur le statut Facebook, il est indiqué qu’il était au moins à 15h. Toutefois, il s’agit vraisemblablement du dernier moment où Pedro les a vues et non de leur arrivée.
Remarque sur l’erreur d’identification : l’erreur d’identification temporelle est également possible comme nous avons pu le voir avec certains employés qui avaient dit avoir vu les filles dans les locaux de l’école aux alentours de 13h.
Le rasoir d’Ockham
Il est maintenant temps d’imaginer ce qui aurait pu se passer durant cette journée fatidique du 1er avril, ainsi que durant les jours suivants. Il est important de préciser que ce sont simplement et uniquement des spéculations et que dans cette affaire, beaucoup d’éléments permettent de partir dans différentes directions. Le piège est souvent d’imaginer des scénarios extraordinaires qui n’ont que très peu de chance d’être vrais. En pratique, c’est souvent l’explication la plus simple qui se révèle être juste. Certains d’entre vous sont peut-être déjà familiers avec ce principe qu’est celui du rasoir d’Ockham, mais pour celles et ceux qui ne le connaîtrait pas, une explication s’impose.
Ce principe énonce une méthode de réflexion qui nous invite à chercher une explication qui cumule le moins de circonstances improbables pour que celle-ci fonctionne. Grossièrement, prenons par exemple l’observation d’un phénomène aérien inexpliqué. Les explications que l’on pourrait imaginer seraient l’origine humaine, naturelle ou extraterrestre. Dans ce cas-là, la thèse humaine ou naturelle est à privilégier puisqu’une explication extraterrestre demanderait différentes circonstances improbables pour que celle-ci tienne. Ainsi, il faudrait qu’il existe une civilisation extraterrestre qui ait survécu suffisamment longtemps pour développer une technologie qui maîtrise les voyages spatiaux sur des années lumières, et souhaitant nous rencontrer. La thèse humaine ou naturelle demande des conditions bien plus simples pour expliquer un phénomène aérien inexpliqué. Cela pourrait être un engin aérien humain, puisque nous maîtrisons cette technologie et l’utilisons aux quatre coins du globe sans jamais cesser de l’améliorer. Enfin, cela pourrait tout aussi bien être un phénomène météorologique puisque notre planète est loin d’être absente de phénomènes tout aussi impressionnants les uns que les autres.
En somme, il s’agit de dire qu’ici les thèses humaines et naturelles sont à privilégier. Je dis bien à « privilégier » car le principe du rasoir d’Ockham n’énonce pas que la théorie la plus compliquée est fausse, mais plutôt que celle-ci est la plus improbable et a donc le moins de chances de s’être produite. Il ne s’agit donc pas d’exclure, mais de se concentrer sur l’explication la plus simple car la probabilité que celle-ci arrive est la plus grande et par conséquent, celle qui est probablement juste. Dans l’exemple que j’ai choisi, le rasoir d’Ockham se vérifie puisque dans la majorité des cas de phénomènes aériens inexpliqués, l’explication humaine ou naturelle est donnée. Ainsi d’après le GEIPAN, une organisation gouvernementale chargée d’étudier les phénomènes spatiaux, seulement 3,5% des cas restent non-identifiés après enquête. J’espère vous avoir donné une explication suffisamment claire.
Au cas où, je vous joins ici une vidéo qui vous propose une meilleure explication que celle que j’ai pu vous présenter.
Ainsi, rasoir d’Ockham à la main, nous pouvons dès à présent commencer à imaginer le scénario de la disparition de Kris et Lisanne.
Les cas similaires
Les affaires s’enchaînent et les cas se ressemblent, et s’il était possible d’obtenir un semblant de réponse en regardant des affaires qui ont déjà été résolues ? Si cela ne nous donne certainement pas la réponse définitive à ce qui est arrivé ce 1er avril 2014, nous pourrions voir en revanche ce qui est possible.
Le meurtre de Cassandre Bouvier et Houria Moumni (Argentine, 15 juillet 2011)
Pour bon nombre d’entre vous, cette affaire ne vous est pas inconnue mais un rappel me semble plus que nécessaire. Cassandre et Houria sont deux jeunes étudiantes parties en Argentine afin de participer à un colloque à Buenos Aires. Elles profitent de ce séjour en Argentine pour explorer le pays. Le 15 juillet, elles se rendent dans la réserve naturelle de la Quebrada de San Lorenzo. Dans l’après-midi, elles y débutent leur randonnée afin d’atteindre le sommet « El Mirador » qui offre un point de vue sur la réserve. Malheureusement, près de celui-ci, elles font la rencontre d’un groupe d’argentins malintentionnés. Agressifs, ils leurs demandent leurs téléphones portables et leur appareil photo mais les deux filles refusent. Elles sont alors amenées dans la végétation pour y être violemment agressées après que leurs affaires aient été finalement confisquées. Cassandre est violée puis abattue sommairement, mais Houria se débat et s’enfuit avant d’être rapidement abattue à son tour.
Les corps abandonnés, le groupe commence alors à brouiller les pistes. Avec la complicité d’un guide du parc, ils modifient les registres du parc pour changer l’horaire de leur entrée et faire ainsi croire qu’un autre groupe était arrivé après les deux filles. La police faisant son travail, des interrogatoires sont réalisés et permettent de trouver une partie des coupables. Plus tard, grâce à des appels réalisés par les agresseurs avec les téléphones des filles, une perquisition est menée et permet de retrouver les téléphones et l’appareil photo qui leurs avaient été volés.
Le schéma à relever est le suivant. Une mauvaise rencontre se tient, puis les victimes sont amenées dans un endroit isolé. Bénéficiant de suffisamment de discrétion, les agresseurs confisquent les téléphones et l’appareil photo afin de leur enlever l’opportunité d’appeler les secours et de prendre des photos de leur visage. La situation étant sous contrôle, ils peuvent maintenant passer à l’étape de l’agression physique. Une fois cela fait, les victimes sont tuées sommairement. Le crime ayant été commis, les auteurs brouillent ensuite les pistes.
Il est intéressant de remarquer ici des ressemblances avec le cas de Kris Kremers et Lisanne Froon.
Dans les deux cas, il s’agit de deux jeunes touristes qui ont subi un malheur près d’un point de vue. De plus, les filles d’abord considérées comme disparues, sont par la suite retrouvées mortes dans la végétation. Dans le premier cas, les pistes ont été brouillées tandis que dans le second, des éléments laissent penser à cela. Là où cela commence à diverger concerne le fait que Kris et Lisanne semblent être restées en vie pendant une longue période et, que leurs téléphones et leur appareil photo ont été utilisés de différentes manières sur plusieurs périodes. Pour cette raison si l’on imagine que les téléphones ont été utilisés pour brouiller les pistes dans le cas de Kris et Lisanne, cela n’a absolument pas été le cas pour Cassandre et Houria. Malgré cela, si ces divergences nous rappellent que nous avons bel et bien affaire à deux histoires différentes, un début de réponse y est peut-être présent. Les premiers moments de l’agression de Cassandre et Houria le 15 juillet 2011, sont peut-être les mêmes que ceux qu’ont connu Kris et Lisanne le 1er avril 2014.
L’agression de Brit Matthew Lovane et Michelle Clemens (Papouasie-Nouvelle-Guinée, 2015)
Avant de résumer cette affaire, je tiens à préciser qu’il existe des doutes quant à la réalité de cette histoire. Brit Matthew Lovane travaille pour des émissions de télévision et certaines personnes, qui trouvent des inconsistances dans ce qu’il a raconté, remettent en doute les évènements qu’il aurait vécus avec sa petite-amie Michelle Clemens. Pour plus de précisions, vous pouvez lire cet article du DailyMail: https://www.dailymail.co.uk/news/article-3420625/Locals-fury-couple-feared-eaten-cannibals-tied-mutilated-trek-Papua-New-Guinea-doubts-cast-story.html
Néanmoins, et c’est important de le dire, il existe des communiqués de police et des photos qui démontrent la réalité d’une agression.
En 2015, le couple entreprend la randonnée du sentier Kokoda situé en Papouasie-Nouvelle-Guinée. D’une longueur de presque 100 km, ce sentier ne peut être parcouru dans sa totalité qu’après cinq jours de marche. Motivé, le couple accompli les quatre premiers jours de randonné dans l’émerveillement de ce que la nature a pu leur offrir et des villages qu’ils ont pu rencontrer. En cours de route, ils sont toutefois abandonnés par le porteur qu’ils avaient engagé dans le but de se décharger d’un sac très lourd. Le dernier jour, ils reprennent leur marche en pensant conclure leur randonnée de la même manière que les jours précédents. Malheureusement, la journée a dérapé après seulement une heure de marche. Deux indigènes sont apparus sur le sentier, dont un derrière et un devant eux. Les deux hommes armés de machettes, dont un équipé également d’une lance, menacent le couple. Croyant être victimes d’un vol à main armé, le couple dépose alors leurs affaires en leurs disant qu’ils pouvaient tout prendre. Les indigènes, visiblement désintéressés, deviennent contre tout attente de plus en plus agressifs. L’un des deux déchirent les vêtements de Brit qui reste figé, trop terrifié pour réagir. Le couple a bien essayé de s’échapper mais, ralentis par la végétation, ils ont vite été rattrapés.
La suite des événements est encore plus douloureuse puisque leurs agresseurs mettent en place un jeu sadique avec eux. Brit et Michelle, les yeux couverts par un vêtement, sont séparés par les indigènes. Un de ces derniers s’amuse à donner des faux coups de machettes vers Brit afin de l’effrayer et vocifère des « kill you ». Il profite également de la situation pour le frapper et entailler ses doigts. De l’autre côté, Michelle subit également la violence de l’autre indigène. Celui-ci fouille ses affaires et demande le mot de passe de son téléphone. Michelle résiste et se bat avec lui sans toutefois prendre le dessus. Par la suite, Brit et Michelle sont de nouveau réunis et déplacés sur le sentier. Effrayés, ils guettent tout de même une occasion de s’enfuir et réussissent finalement à s’échapper en direction du sentier. Par chance, le couple finit par rencontrer des locaux qui leur viennent en aide. L’expérience fut traumatisante, mais ils sont en vie.
Le schéma ici que nous pouvons relever possède des similitudes avec celui de l’agression des deux Françaises en Argentine.
Tout comme dans cette affaire, une mauvaise rencontre a lieu, puis les victimes sont amenées dans un endroit isolé de la végétation. Les affaires sont dérobées, dont les téléphones, et les personnes sont agressées physiquement. Un élément que je trouve intéressant à soulever est que l’un des agresseurs à demander le mot de passe du téléphone d’une des victimes afin de pouvoir en faire usage. Vraisemblablement, cela a dû également être le cas pour les deux Françaises puisque leurs agresseurs ont utilisé leurs téléphones. Les seules différences que l’on peut voir entre les deux cas résident simplement dans la nature des agressions physiques et dans le fait que le couple Anglo-américain a pu s’échapper.
Ici encore, cela nous donne une idée de ce qui aurait pu se passer le 1er avril sur El Pianista.
L’agression d’une touriste allemande (Panama, décembre 2017)
En décembre 2017, une touriste allemande quitte son auberge de jeunesse de Santa Fe situé dans la province de Veraguas au Panam. Celle-ci part à la recherche de la cascade La Bermeja qui se trouve sur un sentier très fréquenté des touristes. Sur place, elle se perd et erre dans la jungle pendant deux jours sans rencontrer personne. Le troisième jour, elle parvient toutefois à rejoindre une zone peuplée où les équipes de Sinaproc travaillent d’arrache-pied pour la retrouver. Malheureusement, les premières personnes qu’elle rencontre sont trois hommes alcoolisés, qui voyant la détresse de la jeune touriste, décident de profiter de la situation. Avec l’aide de ses deux amis, le troisième homme du groupe abuse sexuellement de la touriste avant que celle-ci ne se saisisse d’une bouteille de verre pour infliger des blessures à son agresseur. Ce dernier étant gravement blessé, ses deux amis partent l’amener à l’hôpital tout en abandonnant derrière eux la touriste. Cette action l’aura finalement sauvée puisque plus tard dans la journée, elle sera retrouvée le long de la rivière Mulaba par les équipes de recherche.
Le schéma est très simple ici puisqu’il s’agit d’une personne qui s’est perdue dans la jungle et qui est par la suite, tombée sur les mauvaises personnes.
Par rapport au cas de Kris et Lisanne, j’estime qu’en raison des arguments énoncés plus tôt dans l’article, leur malheur n’a pas pu commencer par l’idée de se perdre dans la jungle. En revanche, je trouve intéressant de mentionner ce cas puisque l’on peut voir une situation où des individus ont tiré profit d’un moment de détresse pour commettre un acte grave. Enfin, que se serait-il passé si la touriste n’avait pas réussi à se défendre ?
Qu’est-il arrivé à Kris et Lisanne ?
Je vais vous présenter mes hypothèses sous la forme d’une histoire. Il ne s’agit que de pures spéculations et je ne prétends aucunement avoir la réponse à cette affaire. Si j’énonce que les filles ont fait telle chose, ce n’est pas une information mais un moment imaginé. Il est important de lire les « précisions » car je viens y nuancer, voir même, contredire mes propos.
Nous sommes dans la matinée. Les filles se lèvent dans l’espoir de recevoir une réponse positive de la part de la « Casa Esperanza ». La séance de massage réalisée par Sigrid et la nuit qui a suivi, ont été d’un grand réconfort après toutes les déconvenues qui leur étaient arrivés la veille. Sans trop attendre, elles décident de se rendre à « Spanish by the river » dans le but d’être enfin fixées sur la poursuite de leur séjour. Une fois sur place, elles rencontrent un des employés de l’école qui après avoir passé un coup de téléphone, leur annonce qu’elles ne pourront malheureusement pas travailler avec « Casa Esperanza » et qu’il faudra encore attendre. Déçues, les filles se reposent à l’école afin de digérer la nouvelle et de prévoir des activités.
Précision : la dernière activité WhatsApp de Lisanne étant à 9h09 ce jour-là (cf. article Partie 2 : cet horaire, je le tiens du rapport de police hollandais destiné à la police panaméenne que j’ai pu obtenir en revenant du Panama). Cela démontre bien que les filles étaient présentes dans les locaux de l’école autour de cet horaire. L’accès au wifi ne semblant pas être présent dans leur famille d’accueil, c’est donc un bon indicateur de leur localisation. De plus, cela correspond au moment où Feliciano prétendait avoir rencontré les filles (cf. article Partie 2 : propos de Feliciano dans un journal hollandais sur sa rencontre avec les filles le matin du 1er avril). Une version qu’il nie maintenant, mais je pense sincèrement qu’il s’agit simplement d’une façon maladroite de faire cesser le harcèlement qu’il subit. Pour moi, avec le recul, il a bien rencontré les filles ce jour-là et a prévu directement une excursion avec elles.
Lisanne dans son hamac et Kris regardant les cartes touristiques, un vieil homme à la recherche de potentiels clients fait irruption dans les locaux de l’école. Il s’agit d’un guide répondant au nom de Feliciano. Elles discutent avec lui de randonnées et sont séduites par l’idée d’une excursion le lendemain matin. Le marché est conclu, elles commencent enfin à trouver des activités pour les jours suivants mais que faire de cette journée ? Hors de question de gâcher 24 heures de plus. Leur attention se tourne vers un sentier en particulier, celui d’El Pianista. La randonnée n’est pas longue, car seulement 2 heures de marche seront nécessaires avant d’atteindre le sommet qui a l’incroyable particularité de donner une petite vue sur les caraïbes et le pacifique. En plus de cela, un restaurant se trouve à l’entrée du sentier. Celui-ci leur donnera l’occasion de se reposer autour d’une assiette après leur effort. C’est décidé, Kris et Lisanne se rendront sur ce sentier. Mais avant cela, elles ont besoin de se préparer et de faire quelques courses. L’excursion ne devrait pas être longue, et elles n’auront besoin que d’avoir de quoi manger et se rafraîchir au cours de leur marche. Un seul sac à dos fera l’affaire. Les filles quittent l’école à pied et se dirige vers la route 41 et décident d’abord de s’arrêter faire leurs courses ou de prendre un petit-déjeuner au centre commercial de « Plaza San Francisco » qui se situe à seulement 100 mètres de leur point de départ.
Précision : j’imagine qu’elles se sont rendues au « Plaza San Francisco » en raison de la proximité du lieu mais aussi car ce centre commercial propose des sacs rouges. Les mêmes sacs que l’on retrouve déchirés sur une des photos de nuit. Avec les quelques supermarchés de la Palmira (lieu de résidence de la famille d’accueil qui se situe après l’école si vous venez de la route principale), c’est également peut-être le seul endroit qui en propose mais je n’ai pas pu le vérifier. J’ai fait le tour des supermarchés du coin, pas ceux de la Palmira mais de Boquete même, et la plupart offrent des sacs blancs ou marrons. Toutefois depuis 2014, certains supermarchés tel que le « Romero », ont changé leurs sacs.
De ce que j’ai pu trouver en parcourant les quelques blogs de voyage concernant la période de 2013-2014, je n’ai toujours pas trouvé la mention d’usage de sacs rouges pour ces autres supermarchés. Pour les restaurants permettant le prendre à emporter, je ne me suis pas amusé à en faire le tour mais des seuls que j’ai fréquentés, aucun n’en proposait. Enfin, ce jour-là, il est également possible qu’elles se soient arrêtées à un autre supermarché tout en ayant gardé avec elles des sacs rouges obtenus un autre jour, ou simplement, en les ayant empruntés à leur famille d’accueil. Il est également propable qu’elles disposaient déjà de quoi faire une courte randonnée à la suite d’achats antérieurs, et n’aient pas eu besoin de faire des courses ce jours-là. Je ne fais qu’une assomption.
Les courses faites, elles sont enfin parées pour réaliser leur marche. Kris et Lisanne quittent le « Plaza San Francisco » et empruntent l’arche piétonne se trouvant juste en face, afin de rejoindre la route en direction de Boquete. Elles n’ont ensuite plus qu’à attendre qu’un véhicule se présente pour les emmener sur El Pianista.
Précision : Kris et Lisanne ont soit pris un taxi, soit un bus. Si elles ont pris un taxi, celui-ci pouvait les amener directement à El Pianista ou seulement les déposer en ville dans le cas où elles avaient prévu de s’y arrêter. En ville, elles auraient pu reprendre un taxi ou au contraire, prendre un bus. Si elles ont pris un bus, elles ont forcément dû s’arrêter en ville avant de reprendre un autre bus ou faire appel à un taxi. Je pencherai plutôt pour le bus car s’il s’avérait qu’aucun autre conducteur que Leonardo n’ait déclaré avoir transporté les filles (je n’ai malheureusement pas d’informations là-dessus), la discrétion du bus expliquerait peut-être pourquoi le trajet des filles est passé inaperçu aux yeux du véritable conducteur. Enfin, j’imagine une possibilité un peu folle et peu probable, qui ne reste toutefois pas impossible.
Lors d’une étape de leur trajet, en ville par exemple, une personne aurait très bien pu les aborder dans la rue et discuter avec elles, avant de leur proposer de les amener lui-même sur El Pianista et peut-être même de les accompagner pendant leur randonnée (s’il y avait une tierce personne ce jour-là). Elles auraient pu accepter en ayant en tête l’idée réjouissante et innocente de réaliser leur voyage au plus près du local, sans se méfier suffisamment. Après tout pourquoi pas ? Les gens au Panama se montrent très souvent accueillants et inoffensifs, et leur expérience de Bocas a dû probablement leur donner cette image. Personnellement, j’ai déjà agi de cette manière en voyage et la toute première fois, sans vous l’expliquer ici, je l’avais très amèrement regretté. Attention, cette dernière possibilité n’est que de la spéculation à l’état pur et sans éléments concrets, elle ne doit pas être prise au sérieux.
Vers 11h, elles débutent l’ascension du sentier. La chance leur sourit puisque ce jour-là, le soleil est au rendez-vous. Une belle journée s’annonce et elle ne pourra sûrement pas être pire que les jours précédents. Les deux filles, et plus particulièrement Lisanne, ont besoin de s’échapper des soucis de leur projet de voyage et du sentiment d’être une étrangère au sein de leur famille d’accueil. Optimistes, elles cherchent le chemin menant au sommet mais ce n’est pas une mince affaire. Le chemin n’est pratiquement pas, voire pas du tout, balisé. Leur rencontre avec un local leur permettra finalement de trouver le sommet sans trop de peine.
Précision : selon moi, il est improbable qu’elles n’aient croisé personne sur le sentier. Le chemin est fréquenté par des locaux qui habitent principalement au début du sentier et un peu au niveau de la jungle, ainsi que par les touristes et autres locaux qui viennent s’y promener ou se baigner. Il y a aussi les indigènes vivant dans la jungle de l’autre côté de la montagne, qui empruntent El Pianista afin de rejoindre Bouqueté et de repartir chez eux. Quand il fait beau, il est courant que des jeunes, ou même des adultes, viennent se baigner dans la rivière qui traverse la partie hors jungle de El Pianista. De mon côté, lors de mes deux randonnées, j’ai à chaque fois croisé le chemin de quelques personnes alors que je me trouvais en basse saison et qu’il ne faisait pas très beau. Le 1er avril était une très belle journée en pleine haute saison, il est donc très probable qu’elles aient croisé au moins une personne pouvant les orienter ou les suivre.
Vers 13h, Kris et Lisanne atteignent enfin le sommet. Leurs efforts sont récompensés par une vue magnifique. L’occasion est parfaite pour immortaliser ce moment avec des photos, mais doivent-elles se contenter de cette vue ? Après tout, elles n’ont marché que deux heures et le soleil n’est pas prêt de se coucher. Ce serait dommage de revenir à Bouqueté alors qu’elles n’ont aucune idée de ce qu’elles pourraient faire du reste de la journée. Elles n’ont pas envie de gâcher du temps qu’elles ont déjà perdu avec le projet de bénévolat, et de ressasser un échec qui les démoralise toutes les deux. Avec cet état d’esprit, les filles prennent la décision de poursuivre leur randonnée en suivant l’unique chemin qui se présente à elles. Que pourront-elles bien trouver de l’autre côté de la montagne ? Cela pourrait se révéler intéressant. L’envie de ne pas retourner chez elles, l’absence d’idées d’activité et enfin la curiosité, l’emportent sur leur prise de décision.
Précision : de tous les randonneurs d’El Pianista avec qui j’ai pu discuter, aucun ne s’est aventuré à plus de 10 minutes du sommet. La raison principale que je relève est que le lieu paraît risqué et peu accueillant. Personnellement si cela n’avait pas été pour l’affaire, je ne serais pas resté plus de dix minutes au-delà de la montagne. Toutefois, je n’appliquerai pas ce raisonnement pour deux filles qui randonnent sous un très beau soleil en dehors des saisons des pluies. Selon moi, bien que cela soit possible, il n’est pas nécessaire qu’une tierce personne intervienne afin de les inciter ou de leur donner l’idée de poursuivre le chemin au-delà du sommet. Certains penseront qu’emprunter ce chemin qui ne fait plus partie de El Pianista les aurait effrayées et poussées à rebrousser chemin, mais il faut d’abord prendre en compte le fait qu’elles étaient deux. En binôme, on a tendance à se rassurer par la présence de l’autre et à s’encourager mutuellement. On est plus confiant qu’à l’habitude et on se pousse naturellement à rechercher la stimulation et l’excitation. Ce genre de configuration facilite souvent les prises de décisions inconscientes et risquées.
Kris et Lisanne empruntent le chemin et découvrent en à peine 5 minutes, un environnement bien différent de ce qu’elles ont pu voir durant leur ascension. La faille terrestre offre une scène assez magnifique et mérite décidément d’y jeter un coup d’œil. Les filles décident de continuer plus loin pour vérifier si le lieu n’offre pas d’autres merveilles cachées. Enfin, vers 14h, elles prennent leur dernière photo de la journée.
A partir de ce moment-là, nous sommes dans l’inconnu le plus total (ou presque…). Je vais ici vous exposer plusieurs thèses possibles. Il conviendra de faire correspondre ces dernières aux faits que sont les données téléphoniques et photographiques, ainsi qu’aux affaires et restes osseux trouvés.
Piste de l’égarement :
Kris et Lisanne décident de s’aventurer bien plus loin sans vraiment se préoccuper du temps qu’elles devront prendre pour revenir.
Précision : rallonger la randonnée, revient à doubler son temps de marche global sur la journée. Si on marche deux heures dans une direction, cela résultera en une randonnée de quatre heures. En randonnée, il faut par conséquent prendre en compte le temps de retour en fonction de nos capacités physiques, de notre motivation et du temps qu’il reste avant que la nuit tombe. Si les filles étaient revenues sur leurs pas vers 14h (photo 508), elles seraient sorties de El Pianista vers 17h. Si les filles avaient poursuivi leur chemin une heure de plus (retour à 15h), elles seraient revenues vers 19h et donc durant la nuit. En raison de la proximité géographique avec l’équateur, la nuit au Panama commence à tomber après 18h et devient noire vers 19h.
Elles ont l’idée d’explorer quelques recoins cachés hors du sentier. Puis en voyant qu’elles ont marché beaucoup trop longtemps et qu’elles risquent de revenir de nuit, elles essaient de couper à travers la végétation afin de raccourcir leur trajet de retour.
Précision : ce comportement est possible, et ici c’est justement l’occasion de vous raconter une anecdote que j’ai vécue au Kenya. Avec une autrichienne, j’étais parti passer une nuit dans un camp de la jungle Kakamega avant de faire une randonnée avec un guide le lendemain. A l’exception du vieil homme et de son épouse qui s’occupaient des huttes, il n’y avait personne dans le camp et on s’ennuyait. Il nous restait encore du temps avant qu’il fasse nuit et nous avons alors décidé de nous promener dans la jungle. Au retour, l’autrichienne à l’idée de couper à travers la végétation afin de rejoindre le camp plus rapidement. Bien qu’ayant eu de mauvaises expériences par le passé, j’accepte quand même par égo en me disant toutefois que la végétation nous arrêtera et nous forcera à retourner sur le sentier. Un mauvais raisonnement car la jungle est un peu comme du beurre, car on s’enfonce à l’intérieur sans se faire mal et se bloquer.
Je me disais aussi que si ça tournait mal, cela nous ferait des souvenirs sur lesquels on rigolerait plus tard. On avance dix minutes et l’autrichienne commence à avoir peur (j’avoue que je commençais moi aussi à m’inquiéter). Heureusement, j’avais mémorisé globalement toutes les directions que l’on avait prises. J’avais adopté ce comportement car j’avais déjà eu de mauvaises expériences par le passé. Si j’avais été complètement inexpérimenté, je n’aurais sûrement pas fait attention et pas pris toutes ces précautions. Dans la végétation, on a tendance à perdre notre sens de l’orientation et cela peut être fatal. Pour revenir à mon anecdote, on a retrouvé le sentier et on est rentré au camp. Le lendemain, au sommet de la jungle, on a vu que la direction que l’on avait prise dirigeait vers nul part. En vous racontant cela, j’essaie de vous montrer qu’il est possible que des randonneurs en binôme prennent la décision de couper à travers la végétation et puissent se perdre. Ce comportement se vérifie au Panama parmi les touristes étrangers. A Bouqueté sur le sentier des trois cascades, une situation similaire s’était produite en 2015. Un couple de japonais avait décidé de couper à travers la végétation en pensant prendre un raccourci. Cette décision inconsciente leur avait valu de se perdre pendant plusieurs jours avant d’être secouru. Enfin, pour revenir aux filles, une heure de trajet supplémentaire après 14h aurait été au minimum nécessaire pour les amener à un lieu où elles auraient pu décider de couper à travers la végétation et se perdre. Le temps de quitter le sentier étroit et d’être suffisamment avancé dans la zone non étroite pour qu’au retour, elles se disent qu’elles pourraient couper à travers la végétation et rejoindre plus rapidement le sentier étroit.
Lorsqu’elles prennent enfin la décision de retourner à Boquete, il est déjà trop tard. Elles débutent leur retour et marchent quelques minutes, voire une dizaine, avant de se rendre compte qu’elles ne retrouvent pas le sentier. Pendant une dizaine de minutes, voire bien plus, elles persévèrent afin de retrouver le sentier et éviter de devoir faire appel aux secours. Finalement, après tant d’efforts sans succès, elles appellent les secours à deux reprises en l’espace de dix minutes (16h39 et 16h51). Dans le stress, au lieu d’appeler le 911, elles composent le 112. Ce dernier est le numéro d’urgence européen, mais il aurait tout de même fonctionné si les appels avaient été réceptionnés.
Précision : lorsque les filles commençaient à réaliser leur situation, elles n’auraient pas de suite pris la décision d’appeler les secours. Ceux-ci sont toujours un dernier recours que l’on souhaite éviter de faire venir, soit par honte de déclencher des recherches ou soit par déni de la gravité de la situation. On cherche d’abord à régler le problème par soi-même. Je repense à une autre expérience personnelle que j’ai vécue dans les montagnes du parc Simien en Éthiopie. Je m’étais éloigné seul à quelques minutes de mon camp afin de prendre des photos, et avant que je m’en rende compte, la nuit était tombée. Je ne retrouvais plus mon chemin et pendant 40 minutes de stress, je persévérais sans succès. Heureusement que je m’étais rappelé qu’une route en terre longeait le camp, et que je devais tout simplement traverser la colline afin de trouver cette route et ensuite la suivre jusqu’au camp.
Dans le cas contraire, j’aurai été obligé de passer la nuit dehors à subir le froid et à risquer une rencontre avec un léopard. La suite a été courte, j’ai retrouvé mon camp en très peu de temps. Toutefois en étant accueilli par des cris et des scouts braquant sur moi leurs fusils, doigts sur la gâchette. Me croyant en train de dormir au camp, ils pensaient que la lueur de la lampe qui s’approchait était celle d’un bandit qui rodait autour. Finalement tout s’est bien terminé et j’ai pu retourner tranquillement à ma tente. C’est un peu hors sujet vous me direz, mais là où je veux en venir, c’est qu’il est possible de se perdre pas loin d’un lieu repère (sentier, camps) et que l’horaire d’un appel de secours ne correspond pas au moment de l’égarement mais plutôt un certain temps après. Je repense aussi à des situations que l’on m’avait racontées par le passé, où des personnes s’étaient perdues de jour à seulement quelques mètres d’un sentier. Comme quoi il n’y a pas vraiment besoin de partir loin d’un sentier pour se perdre.
Ne voyant pas leurs appels fonctionner, elles décident d’éteindre leurs appareils afin d’économiser leurs batteries au cas où cela prendrait beaucoup trop de temps d’atteindre une zone avec du réseau. Les filles, après plusieurs heures et plusieurs jours, n’ont pas parcouru d’énormes distances car la vitesse moyenne dans la jungle (hors sentier) est de seulement 1km/h. Une fois face à un fleuve, elles décident de le suivre dans l’idée d’être sur un chemin cohérent et de trouver un lieu habité. Jusqu’au 6 avril, les filles gèrent leur situation de manière calme et ne réalisent des appels que de façon occasionnelle afin d’économiser le plus possible leurs batteries. Elles ont toujours l’espoir de retrouver leur chemin et d’être secourues.
Malheureusement après avoir passé une semaine dans la jungle, elles commencent à réaliser qu’elles sont peut-être condamnées. La panique commence à prendre place. Elles multiplient les tentatives d’appels et de vérification de signal, et par moment se trompent de code. Dans la nuit du 8 avril, elles entendent le bruit d’un hélicoptère. Ne voulant pas manquer cette occasion qui pourrait être la dernière, Kris et Lisanne se précipitent vers un lieu dégagé afin de faire des signaux d’alertes. Elles utilisent le flash de leur appareil photo mais cela ne semble pas fonctionner. Elles confectionnent alors un objet réfléchissant afin faire refléter la lumière du flash et/ou de leur téléphone, et de voir si cela change quelque chose. Elles utilisent également des morceaux de sacs plastiques rouges accrochés à une branche afin de les agiter comme un drapeau, ou d’en faire un point de repère. Des efforts qu’elles produiront pendant quelques heures, mais qui se révéleront malheureusement infructueux. Plus tard, Kris laissera son jean le long du fleuve afin de l’utiliser comme un point de repère (si retrouvé plié).
Précision : je pense qu’elles ont dû entendre un hélicoptère au lieu d’une équipe de recherche au sol, car si elles avaient été capables d’entendre ces derniers, eux aussi l’auraient été. Si elles avaient entendu des individus malveillants au sol qui les auraient finalement agressés, l’usage des téléphones aurait changé les jours suivants et se serait même plutôt interrompu. Enfin, si le jean a bien été utilisé comme un point de repère, je trouve étrange qu’elles n’aient pas plutôt utilisé un soutien-gorge à la place car cela aurait été plus simple et agréable pour la suite.
Les jours qui suivent, elles continuent leur chemin et finissent par mourir non loin d’un fleuve. Peu de temps après, le sac est retrouvé et gardé par des indigènes avant d’être donné aux autorités deux mois plus tard. Les corps se décomposent et à la montée des eaux, certains ossements et habits tels que le jean de Kris (si retrouvé trempé), sont transportés par le fleuve.
Précision : étant donné que le sac a probablement été retrouvé très tôt, on peut tout aussi bien imaginer que les filles aient été retrouvées mourantes par des indigènes qui les auraient finalement abandonnées à leur sort et/ou abusées.
Éléments favorables :
– La nature imprévisible des comportements humains qui peuvent pousser à prendre des risques.
– Les photos qui montrent la mise en place de signaux d’alertes.
– Des appels destinés aux services de secours.
– Les os qui présentent un état de décomposition cohérent avec le milieu tropical.
Éléments défavorables :
– La décision absurde de continuer très loin alors qu’elles avaient déjà parcouru pas mal de chemin et devaient rentrer avant qu’il ne soit trop tard.
– Seulement deux appels le 1er avril en l’espace de dix minutes alors qu’il s’agit d’une situation extrêmement stressante.
– La différence d’usage des téléphones et de l’appareil photo entre les périodes du « 1er au 6 avril » et du « 7 au 11 avril ».
– L’état de conservation du sac.
– La disparition de la photo 509.
Piste criminelle :
Je précise que j’utiliserai le singulier pour désigner l’auteur de l’acte mais ayez à l’esprit que cela pourrait être formulé au pluriel.
-Piste de l’indigène vivant dans la jungle
Kris et Lisanne continuent quelques minutes leur descente, puis voyant l’heure et le chemin parcourues, elles décident de remonter vers le sommet avant qu’il ne soit trop tard.
Précision: je me répète mais je pense que cela vaut la peine de le redire, les filles avaient parcouru suffisamment de chemin pour qu’elles se disent que prolonger leur journée serait une mauvaise idée. Trois heures à l’aller, c’est trois heures au retour et par conséquent, six heures de marche au total pour un retour à 17h. Toute minute supplémentaire est un effort supplémentaire au retour et un risque de devoir revenir durant le coucher de soleil. Rien que trente minutes de marche en plus signifient que la randonnée se terminera lorsque la journée commencera à s’assombrir, et donc un total de sept heures. En revanche, j’aurais une nuance à apporter par rapport à cette notion de coucher de soleil. Kris et Lisanne, venant d’Europe, n’auraient pas eu conscience de la période à laquelle le soleil se couche au Panama puisque, inexpérimentées, elles pensaient qu’il n’y avait sûrement pas de différences avec le couché de soleil des Pays-Bas. Pour reprendre mon anecdote de l’Éthiopie, c’est justement cette méconnaissance qui m’avait rendu insouciant.
Possibilité 1 : durant leur remontée, les deux filles rencontrent un homme (ou plusieurs) qui décide de leur faire la conversation. Il leur parle d’un raccourci ou d’un coin intéressant à voir et que ce n’est pas très loin, et les invite à le suivre. L’homme, ne semblant pas menaçant et paraissant peut-être même sympathique, Kris et Lisanne le suivent après quelques insistances venant de sa part. Elles le suivent et le temps passe, et la situation devient de plus en plus inquiétante. L’homme les amène dans un coin isolé et tente de les rassurer en discutant avec elles sur le chemin. Il se fait de plus en plus tard, Kris et Lisanne voient le temps défiler.
Possibilité 2 : durant leur remontée, une des filles se blesse. Un homme (ou plusieurs) se présente et observe la détresse des filles. Il se montre rassurant et leur propose de se reposer un peu plus loin dans un coin tranquille, ou dans sa cabane (mensonge ou vérité) qui ne se situe pas très loin. Kris et Lisanne le suivent, rassurées de recevoir de l’aide et peut-être des soins. Le temps file, et la situation ne se révèle pas finalement des plus rassurantes. Elles continuent le chemin, ou au contraire arrivent et passent du temps dans la cabane de cet homme qui vit dans un lieu très isolé de la jungle.
Précision : puisque les téléphones n’ont pas retrouvé de signal, cela veut dire que les filles n’ont pas eu l’occasion d’atteindre à nouveau le sommet avant les premiers appels de secours. Dans ces deux possibilités que je vous ai énoncées, la situation initiale peut tout aussi bien partir d’une volonté honnête qui aurait dérapé sous une impulsion malsaine. Enfin, une photo a peut-être été prise durant ces moments-là qui a par la suite disparue pour une quelconque raison.
L’inquiétude monte mais l’homme refuse de les laisser partir, prétextant qu’elles disposent suffisamment de temps pour partir plus tard et revenir dans les temps à Boquete. Il les invite même à passer la nuit chez lui, afin de leur éviter de rentrer de nuit. Toutefois Kris et Lisanne ne sont pas dupent, et tentent d’appeler discrètement les secours. Après seulement deux tentatives, l’individu remarque cela, confisque leurs téléphones et les oblige à lui donner les codes de leurs téléphones. Il les éteint au cas où ils traverseraient une zone recevant du signal. Sous la menace d’une machette (ou de plusieurs personnes) dans un endroit aussi isolé, Kris et Lisanne coopèrent sans trop de résistance. Si cela n’est pas déjà fait, elles sont alors amenées dans un endroit où l’homme peut les retenir captives sans attirer l’attention.
Précision :
– Les indigènes vivant dans la jungle transportent tout le temps, à quelques exceptions, une machette avec eux.
– Pour les deux premières tentatives d’appels, je doute que le criminel ait eu l’esprit suffisamment tordu pour décider de créer un scénario d’accident dès le départ. Bien que nous ayons pu voir plus tôt dans l’article qu’il y a déjà eu des cas où le tueur contactait les secours pour avertir de la découverte d’un corps, le contexte de la jungle et d’une mise en scène d’appels au secours de la part des victimes est à ma connaissance du jamais vu. Par conséquent, cela me paraît peu probable. Néanmoins cela reste possible, quand bien même il est peu probable que l’idée soit venue à l’agresseur dès le jour de l’agression. Il est plus simple d’imaginer que l’auteur du crime ait préféré la discrétion la plus totale, mais qu’ayant vu les tentatives des filles, il aurait continué d’effectuer des appels afin de réduire les soupçons d’un potentiel acte criminel. Du moins, c’est la solution la plus simple si l’on suit la théorie de l’acte criminel.
– Par souci de discrétion, un kidnappeur confisque dès le départ le téléphone de ses victimes.
Possibilité 3 (si on considère que les premiers appels sont des faux) : lors de leur remontée, les deux filles tombent sur un homme agressif. Avant de les agresser physiquement, ce dernier les amène dans la végétation pour leur confisquer leurs appareils électroniques. Son acte étant commis, il décide de garder les filles avec lui pour profiter davantage de ses victimes. Il met en captivité Kris et Lisanne, et décide d’un plan. Après 16h30, il commence à réaliser de faux appels secours dans l’idée que plus tard il devra camoufler son crime. Par précaution dans le cas où les autorités réussiraient à récupérer les données téléphoniques, il aura besoin faire croire que les filles s’étaient perdues par la répétition sur plusieurs jours d’appels aux secours.
Les jours suivants, il reste près du lieu de captivité des filles afin de garder un œil sur elles. Lorsqu’un moment ne lui permet pas de surveiller les filles, il saisit à chaque fois l’occasion de s’éloigner afin de passer des appels de secours dans un endroit où il est certain de ne pas recevoir du signal.
Précision : dans une situation d’enlèvement, l’auteur du crime est obligé de garder régulièrement un œil sur ses victimes afin d’éviter qu’elles ne s’enfuient ou attirent l’attention, et cela même si les victimes sont enchaînées à moins d’avoir les infrastructures adéquates (je doute qu’une cabane en bois puisse retenir indéfiniment quelqu’un). Les occasions de s’éloigner pourraient être dûes à diverses raisons. Les moyens mis en place pourraient être suffisants pour les laisser seules plusieurs heures sans risque de fuite, et les filles pourraient être sous l’effet de drogues, dans un sommeil profond, ou encore, surveillées par un complice. Les possibilités sont multiples. S’il s’agit d’un acte commis par un groupe, je tendrais à dire que l’utilisation des téléphones fut le fait d’une seule personne dont on aurait chargé du rôle de s’en occuper.
La régularité des appels correspond à un seul et même planning, et semble diriger vers cette possibilité-là. A moins que toutes les personnes impliquées aient les mêmes disponibilités. S’il s’agit du fait d’un groupe avec une seule personne responsable des téléphones, l’horaire des appels pourrait correspondre à son tour de garde si la cabane est dans une zone sans signal. Enfin, j’en ai parlé plus tôt dans l’article, les horaires des appels pourraient être le résultat d’un « planning inversé ». Un planning qui s’adapterait aux horaires des gens qui l’entourent. Des horaires où il serait sûr de ne pas être vu, car cela correspondrait à des moments où la plupart des habitants ou de ses fréquentations seraient occupés.
L’enlèvement prenant une tournure à laquelle l’homme ne s’attendait pas, il commence alors à paniquer. La région est en effervescence et tout le monde tente d’apporter son aide pour retrouver les filles. Il doit alors faire un choix avant qu’il ne soit retrouvé. Il ne veut pas prendre le risque de les garder avec lui trop longtemps.
Précision : les communautés indigènes vivant dans la jungle, constituent un monde à part. L’État panaméen s’intéresse peu à ces zones-là, et délaisse en partie ses habitants quand des affaires criminelles les frappent. En voyant que les recherches étaient réalisées avec la ferme intention de retrouver les filles, un indigène aurait sûrement paniqué à l’idée de devoir faire face aux juridictions du pays. D’autant plus qu’il était prévisible que des pressions venant des Pays-Bas auraient aggravé sa situation. Enfin, il n’aurait pas pu garder éternellement les filles car tôt ou tard cela aurait attiré l’attention.
La question qu’il se pose est de savoir de quelle manière il va pouvoir se débarrasser des filles sans qu’on ne puisse conclure à un crime. Il ne peut pas les relâcher vivante car cela reviendrait à se dénoncer, mais il ne peut pas non plus les tuer de ses propres mains puisque cela transformerait ces recherches en une enquête criminelle. La réponse est tout simplement devant ses yeux, la jungle. S’il les relâche dans la jungle, celle-ci les tuera à sa place. Perdues, elles mourront et leurs restes, difficilement trouvables, auront suffisamment le temps de se décomposer afin d’effacer toutes traces d’agressions sexuelles s’il y en a eu. Lorsque les gens retrouveront les corps des filles, les autorités ne pourront conclure qu’à la piste de l’égarement car les éléments dont ils disposeront ne permettront que de conclure cela.
Précision : le plan parfait en soi, mais pas absent de risques. Les filles pourraient effectivement réussir à rejoindre la civilisation ou tomber sur les équipes de recherches. Un risque que je ne saurais personnellement pas évaluer, mais que j’imagine ne pas être très haut si on le fait correctement. Il suffirait d’obstruer leur vision durant leur marche, puis une fois amenées dans un lieu éloigné, les faire tourner sur elles-mêmes jusqu’à vomir. Une technique dont m’avais parlé Yann (voir annonce en fin d’article), un militaire spécialiste de la jungle, qui permet de faire perdre toute notion d’orientation à celui qui en est l’objet. Par exemple, si l’on quitte une rivière et que l’on applique cette technique sur une personne, celle-ci sera incapable d’indiquer dans quelle direction se trouve cette rivière. Une autre solution aurait été de les droguer pour s’assurer qu’elles n’aient aucune idée de l’endroit où elles se trouvent. En amont, pour réduire les risques qu’elles soient sauvées, il aurait pu ne pas les nourrir et les faire boire. De cette manière, affaiblies, leurs chances de survie auraient drastiquement chuté tout autant que le temps qu’elles mettraient à succomber.
Le 6 ou 7 avril, une fois sa décision prise, l’homme amène les filles dans un lieu isolé et les relâche. Il s’assure que celles-ci ne voient pas la direction qu’il a pris ou alors, prend volontairement une mauvaise direction pour les pousser à l’erreur. Affaiblies, Kris et Lisanne, ne sachant pas où elles se trouvent, errent ainsi complètement perdues dans la jungle. En détresse, elles multiplient les tentatives de vérifications de signal, d’appels et se trompent parfois de code sur le téléphone de Kris. Dans la nuit du 8 avril, elles entendent un hélicoptère et tentent de l’alerter avec le flash de leur appareil photo et d’un objet réfléchissant. Elles accrochent des morceaux de sac plastique rouge à une branche pour l’agiter comme un drapeau, ou bien alors pour en faire un point de repère. Les tentatives sont infructueuses, ce qui amènent Kris et Lisanne à désespérer. Plus tard, Kris laissera son jean le long d’un fleuve afin d’en faire un point de repère (si retrouvé plié). Les jours qui suivent, elles continuent leur chemin et finissent par mourir non loin d’un fleuve. Peu de temps après, le sac est retrouvé et gardé par des indigènes avant d’être donné aux autorités deux mois plus tard. Les corps laissés se décomposent et à la montée des eaux, certains ossements et habits tels que le jean de Kris (si retrouvé trempé), sont transportés par le fleuve.
[Voir les précisions de la piste de l’égarement]
Précision : la possibilité que les filles se soient échappées est une autre hypothèse qui vaut la peine d’être envisagée. Cela correspondrait toujours avec ce qui a été dit juste au-dessus, mais dans ce scénario, le criminel aurait pu pister les filles ou au contraire les laisser mourir dans la jungle. Le sac aurait été retrouvé par lui, ou par un autre indigène qui l’aurait d’abord gardé par cupidité avant de le déposer ou de le confier à quelqu’un d’autre.
Quelques mois plus tard, des ossements et des affaires sont retrouvés. Le sac est déposé soigneusement près de la rivière, puis découvert ou redécouvert par une indigène. Les autorités ne disposant que de très peu d’éléments ne prouvant pas à un acte criminel, concluent à la piste de l’égarement.
Précision : les autorités, voulant certainement éviter de faire de cette disparition un acte criminel, avaient suffisamment d’éléments pour conclure à un accident. Quand bien même si des éléments troublants étaient présents, cela n’était pas suffisant pour que l’acte criminel puisse être la seule et unique explication. Sachant que beaucoup de personnes adhèrent encore à l’explication de l’égarement, démontre bien que cette décision était la voie facile pour les autorités car en soi, elle ne fait pas tant controverse que cela.
Éléments favorables :
– La décision absurde de continuer très loin alors qu’elles avaient déjà parcouru pas mal de chemin et devaient rentrer avant qu’il ne soit trop tard.
– Seulement deux appels le 1er avril en l’espace de dix minutes alors qu’il s’agit d’une situation extrêmement stressante.
– La différence d’usage des téléphones et de l’appareil photo entre les périodes du « 1er au 6 avril» et du « 7 au11 avril ».
– La disparition de la photo 509.
– Les photos qui montrent la mise en place de signaux d’alertes.
– L’état de conservation du sac.
– Les os qui présentent un état de décomposition cohérent avec le milieu tropical.
Éléments défavorables :
– La nature imprévisible des comportements humains qui peuvent pousser à prendre des risques.
– La prise de risque que constitue le fait de relâcher ses victimes en pleine opération de recherche.
– Des appels destinés aux services de secours dès le premier jour.
– Piste de l’habitant de El Pianista
Kris et Lisanne continuent quelques minutes leur descente, puis voyant l’heure et le chemin parcourus, elles décident de remonter vers le sommet avant qu’il ne soit trop tard.
Possibilité 1 : idem que possibilité 1 piste de l’indigène vivant dans la jungle.
Possibilité 2 : idem que possibilité 2 piste de l’indigène vivant dans la jungle, à l’exception du fait que dans cette hypothèse l’excuse de la cabane ne peut être qu’un mensonge.
Par impulsion sexuelle, l’individu les agresse mais n’est pas capable de transformer cela en meurtre. Les filles passent des appels discrètement mais leurs téléphones leur sont rapidement retirés. Ainsi, il commence à paniquer et décide finalement de retenir les filles. A la nuit tombée ou à travers un chemin caché, il les amène discrètement sur sa propriété afin de les séquestrer.
Possibilité 3 (si on considère que les premiers appels sont des faux) : idem que possibilité 3 piste de l’indigène vivant dans la jungle.
Pour la suite : idem que hypothèses de la piste de l’indigène vivant dans la jungle, mis à part que la séquestration à lieu du côté de El Pianista et que l’individu n’a pas les mêmes particularités qu’un indigène vivant dans la jungle.
Possibilité 4 : durant leur remontée, les filles rencontrent un groupe de jeunes qui se baignait dans la rivière au-delà de la montagne. Au lieu de le faire dans la rivière sur El Pianista comme le font la plupart des gens, ils ont décidé de partir dans un coin peu fréquenté où ils pourraient s’amuser tranquillement. Kris et Lisanne sympathisent avec eux, avant de peut-être accepter de se baigner dans la rivière. Le temps passe, et le groupe s’amuse. Ensemble, ils prennent peut-être une photo qui disparaitra par la suite pour une quelconque raison. A priori, rien ne devrait tourner mal. Malheureusement, un malheur arrive. Un des jeunes, sous impulsion sexuelle, agresse une des filles. La situation commence alors à dégénérer, mais le groupe éberlué devant cette scène, ne sait pas quoi faire.
Kris et Lisanne appellent les secours, mais dans la panique, le groupe décide de prendre les téléphones des filles afin d’éviter de perdre contrôle de la situation. Totalement décontenancés, ils décident de ne pas laisser partir les filles. Ainsi, ils veulent protéger leur ami et ne pas risquer une arrestation policière qui les concernerait tous à ce point. Dans l’attente de pouvoir déplacer les filles de l’autre côté du sommet, Kris et Lisanne sont amenées dans un lieu isolé tandis qu’un des membres du groupe part demander de l’aide à la famille du garçon qui a provoqué toute cette situation. Enfin, la nuit tombée ou par un autre chemin, ils déplacent discrètement les filles pour les retenir captives sur une de leurs propriétés.
Précision : l’atteinte physique sur une des filles doit être suffisamment grave pour que quelqu’un panique, mais pas assez violente pour qu’aucune des filles ne perde conscience et puisse réaliser un appel. Enfin, je n’ai pas inclus cette possibilité 4 pour un habitant de la jungle car je ne vois pas un indigène aller jusqu’à ce flanc de la montagne pour se baigner alors qu’il dispose certainement d’autres endroits bien plus proches pour le faire.
Pour la suite : idem que hypothèses de la piste de l’indigène vivant dans la jungle, mis à part que la séquestration à lieu du côté de El Pianista et que les individus n’ont pas les mêmes particularité qu’un indigène vivant dans la jungle.
Éléments favorables :
– La décision absurde de continuer très loin alors qu’elles avaient déjà parcouru pas mal de chemin et devaient rentrer avant qu’il ne soit trop tard.
– Seulement deux appels le 1er avril en l’espace de dix minutes alors qu’il s’agit d’une situation extrêmement stressante.
– La différence d’usage des téléphones et de l’appareil photo entre les périodes du « 1er au 6 avril» et du « 7 au 11 avril ».
– La disparition de la photo 509.
– Les photos qui montrent la mise en place de signaux d’alertes.
– L’état de conservation du sac.
– Les os qui présentent un état de décomposition cohérent avec le milieu tropical.
Éléments défavorables :
– La nature imprévisible des comportements humains qui peuvent pousser à prendre des risques.
– La prise de risque que constitue le fait de relâcher ses victimes en pleine opération de recherche.
– Des appels destinés aux services de secours dès le premier jour.
– Piste de la personne de passage
Kris et Lisanne continuent quelques minutes leur descente, puis voyant l’heure et le chemin parcourus, celles-ci décident de remonter vers le sommet avant qu’il ne soit trop tard.
Possibilité 1 : idem que possibilité 1 piste de l’indigène vivant dans la jungle.
Possibilité 2 : idem que possibilité 2 piste de l’indigène vivant dans la jungle, à l’exception du fait que dans cette hypothèse l’excuse de la cabane ne peut être qu’un mensonge.
Possibilité 3 : idem que possibilité 4 piste de l’habitant de El Pianista.
Précision : le groupe pourrait tout aussi bien être mélangé de personnes vivant sur El Pianista et d’autre part.
Par impulsion sexuelle, l’individu les agresse mais n’est pas capable de transformer cela en meurtre. Les filles passent des appels discrètement mais leurs téléphones leur sont rapidement retirés. Ainsi, il commence à paniquer et décide finalement de retenir les filles. A la nuit tombée ou à travers un chemin caché, il amène discrètement les filles à l’endroit où il a garé son véhicule. Il transporte Kris et Lisanne dans un tout autre endroit, là où personne ne pensera les chercher.
Possibilité 4 (si on considère que les premiers appels sont des faux) : idem que possibilité 3 piste de l’indigène vivant dans la jungle.
Pour la suite : idem que hypothèses de la piste de l’indigène vivant dans la jungle, mis à part que la séquestration à lieu du côté de Boquete et que l’individu n’a pas les mêmes particularité qu’un indigène vivant dans la jungle.
Éléments favorables :
– La décision absurde de continuer très loin alors qu’elles avaient déjà parcouru pas mal de chemin et devaient rentrer avant qu’il ne soit trop tard.
– Seulement deux appels le 1er avril en l’espace de dix minutes alors qu’il s’agit d’une situation extrêmement stressante.
– La différence d’usage des téléphones et de l’appareil photo entre les périodes du « 1er au 6 avril » et du « 7 au 11 avril ».
– La disparition de la photo 509.
– Les photos qui montrent la mise en place de signaux d’alertes.
-L’état de conservation du sac.
– Les os qui présentent un état de décomposition cohérent avec le milieu tropical.
Éléments défavorables :
– La nature imprévisible des comportements humains qui peuvent pousser à prendre des risques.
– La prise de risque que constitue le fait de relâcher ses victimes en pleine opération de recherche.
– Des appels destinés aux services de secours dès le premier jour.
Quelle piste privilégier ?
L’explication la plus simple est souvent la meilleure. Si l’on ne pourra toutefois pas se mettre d’accord sur ce qui est le simple, ce principe nous permet en revanche d’éviter de nous attarder sur des hypothèses spectaculaires. Je pense notamment aux hypothèses des trafiquants d’organes qui auraient sa place pour un endroit comme Panama City, mais pas pour Boquete. Un phénomène qui existait il y a un temps à la capitale, lorsque de faux taxis récupéraient des voyageurs pour alimenter le trafic. Semblant avoir disparu aujourd’hui, on conseille toujours de vérifier les plaques d’immatriculations pour regarder s’il s’agit bien du Uber que l’on a commandé par exemple. A l’inverse, Boquete n’a jamais été touché par ce phénomène et il serait absurde qu’un réseau se soit implanté près de El Pianista, un sentier très fréquenté, pour baser son activité. La même chose peut être dite pour les trafiquants de drogue. Si cela avait été le cas, il y aurait eu de nombreux précédents et le phénomène aurait depuis attiré l’attention dans un coin aussi tranquille du Panama. Bien que la drogue soit présente à Boquete, elle ne l’est pas plus qu’à Bocas del Toro. Les zones de trafique se situeraient plutôt vers la Caldera ou au fin fond de la jungle mais pas sur El Pianista, bien loin de ces endroits-là.
La recherche de la simplicité nous invite davantage à regarder une théorie de l’individu opportuniste qui submergé par ces pulsions, n’a pas su se contrôler et s’est vite retrouvé submergé par la situation. Un individu qui n’aurait pas mis en place de moyens trop complexes pour retrouver le contrôle et qui aurait choisi la manière la plus simple afin d’être capable de réaliser son méfait sans être pris. Une méthode trop complexe aurait vite augmenté les risques de faire une erreur et de prouver une intervention humaine par la même occasion. Un scénario pas très absurde puisque El Pianista a déjà fait l’objet d’agressions par le passé (voir notamment le témoignage du 1er mars 2014 cf. article Partie 2) et prouve ainsi que des gens peu recommandables peuvent fréquenter le sentier par moment. En revanche, qu’en est-il de l’hypothèse de l’égarement ? Ne devrait-elle pas être considérée comme la plus simple ? L’accumulation d’éléments troublant ne nous permet pas réellement de le dire. S’il y a égarement, comment expliquer la différence d’usage des téléphones et de l’appareil photo entre deux périodes ? L’état du sac ? Pourquoi continuer aussi loin malgré toutes les contraintes que cela apportait ? Avec toutes ces questions, on est bien loin d’une explication simple. Qu’en pensez-vous ?
Vidéos de ma randonnée
https://www.youtube.com/channel/UC9ru2zH2Ep9f0L38HmLoqmw?view_as=subscriber
Podcasts où j’interviens
Distorsion
Merci encore à Distorsion pour m’avoir invité en janvier dernier.
Exitum : sur ce lien.
Merci à Exitum pour cette invitation qui m’a permis de m’exprimer avec davantage de recul sur cette affaire.
ANNONCE
L’objectif de ce premier voyage était peu ambitieux et consistait simplement à retracer le chemin de Kris et Lisanne de bout en bout afin de mieux comprendre leur mentalité et l’environnement dans lequel elles évoluaient. Un objectif qui a été dépassé grâce à l’obtention de certains documents officiels et d’un lien créé avec la ville de Boquete même. A mon échelle, je considérais cela comme suffisant mais j’ai peu à peu réalisé que je pouvais relever les limites de ce projet. La question que je me posais était de savoir s’il était possible de changer quelque chose à la situation actuelle. La recherches de témoignages et d’informations seule me paraissant inutiles, tant au fait qu’ils ne constitueront jamais des preuves mais surtout car cela pourrait nous faire éternellement tourner en rond. Un travail réalisé en privé par certaines personnes que je félicite, mais qui a ses limites. La raison principale est qu’un témoignage n’est pas une preuve et peut facilement ne pas représenter la réalité. Des rumeurs, ils en existent et notamment sur le groupe d’amis d’Henry (fils adoptif de Feliciano) mais celles-ci tiennent à mon avis difficilement la route. Ce qui compte du point de vue juridique est la démonstration rigoureuse et factuelle d’un crime, et d’un lien de ce dernier à un individu.
Il s’agirait par exemple de retrouver des affaires, des ossements ou un lieu démontrant une intervention humaine qui a provoqué la mort. En l’absence de ces éléments, il n’y a pas de crime d’un point de vue juridique. De mon côté que pourrais-je faire si je veux vraiment tenter d’apporter un changement ? J’y ai réfléchi et monter une expédition me paraît la chose la plus pertinente. Ainsi, courant 2021, je repartirai au Panama pour fouiller la jungle dans les limites de mes moyens financiers et de temps. Pour cela, je ferai appel au service d’un militaire français qui répond au nom de Yann. Spécialiste de la jungle et chef de commando au CRAJ (Commandos de Recherches et d’Action en Jungle), il est totalement qualifié pour ce type de recherches.
Sous sa supervision, nous retracerons les chemins qu’auraient pu prendre les filles et rechercherons des affaires, des ossements, ainsi que le lieu des photos de nuit. Cela sera notre objectif principal. Par précaution, je tâcherai également de vérifier certains lieux de Boquete afin de m’assurer que ceux-ci n’auraient pas pu servir à une mise en scène. Tout cela, je tâcherai d’en faire une série de vidéos dont une prendra la forme d’un documentaire. J’ai peu à peu réuni assez de matériels, quoique limités, pour envisager d’en réaliser un mais je reste novice en la matière. Je tenterai également de réaliser certaines interviews filmées avec, si je réussi à l’obtenir, le soutien de mon université qui pourrait augmenter mes chances de succès. Un article sera évidemment prévu pour résumer tout cela. Cette tentative sera ma dernière intervention sur l’affaire, avant de passer à d’autres cas. Enfin, je ne ferai pas appel aux dons car je vis ce projet comme une aventure personnelle mais aussi, car je considère d’abord devoir faire mes preuves en vous rapporter un produit vidéo et des résultats convenables. Je ferai face à des défis techniques par rapport auxquels je devrai m’adapter, avec notamment les capacités limitées des batteries de mon drone. Heureusement, j’ai assez de temps devant moi pour préparer tout cela.
Informations sur Yann : http://www.survie-jungle.com/formateurs.htm
En hommage à Kris et Lisanne dont la mémoire ne saurait être oubliée.