L’obligation scolaire dès 3 ans : une fausse bonne idée ?

Depuis la rentrée 2019, l’instruction est devenue obligatoire en France dès l’année des trois ans de l’enfant. Cette mesure, instaurée par la loi « Pour une école de la confiance », a été présentée comme un moyen de renforcer l’égalité des chances et de lutter contre les inégalités d’apprentissage.

Aller à l’école dès 3 ans est donc une obligation légale et l’absentéisme est une infraction.

Cependant, au-delà des intentions affichées, cette obligation pose plusieurs problèmes majeurs, tant sur le plan du respect du rythme des enfants que sur celui de la liberté des familles.

Et autant vous dire que moi, je suis contre cette loi. Surtout quand je vois CHAQUE matin comment je dois trainer ma fille pour y aller. Pire, elle n’avait même pas encore trois ans quand elle a fait sa rentrée en septembre dernier (coucou les bébés de fin d’année).

Un non-sens pédagogique et développemental

L’un des premiers arguments contre cette obligation réside dans le fait qu’elle ne tient pas compte du rythme propre à chaque enfant. L’école maternelle a longtemps été conçue comme un espace d’éveil et de socialisation progressif, avec une approche adaptée aux besoins individuels des tout-petits. Rendre son fréquentation obligatoire dès trois ans force une uniformisation qui peut être préjudiciable à certains enfants.

Tous les enfants ne sont pas prêts à se séparer de leur environnement familial à cet âge. Certains ont encore besoin d’un cadre plus sécurisant, tandis que d’autres peuvent présenter des besoins spécifiques qui seraient mieux pris en charge à la maison ou dans des structures plus flexibles. L’obligation scolaire dès trois ans ne laisse aucune place à cette diversité de développement.

Et peut-on parler des écoles, comme la mienne, où les dortoirs contiennent plus de cinquante lits ? Des matelas à même le sol et des lits superposés… Mais quel adulte français dormirait dans de telles conditions ? Jamais je n’aurais imposé cela à ma fille pour ses siestes !!!

Ou encore le fait que les enfants doivent se débrouiller seuls aux toilettes par exemple. En crèche on les aide à 3 ans mais pas à l’école. Tout comme rendre propre l’enfant pour l’école dès septembre. Même si l’école ne peut pas refuser un enfant en couche, elle ne se gênera pas de mettre la pression au parent. Ma fille était en culotte à plus de 2 ans. Une chance. Elle n’a eu que 3 ans, une fois la rentrée passée, comme je le disais plus haut.

Les enfants de fin d’année sont vraiment handicapés par cette loi, croyez-moi.

Une atteinte à la liberté éducative des familles

Jusqu’à présent, les parents avaient la possibilité de choisir si leur enfant intégrait l’école maternelle à trois ans ou s’ils préféraient attendre un an de plus. Cette flexibilité permettait d’adapter l’éducation aux besoins de l’enfant. En imposant l’instruction dès l’année des trois ans, l’État s’arroge un droit d’intervention précoce dans la vie des familles et limite leur liberté de choix.

De nombreux parents considèrent que l’apprentissage précoce peut être mieux assuré à domicile, avec une approche plus individualisée et respectueuse du rythme de l’enfant. D’autres préfèrent des modes de garde alternatifs, comme les écoles Montessori ou les jardins d’enfants. Or, la loi complique ces choix en imposant un cadre strict qui ne laisse que peu de place aux alternatives.

Une mesure qui vise surtout les écoles clandestines

L’une des justifications sous-jacentes à cette loi est la lutte contre les écoles religieuses clandestines, notamment certaines structures communautaires qui échappaient jusqu’alors à tout contrôle de l’État. En rendant l’instruction obligatoire plus tôt, les pouvoirs publics cherchent à encadrer plus strictement les parcours éducatifs et à s’assurer que tous les enfants suivent le programme scolaire officiel.

Cependant, si la lutte contre l’embrigadement religieux est une question importante, il est légitime de se demander si une obligation scolaire généralisée est la meilleure réponse. Cette mesure impose des contraintes à l’ensemble des familles alors que seules certaines structures clandestines sont concernées. Une approche plus ciblée, avec un renforcement des inspections et des sanctions contre les écoles illégales, aurait sans doute été plus pertinente.

Encore une fois en France : la majorité trinque à cause d’une minorité.

Un manque de moyens pour une mise en place efficace

Un autre problème majeur de cette obligation est le manque de moyens alloués à sa mise en application. En rendant l’école obligatoire dès trois ans, l’État a dû absorber un afflux supplémentaire d’élèves, sans pour autant renforcer suffisamment les infrastructures et le nombre d’enseignants.

Dans certaines régions, les classes de maternelle sont déjà surchargées, avec des effectifs qui ne permettent pas un suivi individualisé. Les Atsem (Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles), essentiels pour accompagner les jeunes enfants dans leur apprentissage, sont souvent en sous-effectif. En réalité, l’obligation d’école à trois ans ne garantit donc pas un enseignement de qualité pour tous.

Mais bonne nouvelle, les dérogations existent pour la petite section !

Bien que l’instruction soit obligatoire dès trois ans, un décret précise les modalités d’aménagement de l’obligation d’assiduité en petite section d’école maternelle. Ce décret permet une adaptation de la fréquentation scolaire pour les enfants qui en ont besoin. Ainsi, un enfant de trois ans n’est pas tenu d’assister à l’école à temps plein si cela ne correspond pas à ses besoins ou à son rythme. Les familles peuvent organiser des journées plus courtes ou un temps partiel sous certaines conditions, en accord avec l’école et les autorités éducatives.

L’obligation d’assiduité peut y être aménagée est-il précisé, «  à la demande des personnes responsables de l’enfant », et cet aménagement ne peut porter « que sur les heures de classe prévues l’après-midi ».

En petite section, l’enfant est donc obligé d’être là tous les matins, mais pas forcément un ou plusieurs après-midi, sur demande des parents.

Cette mesure vise à tenir compte du fait que tous les enfants ne sont pas immédiatement prêts pour une journée complète d’école maternelle. Elle permet d’assurer une transition plus en douceur entre la maison et l’école, en respectant davantage le bien-être et le développement des plus jeunes.

MAIS toutes les écoles n’en parlent pas forcément et ne le proposent pas. C’est à vous, parents, de prendre le taureau par les cornes ! Certaines de mes copines sont priées par les Directrices d’éviter de faire faire les après-midis aux enfants, d’autres évitent le sujet, comme la mienne.

N’hésitez pas, si ça bloque au niveau de la direction, à vous faire aider par votre pédiatre avec des certificats médicaux pour appuyer votre demande.

Finalement

Si l’objectif d’égalité des chances affiché par cette loi peut sembler louable, son application pose de nombreuses questions. En niant la diversité des rythmes de développement des enfants et en restreignant la liberté éducative des parents, l’obligation scolaire dès trois ans semble davantage répondre à des objectifs de contrôle social qu’à un véritable souci du bien-être des enfants.

Plutôt que d’imposer une scolarisation précoce, il serait plus pertinent d’améliorer la qualité de l’accueil en maternelle et de permettre un accompagnement adapté aux besoins de chaque enfant. De même, lutter contre les dérives de certaines écoles clandestines ne devrait pas se faire au détriment des familles qui souhaitent simplement faire des choix éducatifs différents. Une politique éducative efficace doit avant tout reposer sur la confiance et la souplesse, plutôt que sur la contrainte et la standardisation.

8 Commentaires

  1. Lestestsdestephanie
    4 mai 2025 / 23 h 54 min

    Franchement je pense qu’on devrait faire comme en Allemagne vers 7 ans

    • CamilleG
      Auteur
      5 mai 2025 / 9 h 03 min

      Et dans bien d’autres pays
      rien que pour respecter leur besoin de sommeil du midi déjà !!!!

  2. tygreat lydia
    5 mai 2025 / 10 h 00 min

    Dans l’école des enfants, il y a des petites sections qui ne vont que le matin et ça ne pose pas de soucis.

    • CamilleG
      Auteur
      5 mai 2025 / 10 h 09 min

      Bah oui ! Je ne comprends pas pourquoi mon école nous met la pression comme ça ! A Paris, à des copines, ils leur disent de les reprendre aussi le midi !

  3. 5 mai 2025 / 10 h 33 min

    après si on les scolarise pas, on les met ou ?
    les crèches les prennent plus après 3 ans et les nounous c’est la tyrannie avec les horaires de 9H/17H et surtout pas le mercredi….

    • CamilleG
      Auteur
      5 mai 2025 / 10 h 43 min

      Ah bah c’est sûr que la France ne fait pas grand chose pour le bien-être des enfants !!! Y’a des trucs privés type jardins d’enfants mais pas assez de place ! Déjà si un parent est à son compte c’est cool c’est plus flexible pour faire faire que les matins en maternelle (ça suffit largement).

  4. 6 mai 2025 / 15 h 44 min

    La pression est déjà présente dès les trois ans ! C’est un peu à l’image du reste de notre vie : il faut ! Il faut aller à l’école dès trois ans, il faut faire de longues études, il faut être comme ceci ou comme cela, il faut faire des enfants et en urgence dès que la trentaine est atteinte…
    Et dès que l’on sort de ce schéma, on passe pour un(e) extraterrestre aux yeux de la société !

    • CamilleG
      Auteur
      7 mai 2025 / 9 h 46 min

      On les met dans des cases ! Toute notre vie c’est ça : respecter les codes…..

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